Raids des bandits sous le règne d’Ariel Henry : 734 personnes assassinées dans 6 massacres au niveau de l’Ouest et de l’Artibonite

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Ce déferlement de violences depuis juillet 2021 porte le RNDDH à affirmer que si le premier ministre de facto a hérité d’une situation sécuritaire préoccupante, il en a fait une situation explosive caractérisée par la fureur des gangs armés dont il a acquis la loyauté en leur assurant protection et impunité

Rapport : Situation sécuritaire d’Haïti, décrit par le RNDDH

Mardi 9 mai 2023 ((rezonodwes.com))–

Résumé 1.

Depuis juillet 2021, les raids, attaques armées et massacres se multiplient en Haïti. Cependant, entre avril 2022 et avril 2023, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) a dénombré 9 massacres d’envergure perpétrés dans les départements de l’Artibonite et de l’Ouest. Ils sont considérés comme tel en raison du nombre de victimes, de la durée des attaques armées subies par la population civile et/ou de la gravité des exactions commises.

2. Au cours de ces massacres, 734 personnes ont été assassinées soit une moyenne de 122 personnes par massacre et 105 femmes sont victimes de viols collectifs pour la plupart, soit une moyenne de 17 femmes et filles victimes de viols par massacre.

 • A La Plaine du Cul-de-sac du 24 avril au 6 mai 2022, au moins 191 personnes ont été assassinées et 19 femmes au moins violées. 17 d’entre elles ont par la suite été exécutées ;

 • A Cité Soleil, du 7 au 17 juillet 2022, au moins 300 personnes ont été assassinées, 53 femmes et filles ont été violées collectivement ;

• Au Village artistique de Noailles, du 12 au 17 octobre 2022, au moins 19 personnes ont été assassinées et au moins 30 maisons et/ou shops d’artisanat, ont été incendiées ;

• A Savane Pistache, du 10 au 30 novembre 2022, au moins 3 personnes ont été assassinées, 2 mineures ont été violées. 23 maisons ont été vandalisées, 61 autres ont été incendiées et 64 véhicules dont des motocyclettes, des voitures privées ainsi que des véhicules de transport en commun, ont été incendiés.

• A Source Matelas, dans la nuit du 28 au 29 novembre 2022, au moins 73 personnes ont été assassinées. 26 femmes et 3 filles ont été violées.

• A Bel-Air, du 28 février au 5 mars 2023, au moins 148 personnes ont été assassinées ou sont portées disparues. 3 autres sont blessées par balles et 2 femmes sont victimes de viols collectifs et répétés. Au moins 62 maisons ont été incendiées et 26 autres maisons ont été pillées ou/et vandalisées. 4 véhicules ont été volés et 3 autres ont été incendiés.

 3. Ce déferlement de violences depuis juillet 2021 porte le RNDDH à affirmer que si le premier ministre de facto a hérité d’une situation sécuritaire préoccupante, il en a fait une situation explosive caractérisée par la fureur des gangs armés dont il a acquis la loyauté en leur assurant protection et impunité.

4. Le RNDDH condamne ces massacres qui occasionnent chaque jour des pertes humaines et matérielles extrêmement lourdes, et au cours desquels, la force publique, les différents ministères des affaires sociales et à la condition féminine et aux droits des femmes, ne sont jamais intervenus en vue de porter assistance à la population.

5. Par ailleurs, depuis le 24 avril 2023 la population haïtienne révoltée par l’inertie des autorités étatiques face aux exactions perpétrées à son encontre, a déclenché une chasse aux bandits, à travers un mouvement dénommé Bwa Kale. A date, ce mouvement a déjà occasionné le lynchage de plus d’une centaine d’individus.

6. D’aucuns estiment que pendant quelques jours seulement, le mouvement Bwa Kale a obtenu plus de résultats dans la lutte contre le banditisme que toutes les opérations policières confondues. Le RNDDH pour sa part, s’insurge contre les autorités étatiques qui se cachent derrière ce mouvement pour porter la population haïtienne à éliminer pour elles, les liens qu’elles entretiennent avec les individus qu’elles ont armés et à empêcher par la même occasion, que la Justice ne remonte jusqu’à elles.

7. Fort de tout ce qui précède, le RNDDH recommande aux autorités concernées de mettre fin au règne de l’impunité en conduisant un processus de certification de tous les parquets près les tribunaux de première instance du pays et en écartant tous les parquetiers corrompus ; de mettre fin à la protection des bandits armés ; de mettre l’action publique en mouvement contre les bandits armés qui sèment la terreur dans le pays ; de juger et de condamner les bandits armés impliqués dans tous les massacres jusque-là enregistrés dans le pays, depuis 2018 ; d’adopter immédiatement des mesures en vue de mettre fin à la spirale de violence en cours dans le pays ; de fournir assistances financière et psychologique aux victimes des massacres et attaques armées.

