L’Edito du Rezo
Les causes identiques engendrent des répercussions similaires, avec uniquement une variation dans les noms des dirigeants au sein de Binuh.
Dr Ariel Henry, Président-Premier ministre et Roi d’Haiti, semble marcher sur les pas de son prédécesseur, Dr Claude Joseph, face à la situation tendue à Carrefour Feuille, un quartier confronté à une montée de violence aveugle de la part de gangs armés.
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En effet, lors de la prise de Martissant par les gangs en juin 2021, Claude Joseph avait également été critiqué pour son approche en apparence passive et inefficace pour rétablir la sécurité – ce qui n’a jamais été fait -. Ariel Henry, dans une démarche similaire, a réuni le Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) le 16 août pour « discuter » des attaques répétées perpétrées par des gangs armés « pro-pouvoir » à Carrefour Feuille.
Dans un contexte où la sécurité demeure un enjeu majeur en Haïti, le Premier ministre de facto semble emboîter le pas de son prédécesseur en ce qui concerne la gestion maladroite à la politique de l’autruche des gangs armés dressés vers le chaos « planifié » et l’occupation du territoire national. La réaction de M. Henry face aux attaques récurrentes perpétrées par des gangs armés à Carrefour Feuille reflète la perpétuation d’un schéma du premier « territoire perdu » sous le contrôle des gangs en juin 2021. Les réunions du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) se multiplient, mais la question persiste : où se trouve la solution réelle ?
L’exemple de Martissant en 2021 vient à l’esprit, où Claude Joseph, un one-man-show, dont l’administration était entachée de corruption, avait adopté une approche qui s’apparentait davantage à du discours qu’à une véritable action. Tout comme Joseph avait vanté le succès apparent de la police dans la pacification de la zone de Martissant en mode « wireless », sans affrontements sanglants ni pertes humaines, Ariel Henry fait écho à cette rhétorique face aux attaques à Carrefour Feuille. Les réunions du CSPN, qui se suivent et se ressemblent, les déclarations rassurantes et les appels à la collaboration de la population envers la police révèlent un parallèle frappant entre les deux situations où le bluff prime ou a primé et persiste.
Le constat est amer : malgré les promesses de renforcement des forces de police, les gangs armés persistent à semer le chaos et la terreur dans les quartiers défavorisés. Carrefour Feuille, désormais qualifié de « territoire perdu », est la preuve vivante que les gangs continuent de prospérer malgré les déclarations officielles. Les échanges de tirs entre les bandits et les forces de l’ordre rendent la vie impossible pour les citoyens, les obligeant à fuir leurs foyers et à vivre dans la peur constante.
Alors que le CSPN appelle la population à soutenir la police et à fournir des informations pour contrer les bandits, il est nécessaire de se poser la question de la réelle efficacité de cette approche, de ces en-dessous. Les mots et les réunions ne semblent pas suffire à mettre fin à la violence endémique orchestrée par les gangs armés. L’absence d’une stratégie concrète et durable pour restaurer la sécurité et l’ordre dans ces zones à risque alimente la frustration et le désespoir de la population en mal de joindre les deux bouts.
Enfin de compte, à la manière de Claude Joseph qui avait réuni le Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) à plusieurs reprises pour discuter de la situation d’insécurité à Martissant, Ariel Henry a suivi la même voie en convoquant le CSPN le 16 août, une première fois, pour traiter des attaques persistantes des gangs armés à Carrefour Feuille. Dans les deux cas, les chefs du gouvernement ont exprimé leur satisfaction quant aux actions entreprises ou à entreprendre par la Police Nationale pour rétablir la paix et l’ordre.
Cependant, il est difficile de ne pas remarquer une certaine répétition de schémas. Tout comme dans le passé, où les gangs avaient continué à maintenir leur emprise sur Martissant malgré les réunions du CSPN, la situation à Carrefour Feuille semble s’inscrire dans un modèle similaire.
En dépit des déclarations ‘officielles’ et des « efforts » apparents, la violence persiste, perturbant considérablement la vie quotidienne des habitants de Martissant et de Carrefour Feuilles qui sont forcés de quitter leurs maisons face aux incursions des gangs armés en mission « commandée ». Et Port-au-Prince continue de compter ses morts !