L’assassinat de Jovenel Moïse : Les détails impliquant Ariel Henry s’éclaircissent, selon l’Éditorial de Haiti-Observateur

0
2415

Résumé du texte éditorialiste :

Le texte examine les dernières informations sur l’assassinat de Jovenel Moïse et souligne les liens de plus en plus étroits entre le Premier ministre Ariel Henry et les conspirateurs présumés. Il met en lumière les accélérations de l’enquête, les accusations contre Henry, et le rôle présumé de diverses personnalités haïtiennes dans le crime. L’article évoque également des questions sur la collaboration américaine et le maintien d’Ariel Henry au pouvoir malgré les appels à sa démission. En fin de compte, il appelle à une action immédiate pour résoudre cette crise politique.

New York, mercredi 6 septembre 2023–

Editorial de Haiti-Observateur

L’assassinat de Jovenel Moïse : Les précisions sur Ariel Henry se précisent

Les dernières informations sur l’investigation autour de l’assassinat du président de facto défunt, Jovenel Moïse, provenant de la Direction centrale de la Police judiciaire (DCPJ), rapprochent le Premier ministre de facto Ariel Henry de plus en plus proche des conspirateurs.

Sur la plus récente liste d’accusés soumise au juge chargé de l’instruction du dossier figure Joseph Félix Badio, déclaré cheville ouvrière du complot, accusé d’avoir eu des conversations avec le chef du gouvernement de fait, avant et après le magnicide du 7 juillet 2021. Désormais son nom est légalement associé à une catégorie de gens impliqués dans un dossier criminel au plus haut degré. S’il s’obstine à s’accrocher au pouvoir, il faut que soient invoquées des institutions nationales pour lui montrer la porte.

Tout au long des mois derniers, fusent de toutes parts des accusations faisant du Premier ministre de facto complice des comploteurs dans l’assassinat de M. Moïse, notamment, un journaliste citant un juge d’instruction ayant eu la charge du dossier; auparavant un journaliste colombien accusant le « Premier ministre », donc faisant alors diriger l’index sur Claude Joseph. Pourtant, sans le savoir, ce dernier mettait plutôt en cause Ariel Henry.

C’était, pour avoir eu accès à des éléments de preuve, qu’un précédent juge instructeur, Garry Orélien, qui enquêtait sur le dossier, avait fait savoir que ce dernier participait à la « planification » de ce crime odieux. Comme ce magistrat n’avait pas bouclé son travail, au point d’en soumettre un rapport définitif, il se croyait, de bon droit, de solliciter, du doyen du Tribunal de première instance de Port-au-Prince, Bernard Sainvil, une prorogation de délai. Mais ce magistrat, qui croupit dans la poche d’Ariel Henry, a adressé une correspondance au juge Orélien, lui signifiant une fin de non-recevoir. Par ce document, le juge Sainvil, qui a la réputation de tremper dans des dossiers de corruption, se met en posture de bouclier de celui-là.

À cet égard, on parle de la libération d’un présumé assassin, Stanley Handal. Ce dernier était en détention préventive, après avoir été accusé, dans le kidnapping, suivi de la disparition permanente, de Nathaël Aléus Génélus. Le juge Sainvil avait profité du congé des tribunaux, en décembre 2005, pour mener une séance en catimini, à la faveur de laquelle a été prononcée un verdict de levée de main, en faveur de M. Handel, qui fut libéré, alors que la famille de la victime pleure encore sa disparition.

Au Tribunal de première instance de Port-au-Prince (TPIP), où doivent passer tous les dossiers criminels sur Ariel Henry, il sert de chien de garde. À cet égard, il avait fait plusieurs interventions en faveur de ce dernier. On comprend bien alors pourquoi, après avoir été écarté de ce poste, pour non-certification, il y a été reconduit récemment, après s’être mis en règle avec le système judiciaire. Le juge Chavannes Étienne a été pratiquement « déchouké » du TPIP pour permettre à M. Sainvil de retourner au poste où il est appelé à faire carrière durant la prestation du Premier ministre de facto Ariel Henry.

Il semble que, se basant sur des pistes déjà explorées par ses prédécesseurs, surtout des conclusions préliminaires du précédent juge d’instruction Garry Orélien, l’actuel magistrat chargé du dossier a de bonnes raisons d’approfondir son enquête sur l’éclaircissement du rôle attribué à Ariel Henry. Aussi plusieurs des personnes pressenties pour être prises de corps sont-elles liées à ce dernier.

