Prof Carly Dollin : «Jwèt manje tè» à la Jamaïque

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Dans un échec et mat infernal à la Jamaïque, des abolotchos et zenglendos politiques qui ont capturé le bien-être sociétal dans un « Titato » bancal interminable ont accepté sous l’auspice de la Caricom de placer des pions, bouger des morpions, mobiliser des rois et des dames des deals à toi et à moi, sur un échiquier d’outre-mer. Le « Jwèt manje tè » du bercail entre des gens censés être adultes a été animé à une terre exotique. Jamaïque se trouve dans l’œil du cyclone des critique acerbes.

Tandis que la grossesse politique ectopique en perdition se prolonge davantage en raison des querelles de chapelles induites par la « marelle » d’insalubrité politique, chaque partie fébrile tire sur les ficelles épaisses pour transférer la laine exclusivement de son côté. Entretemps, Haïti passe à côté de la plaque tournante d’un projet de consensus inclusif générateur d’un niveau de stabilité apte à déboucher sur le rééquilibre politique afin d’actionner les moteurs de la création de la richesse pour planifier une prospérité partagée.

En Super Mario invincible, le neurochirurgien impassible aux douleurs populaires se croit le plus malin des Malices pour damer le pion aux « Boukis » qui ont accepté l’invitation à cette compétition déloyale organisée par une fédération internationale partiale qui expose ses préférences pour des acteurs sadiques aux postes stratégiques. Les dés ont été pipés depuis la case de départ, en faveur d’un statuquo démoniaque dessiné dans un contexte de bingo à la sphère publique.

Grand gagnant du loto politique, Ariel Henry a affiché à Kingston une puissante omnipotence dans une condescendance sans précédent. Tout de go, ses notes liminaires étaient désaccordées à ce concert qui devait pourtant être ouvert à tout nouveau projet d’accord afin de décadenasser les fenêtres d’opportunités et de décongestionner et les voies de sortie.

L’humour dans la mauvaise humeur

Mes congénères, nés et élevés au pays en dehors, savaient se divertir follement aux jeux puérils « lago kache ». Ex nihilo, sinon à partir des pierres et de la boue, mes contemporains d’un certain temps ancien savaient ériger des gratte-ciels fictifs. Avec de multiples feuilles et des morceaux de bois éparpillés, ils pouvaient construire des puzzles quasiment insolubles. La terre pour riz et la boue pour « sòspwa », nous étions des experts de l’art culinaire de préparer des mets succulents destinés à nourrir tous les nouveaux nés imaginaires issus du jeu jouissif « Manman Papa ». Comme le Lido du temps nouveau, le Scrabble ou le Nintendo de l’ère technologique, les jeux du temps suranné favorisaient à stimuler le cerveau et à développer le sens de la créativité à des âges infantiles.

À ce stade rural de la carence des œuvres de développement de type capitaliste pur, nous étions hypnotisés dans l’hallucination de regarder la télévision, de monter dans une voiture pour une première fois, une seconde fois, une troisième fois, etc. Des copains se snobaient à travers des concurrences amicales pour énumérer le nombre de fois que chacun de nous avait pénétré dans une automobile. À l’époque, de telles passions infanto-juvéniles étalées en pleine lune et sous le signe des cieux étoilés privés des orages de l’insécurité, nous emmenaient au septième ciel. Cric Crac, « Vwasi se Vwala », on se racontait des contes féeriques.  La vie était belle. Il faisait midi à minuit.

Pour la génération antérieure au nouveau millénium, « Jwèt manje tè » a été une étape cruciale de la construction de la personnalité et du caractère des enfants, particulièrement ceux grandis dans des zones dépourvues des infrastructures « modernes ». De tels rendez-vous ludiques avaient permis entre autres de développer des habilités sociales et interactives pour se faire des amis, réfléchir, travailler en équipe, négocier, partager et se confier à des confidents dès les premiers âges.

