L’imbécillité : essentialisation et orgueil de la sottise par le sot qui croit savoir

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par Camille Loty Malebranche

L’imbécillité s’identifie par l’inaptitude de l’imbécile à identifier et à comprendre les nuances; l’imbécile est cet arriéré gnoséologique dont le jugement lacunaire ne connaît le monde qu’en bloc indifférencié, incapable qu’il est de saisir les nuances à travers le phénomène des êtres et des choses qu’il perçoit… L’imbécile est l’insensé méchant, le pharisien immonde évoqué dans l’Écriture, cette espèce de moins que rien crapuleux endurci dans ses ténèbres mentales et comportementales que fustigeait souvent le Christ dans ses invectives didactiques contre la canaille de toutes sortes, la vaste racaille hiératique, politique ou populacière qui infestent la planète. 


L’imbécile, de la plus pertinente acception, est ce manant ou cette poissarde qui fait des vilenies et blesse son semblable gratuitement par les errements de son bas niveau d’humanité sans jamais se reconnaître fautif au point de se gonfler de ses propres bêtises. L’enflure sur la bêtise par inaptitude à se juger, voilà un indice majeur de l’imbécillité, un signe révélateur de l’entendement primitif de l’imbécile. L’imbécile est un grossier mais pas un narcissique. Car le narcissique est, malgré ses motivations d’extrême égotisme et précisément pour cet égotisme qui veut se faire voir toujours ostensiblement grand et bon, un séducteur; alors que l’imbécile, par manque de toute estime de soi, de toute qualité dont il peut être fier, est immédiatement repoussant, ne faisant exhibition que de ses conneries… Le narcissisme est la surenchère, l’intumescence de l’estime de soi mal assumée par l’excès, qui se dévie en autolâtrie, je dis bien mal assumée, car l’on ne s’estime jamais assez quand l’estime est bien orientée. L’imbécile, quelle que soit sa fonction sociale, qu’il soit politicien, journaliste, industriel ou itinérant, ressasse les mêmes incohérences, reproduit les mêmes aberrations sans pouvoir les dépasser malgré les évidences contraires ne réclamant pourtant nul dépassement intellectuel pour être appréhendées. L’imbécile est un sinistre démiurge à la parole terriblement magique qui tire du néant toutes les idioties qu’il proclame et rumine comme ce spécialiste spectral surmédiatisé, cet énergumène pamphlétaire, ce proférateur d’ignareries, ce maniéré lumpen aristocrate qui attribue dans la presse des titres et mérites soi disant intellectuels à ses copains de simagrée, et croit les transformer, que dis-je, les sacrer rois de toutes les compétences imaginables parce que lui, l’imbécile, centre du savoir et nautonier des essences, les désigne selon la magie de son grand savoir à travers les critères de son cru de nigaud infatué jouant l’omniscient! C’est que l’imbécile, grossièrement hurleur en sa logorrhée bête, sa turpitude pseudo-intello – scolarisé ou non – est le désignateur suprême de la valeur du travail intellectuel d’autrui dont il ignore pourtant, en bon analphabète fonctionnel, la subtile portée cognitive et la profondeur heuristique des œuvres. Mais l’imbécile s’en moque, il est trop gonflé trop cloîtré dans les cloisons épaisses de sa sotte bêtise pour saisir de telles nuances qui, de toute façon, dépasse de trop loin sa raideur épaisse d’esprit grotesque. L’imbécile est arrogant dans le jugement de ce qui le dépasse!

L’imbécile a toujours raison car pour lui, il n’y a pas de discernement entre la sphère du sacré et le monde du profane, entre l’individuel et le social, le populaire et le démocratique, l’État et la nation, entre l’intime et le divulgable, entre homme d’élite et vulgaires privilégiés, entre penser et répéter, entre fierté authentique et mégalomanie, entre prestige et histrionisme, entre vie privée et droit public, entre identité et chauvinisme xénophobe, entre patriotisme et racisme… En fait, le seul sacré pour un imbécile, c’est ce que son moi balourd et aveugle a cru comprendre, ce pour quoi on l’a programmé. C’est aussi un monstre qui te fait n’importe quoi et se fâche si tu le lui fais comprendre même avec tact et douceur. Voilà pourquoi, un imbécile ne peut évoluer vers son humanité bafouée par ses cécités mentales; l’imbécile a une conscience déviée qui involue sans cesse vers de vieux repères qu’on lui a tracés car sa carence intellectuelle, sa déficience d’entendement le bloque psychologiquement faisant de lui un sous-produit des bêtises qui le programment.