En effet, le Bureau des affaires criminelles (BAC) de la Direction centrale de la Police judiciaire (DCPJ), dans son rapport de 36 pages sur ce dossier, recommande au Parquet du TPIP de procéder à l’arrestation des personnes suivantes : le diplomate Ashkard Joseph Pierre, Windelle Coq Thélot ex-juge à la Cour de cassation, Francis Alexis Cinéus, Vitelhomme Innocent, présumé chef du gang « Kraze Baryè », Dr. Ernest Harrison, chef du parti « Kore Lavi » et Liné Balthazar, président du Parti haïtien tèt kale (PHTK), sous le drapeau duquel Jovenel Moïse a été élu. La DCPJ souhaite que toutes les dispositions soient mises en œuvre pour que s’effectuent ces arrestations.

Tous les individus figurés sur cette liste sont liés par des transactions financières et bancaires menées en relation avec l’assassinat. Ariel Henry est accusé par Vitelhomme Innocent d’avoir eu des rencontres avec lui sur la planification de ce crime dont Moïse a été victime. Bien que des transactions de décaissements de fonds destinés aux institutions étatiques auxquelles sont liées les personnes en question ici, le juge d’instruction n’a pu, jusqu’ici, trouver aucune raison de compromettre leurs responsabilités. Ce qui semble justifier la convocation d’autres acteurs également impliqués dans de telles transactions.

Le juge Walter Wesser Voltaire, on se souvient, avait, il y a deux semaines, ordonné la comparution, du Premier ministre de facto Ariel Henry, du ministre de la Planification et de la Coopération externe, Ricard Pierre, celui de l’Économie et des Finances, Michel Patrick Boisvert, du Directeur général de la DINEPA, Guyto Édouard, du directeur général du ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, Amos Zéphirin et de Jeantel Joseph, directeur général de l’Agence nationale des aires protégées (ANAP).

Le magistrat a, dans la même ordonnance, rappelé au commissaire du gouvernement de Port-au-Prince que cette demande repose sur les exigences de l’article 398 du Code d’instruction criminelle de Jean Vandal, aux fins de citer ces responsables d’État de comparaître « en qualité de témoins ». On retiendra que tous ces hauts fonctionnaires de l’État, y compris le chef du gouvernement, sont appelés à rendre compte sur des faits liés à : association de malfaiteurs, de vol à main armée, de terrorisme, d’assassinat, de tentative d’assassinat, sur la personne de la première famille, notamment le président de facto défunt Jovenel Moïse et sa veuve, Martine Étienne-Joseph-Moïse et d’autres.

Le nom d’Ariel Henry est également associé à d’autres participants haïtiens à ce crime. Il s’agit de Rodolphe Jaar, condamné par la Justice américaine à la prison à perpétuité, sous l’accusation de participation à l’assassinat de Moïse; de Joël Joseph John, sur lequel pèse la même accusation, mais attendant son procès dans une prison de Miami; ainsi que de Joseph Félix Badio, accusé d’être le cerveau du plan d’assassinat, « en cavale protégée », puis que mis sur la liste des personnes activement recherchées par les forces de l’ordre, depuis plus d’une année, il vit paisiblement en Haïti, se montrant périodiquement à qui il veut, y compris au Premier ministre de facto, sans être inquiété.

Il faut signaler aussi que sur la liste des personnes recherchées par la Justice américaine, à l’instar du Colombien Antonio Mario Palacios Palacios, Rodolphe Jaar et Joël Joseph John, qui ont été, tour à tour extradés du Panama, de la Jamaïque et de la République dominicaine devraient se trouver également Ariel Henry et Félix Badio. Car toutes les personnes appréhendées par les Américains étaient sur la liste de celles que recherchait la Justice étasunienne.

Il faut se demander pourquoi cette justice de deux poids et deux mesures, surtout dans le cadre d’un crime aussi grave ? Dans ce cas, on ne peut que conclure à la collusion américaine à l’obstacle que fait Ariel Henry à la Justice haïtienne. De toute évidence, celui-ci affiche cette attitude par souci de se perpétuer au pouvoir, via cette stratégie.

Alors la question : Pourquoi les Américains ont-ils intérêt à maintenir le Premier ministre de facto à la primature, alors que la sécurité ne cesse de se détériorer en Haïti ? Le CORE Group et ses alliés, s’agglutinant derrière Washington, défendant Ariel Henry bec et ongles, ne débordent pas dans cette logique pour le maintenir au pouvoir, ignorant souverainement les appels réitérés du peuple haïtien à sa démission.

S’affichant en donneurs de leçons en démocratie, cette entité et ceux qui s’y attachent sont définitivement à éviter. Le peuple haïtien ne doit pas les suivre sur ce terrain sur lequel ils veulent nous entraîner. Le mandat dont bénéficie le Premier ministre de facto vient de ces patrons étrangers. Les Haïtiens ont le cap inexorablement dirigé sur le départ d’Ariel Henry. Immédiatement ! Qu’ils se donnent les moyens d’y arriver !

à lire aussi: Révélations d’un colombien : Entre Claude Joseph et Ariel Henry, quel PM a trahi les assassins de Jovenel Moïse ?

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.