« Jwèt manje tè » laisse des souvenirs savoureux dans le cœur et la pensée des gamins qui avaient l’opportunité de côtoyer des frères et des alliés dans une fidèle complicité, dans la précocité. Si ce n’était en raison d’une psychose infondée ou d’une prétention aristocratique des parents bornés, les enfants qui ne pouvaient délibérément se joindre aux ambiances informelles divertissantes montraient tout simplement des signes cliniques inquiétants. « Jwèt manje tè » s’érige comme un besoin préliminaire ayant sa place dans la pyramide de Maslow pour cerner la soif de l’intégration sociale.

« Plat Atè », un plagiat de Montana

Contrairement aux propos condescendants du neurochirurgien hérité de l’assassinat de Moïse pour se faire consacrer un roi sans couronne, les rencontres discursives du Montana ne s’animaient pas sous le signe d’un « Jwèt manje tè ». Ce projet chiadé accouché de mûres réflexions des acteurs de cet accord du 30 août 2021 paraphé par plusieurs partis civils et plusieurs formations politiques haïtiennes a été juste boycotté par une communauté internationale perfide. Le mobile des faux-amis d’Haïti étant d’implémenter leurs projets vicieux dans la facilité, sans objection aucune, ils adulent de préférence les acteurs aux dossiers louches.

D’ailleurs c’est dans un étonnant plagiat « copy & paste incomplet » que le Premier ministre « woulibè » s’était inspiré de l’œuvre de Montana pour mettre en place des structures politiques qui accorderaient un minimum de légitimité au cartel politique cruel auquel il appartient. Évidemment, à l’instar de tout travail piraté, des erreurs flagrantes d’implémentation sautent aux yeux. Suivez mon regard avec le Haut Conseil de la Trahison (HCT). Les termes de références de cette entité pilotée indignement par la veuve de Leslie Manigat sont calqués par ce gouvernement en panne d’inspiration.

D’une part, la plupart des territoires du pays sont déclarés perdus par des officiels démentiels qui squattent les sphères stratégiques des institutions régaliennes de la république. D’autre part, ces têtes de pioche sont incapables d’accomplir convenablement les tâches circonscrites dans les documents de plans stratégiques existants ou ceux qu’ils ont dépouillés de leurs adversaires productifs. À l’instar de Jovenel qui ne savait pas tirer profits des consultations gratuites offertes par ses protagonistes politiques, Ariel Henry fait preuve d’une nullité politique époustouflante. Ce neurochirurgien inculpé dans le magnicide du 7 juillet 2021 devait être sanctionné pour avoir usurpé des réflexions produites par des adversaires politiques qui se mettent en croix à son gouvernement arbitraire. 

Le snobisme aérospatial

La déportation des acteurs politiques Haïtiens vers la Jamaïque est indubitablement un véritable « Jwèt manje tè » entrepris par des gérontes politiques qui ont perdu le sens de la honte. Il se trouve que l’aéroplane détient pour les adultes le même sentiment d’extasie procuré par les quatre pneus pour un enfant du pays en dehors. On a l’impression que la plupart des contrebandiers politiques murmuraient qu’ils n’allaient pas rater cette belle occasion de monter pour une énième fois un appareil survolant l’Archipel.

Dans cette gracieuse excursion spatiale, on compterait une exception d’acteurs de bonne foi qui se leurraient de croire que la communauté internationale avait pris conscience pour contribuer à éditer une nouvelle page politique en Haïti. Ils se trompaient. Ils n’avaient pas pu transformer la narrative en faveur d’Haïti puisque leur poids plume demeure chétif dans cette balance biaisée par le poids lourd de cet Occident obèse privé d’objectivité. Malgré son impotence et sa nullité, Ariel continue de recevoir des supports inconditionnels des soi-disant partenaires d’Haïti. Les dieux de la géopolitique sont tombés sur la tête.

