L’Edito du Rezo | Un revirement troublant : la CARICOM face aux gouvernements intérimaires d’Haïti en 2004-2006 et en 2021-…

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Peut-on maintenant transgresser les lois d’un pays pour instaurer un régime autoritaire et improductif ?

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Cet article examine la position contradictoire de la CARICOM vis-à-vis de deux gouvernements intérimaires en Haïti en 2004 et 2021. Alors qu’en 2004, la CARICOM refusait de reconnaître le gouvernement intérimaire dirigé par Me. Boniface Alexandre pour des raisons de légitimité constitutionnelle, en 2023, elle accepte de reconnaître le gouvernement inconstitutionnel, illégitime et corrompu d’Ariel Henry [1]. L’Edito du Rezo soulève des questions sur les changements de position de la CARICOM et la légitimité de ses actions, ainsi que sur la possibilité de transgresser les lois nationales haïtiennes pour instaurer un régime autoritaire et accusé de connivence avec des gangs criminels [2].

En 2004, la CARICOM adoptait une position résolue en rejetant la reconnaissance du gouvernement intérimaire dirigé par le Premier ministre Gérard Latortue en Haïti. Cette décision était motivée par le manque de légitimité et l’inconstitutionnalité du gouvernement en question. Par conséquent, la participation d’Haïti au sein de la Communauté Caribéenne avait été temporairement suspendue jusqu’à ce que le pays soit réadmis après l’élection de René Préval et l’installation de son gouvernement, qui était officiellement reconnu comme étant conforme à la constitution.

Toutefois, en 2021, la CARICOM a pris une décision surprenante en acceptant de reconnaître le gouvernement d’Ariel Henry, qui est inconstitutionnel et illégitime. Ce revirement est d’autant plus étonnant que l’un des acteurs clés de cette situation était déjà présent et très actif au sein d’une structure inconstitutionnelle appelée « Le Conseil des sages » en 2004. La reconnaissance de ce gouvernement par un simple tweet du Core Group remet en question les principes antérieurs de la CARICOM et soulève des interrogations sur les motivations et la légitimité de cette organisation régionale.

La CARICOM et le gouvernement d’Ariel Henry

Le gouvernement dirigé par Ariel Henry se caractérise par son manque de légitimité et son non-respect de la constitution. De plus, il fait preuve d’indifférence à l’égard des problèmes auxquels la population est confrontée, notamment l’insécurité rampante qui semble être organisée délibérément. Par ailleurs, les revendications légitimes des élèves, des étudiants et des enseignants en grève depuis deux mois pour de meilleures conditions d’enseignement et d’apprentissage sont ignorées, sans oublier les nombreux territoires où il est interdit de vivre ou de se déplacer librement.

Malgré cela, le gouvernement prétend manquer de ressources pour y répondre, à moins d’une assistance internationale « robuste ». Il est également important de noter qu’Ariel Henry ne semble s’intéresser qu’à la tenue d’élections et d’un référendum illégal et interdit par la Constitution de 1987.

Pire encore, il existe des preuves de la collusion du gouvernement avec les gangs violents et corrompus qui sévissent en Haïti. Ces gangs commettent impunément des actes de violence, tuant, kidnappant et assassinant quotidiennement des parents, des élèves, des étudiants et d’autres membres de la population [3]. Cette complicité entre le gouvernement Tèt kale 3et les gangs jette un doute sérieux sur la légitimité de ce régime et soulève des préoccupations quant à la moralité de la CARICOM en le reconnaissant.

Violation des principes de bonne gouvernance de la CARICOM

La Charte de la Société Civile sur la bonne gouvernance adoptée en 1997 par la CARICOM souligne l’importance d’une gouvernance juste, ouverte et responsable. Cependant, en reconnaissant un gouvernement corrompu et illégitime, la CARICOM semble aller à l’encontre de ses propres principes.

Il est crucial de se demander si le gouvernement actuel en Haïti s’inscrit dans une logique de bonne gouvernance, telle que stipulée dans la charte de la CARICOM. Comment expliquer que la CARICOM reconnaisse un gouvernement en totale contradiction avec ces principes et collabore étroitement avec lui [4]? A quelle fin ?

[1] Rezo Nòdwès, Transparency Int’l | Rapport 2022-IPC: Avec 17/100 obtenus, Ariel Henry dirige le gouvernement le plus corrompu des Caraïbes et classé 171è sur 180 pays au monde, 31 janvier 2023,
[2] Rezo Nòdwès, El Heraldo de México | Haïti, un pays de fantasme et de paradis pour les gangs: « Ariel Henry est soupçonné d’avoir planifié l’assassinat de Moise » | Rezo Nòdwès, 14 janvier 2023.
[3] Rezo Nòdwès, Dr Ariel Henry, parti se balader au Bélize, laisse derrière les employés d’un hôpital en grève depuis plus d’une semaine | Rezo Nòdwès, 28 février 2022.
[4] Rezo Nòdwès, Ariel Henry, son panier plein des actes de Vitelhomme, est aux Bahamas, une visite annoncée par le Canada depuis le 11 février, 15 février 2023.

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