S’il n’a pas de signe somatique distinctif, sa morphologie étant humaine, une fois que se déploient ses tares d’imbécillité, l’imbécile ne trompe plus personne par son arriération grivoise irrémédiablement coulée au béton de ses réflexes primaires, de son ignorance abyssale aggravée par un cruel manque de courage pour l’apprentissage et une quasi aboulie quant à l’introspection et la prise de conscience de lui-même. L’imbécile souffre d’une pathologique absence de toute volonté et de capacité d’autocritique… Ainsi, pour un imbécile systémique ou antisystémique, il s’agit de se soumettre, de s’adapter à son credo car son petit monde mental est le commencement et l’aboutissement de l’univers. Rebut fanatique du programme idéologique, l’imbécile est l’assimilé joyeux, le programmé obsédé de la supériorité de ce qu’il a ingurgité dans son émotive mémoire inintelligente, qu’il profère sans nuance sans interrogation et veut imposer par la violence… L’imbécile est ce surhomme, cette surfemme que les humains ne devraient fréquenter que sans jamais problématiser ses croyances car son essentialisme de profane en fait l’antithèse d’un être humain, c’est un hermès au panthéon des aberrations pérennes qui sévissent et se renouvellent à chaque génération d’ignares colportés par notre société vulgarophile. Envahissants, les imbéciles prolifèrent comme une race dominante dans notre société de malentendus et de crises endémiques de valeurs… Aussi, est-ce pourquoi l’imbécile est si sûr de lui, qu’il fait à qui veut l’entendre, leçon de bon sens dans les médias, les universités et les administrations! Reprenant des lieux communs maquillés de science quand il est certifié de scolarité ponctuée par des diplômes, il argue selon ses rétentions scolaires qu’il prend pour la vérité, pour seul bien possible universel. L’on comprend pourquoi l’imbécile crie, en appelle à l’autorité, feint de se moquer, insulte et s’indigne non de la mauvaise foi ou de l’incurie d’un interlocuteur bête mais par incapacité de défendre discursivement ses positions. L’imbécile hait l’intelligence qu’il agresse en conspuant idiotement et méchamment en dénigrant pour lui et ses pareils tout argument d’autrui ébranlant ses arguties et son simplisme.

 
« Il y a trop d’imbéciles sur cette terre » déplorait Fanon au début de ‘Peau noire et masques blancs’! En effet, les imbéciles constituent une espèce dénaturante de l’humanité à qui elle livre la plus violente, la plus avilissante, la plus marginalisante des compétitions par leur agressivité, leur nocuité dans une société que l’imbécillité transforme en pilori des individus et groupes restés conformes aux caractéristiques ontologiques et mentales de l’espèce humaine. La lignée sans cesse montante des imbéciles fait de la terre entière un biotope séquestré, envahi par des organismes toxiques repoussant les humains à la marge où ceux-ci sont constamment raréfiés malgré l’explosion démographique censée répandre l’humanité en nombre partout sur la planète… 

Ce n’est pas tolérance ni bienveillance que de parler logiquement avec un imbécile, le fréquenter avec respect, car lui prêter audience, lui donne le vertige! Non, converser avec un imbécile n’est pas un bien, et c’est même se flageller soi-même, c’est faire montre de mollesse permissive envers un poissard qui cherche à encanailler quiconque le côtoie! On peut et parfois, on doit ponctuellement parler à un imbécile pour l’expédier, le mettre à quia, mais en aucun cas on ne doit perdre son temps à parler avec lui, il n’en a point le niveau vu son déficit d’humanité. L’imbécile perçoit l’ouverture d’autrui comme une autorisation à l’irrespect; c’est pourquoi un imbécile n’ouvre son mufle que pour agresser par des inepties injurieuses, des amalgames accusateurs et des répétitions vulgaires et minables. L’imbécile croit répliquer quand il projette son misérabilisme, il fige autrui dans les cases malsaines de son mental de complexé d’infériorité qui ne sait que cracher des lieux communs et des quolibets populaciers qu’il érige en dénigrement de ce qui le dépasse. 

Humains qui me lisez, prenez garde, ne sous-estimez guère la virulence du phylum innombrable des imbéciles et leur exponentielle expansion; faites gaffe, Hommes, car si vous les laissez faire par complaisance ou passivité, je vous le dis, un jour prochain, ils pourraient vous effacer totalement et vous remplacer irréversiblement sur la face de la terre!


CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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