La déduction que tout le monde serait retourné bredouille de ce voyage de trois jours de recréation et de restauration bouffie est archifaux. Pour les caméléons politiques, le pari a été gagné sur toute la ligne dans la mesure où ceux-ci sont des champions à épouser la forme et la couleur de l’environnement qui les abrite. Ils savent attaquer, se protéger et parallèlement défendre leurs seuls intérêts mesquins à travers des gymnastiques sauvages qui peuvent se solder en des marchandages, des chantages et des braquages des ressources du trésor public. 

D’une part, ces opportunistes politiques étaient cloîtrés depuis des lustres entre les quatre murs ou dans des petites bulles officielles pour surtout s’écarter de la rage des petits monstres qu’ils ont conçus mais qui ont échappé à leur contrôle. Comme des scorpions qui se mordent les queues en des piqûres venimeuses, ces vermines politiques seraient également victimes du décor d’hypothèque sociopolitique qu’ils ont eux-mêmes dépeint. Ils seraient également dans le collimateur du réveil populaire « Bwa Kale » qui cible les assassins des villes et des bidonvilles.

Dans les conditions de température et de pression politique normales les prostitués politiques s’entêteraient à explorer les boîtes de nuit, se débaucher dans les zones littorales entre familles et alliés détraqués. Si la population est prise en otage par les kidnappeurs et criminels à sapattes, les racketteurs politiques qui sont les masterminds et les criminels à cravates qui ont généré l’insécurité musclée en paient les conséquences au prix fort. Leurs véhicules sont blindés, pas leurs corps. Par moment, voire assez souvent, ils sont exposés au risque du kidnapping et des assassinats. Le phénomène Bwa Kale confirme la psychose qui hante ces farouches profiteurs des ressources publiques du pays qui prétendent être au service des couches défavorisées. Ils sont nombreux à ne pouvoir se rendre aux toilettes sans une batterie de bodyguards dévolus à leur tenir compagnie dans leur crise de schizophrénie. 

L’euphorie des espiègles politiques

Dans la gratuité, la plage et les herbes caribéennes voisines ont été offertes sur un plateau en agent à la plupart de ces corrompus pour qu’ils se regorgent d’énergies productives dans la stérilité politique. D’autre part, certains y retourneront avec l’espoir de décrocher un poste ministériel pour eux-mêmes ou pour leurs seuls partis politiques. Sur plusieurs plans alors, les vilains politiques ne sont pas revenus bredouilles. Ils sont les principaux gagnants, et Haïti la perdante non consentante qui peine à bénéficier des mesures coercitives qui devaient découler des conventions internationales. Celles-ci indiqueraient que les sanctions et confiscations des corrompus ne sont pas suffisantes. Il faudrait la restitution des fonds dilapidés et aussi l’incarcération des créatures cupides qui ont fait obstruction à la construction d’écoles, hôpitaux et stades au profit de la collectivité.

Cette expérience jamaïcaine risible nous aura appris que l’espace géographique n’aurait guère le cachet mystérieux de transformer un faisceau d’acteurs politiques divergents pour les converger vers des mesures génératrices de stabilité et du développement. Le déplacement géographique spontané ne détiendrait pas la portée magique de convertir des sauvages en des sages, ni des ennemis acharnés soudainement en copains avérés.

De cette grappe d’acteurs disparates qui ont grimpé le petit engin spatial pour atterrir à Kingston, l’infime exception de citoyens concernés par un équilibre politique favorable à la collectivité y sortent déçus, lésés, frustrés. Cependant, la majorité de ces convives politiques y retournent à cœur joie. Ces derniers ont eu l’opportunité de jouir de belles vacances de trois jours au frais de la princesse. On ne saurait omettre qu’ils avaient profité de flamboyer en des plaidoyers pour que leurs chapelles politiques détiennent des parts plus importantes du maigre gâteau national.

Carly Dollin

carlydollin@gmail.com

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