INTRODUCTION

1. Depuis l’avènement au pouvoir du premier ministre de facto Ariel HENRY, la situation sécuritaire du pays se dégrade continuellement et les gangs armés se multiplient de manière exponentielle.

2. Des massacres, raids et attaques armées sont enregistrés un peu partout particulièrement dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite – les deux (2) plus grands départements géographiques du pays en termes de superficie et de densité de leur population – où même des zones jusque-là réputées résidentielles sont la proie d’événements sanglants.

3. Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), particulièrement préoccupé par la fréquence de ces attaques armées et de ces massacres aux conséquences désastreuses pour la population, se fait le devoir de partager avec l’opinion publique, les conclusions des différentes enquêtes menées par ses soins, autour des massacres perpétrés au Village artistique de Noailles, à Savane Pistache, à Source Matelas et à Bel-Air. II. SITUATION SECURITAIRE DU PAYS DEPUIS JUILLET 2021

 4. Dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, l’ex-président Jovenel MOÏSE est assassiné dans sa résidence. Le premier ministre Claude JOSEPH reste alors à son poste de premier ministre. Cependant, sans que personne ne s’y attende, dans un communiqué rendu public le 17 juillet 2021, le Core Group – composé des Ambassadeurs d’Allemagne, du Brésil, du Canada, d’Espagne, des Etats-Unis, de France, de l’Union Européenne, du représentant spécial de l’Organisation des Etats Américains et de la représentante spéciale du secrétaire général des Nations-Unies – invite Ariel HENRY alors premier ministre désigné par feu le président Jovenel MOÏSE, à former un gouvernement consensuel et inclusif, plébiscitant ainsi le choix du président décédé et fournissant à Ariel HENRY, l’approbation dont il avait besoin pour occuper le poste en question. Trois (3) jours plus tard, soit le 20 juillet 2021, le premier ministre de facto Ariel HENRY est intronisé, avec la bénédiction de la communauté internationale.

5. Le premier ministre de facto promet, lors de sa cérémonie d’installation, de porter les autorités judiciaires à faire la lumière sur les événements ayant conduit à l’assassinat du président Jovenel MOÏSE, de lutter contre l’insécurité généralisée qui gangrène le pays, d’organiser rapidement les élections pour un retour à l’ordre constitutionnel, de relancer l’économie défaillante et de lutter contre la propagation de la Covid-19.

6. Le 17 septembre 2021, le premier ministre Ariel HENRY publie dans le journal officiel Le Moniteur, un numéro spécial portant sur l’Accord politique pour une gouvernance apaisée et efficace de la période intérimaire. Il s’agit d’un document de vingt-neuf (29) articles divisés en neuf (9) sections, qui traitent entre autres de la gouvernance de la période intérimaire, de la mise en place d’une autorité de contrôle et de suivi, de la mission du gouvernement, de la sécurité sur le territoire national, de l’organisation des élections, etc.

7. Cet accord lui fournit, selon lui, la légitimité voulue pour diriger le pays avec un gouvernement monocéphale. Rapidement, une coalition de partis politiques et de personnalités politiques dirigée par ses soins est mise sur pied et prend les rênes du pays.

8. Le 21 septembre 2021, le premier ministre de facto Ariel HENRY renvoie les membres du Conseil Electoral Provisoire (CEP) qui avait été mis sur pied par Jovenel MOÏSE, tout en annonçant qu’il entamait des consultations en vue de former un nouvel organe électoral et de mettre en œuvre le plan initial de Jovenel MOÏSE, consistant à organiser un référendum en vue de doter le pays d’une nouvelle constitution et à organiser des élections générales.

9. A l’échéance du délai de l’accord du 21 septembre 2021, le 21 décembre 2022, un nouvel accord voit le jour. Il octroie encore plus de pouvoirs au premier ministre de facto.

10. Depuis le 9 janvier 2023, avec l’arrivée à terme du mandat des dix (10) derniers Sénateurs de la République, le premier ministre de facto Ariel HENRY dirige seul le pays.

11. Parallèlement, les gangs armés qui avaient tu leurs armes au lendemain de l’assassinat de Jovenel MOÏSE, reprennent du service. Ils attaquent sporadiquement des quartiers défavorisés, s’en prennent à la population en général, faisant augmenter de manière exponentielle, le nombre de victimes de morts violentes, de blessés par balles et de viols.

12. La situation d’insécurité sur le tronçon de route Martissant / Fontamara menant à quatre (4) départements géographiques du grand sud ainsi qu’à une partie du département de l’Ouest, s’est aggravée.

13. On se rappelle que le 1er juin 2021, une guerre a éclaté entre les gangs opérant dans cette zone. Elle a occasionné l’assassinat de plusieurs centaines de personnes et le déplacement de plusieurs milliers d’autres, qui ont dû abandonner leurs maisons ainsi que tous leurs biens, pour sauver leur peau. Malgré les promesses du premier ministre de facto, les raids, les détournements de véhicules ainsi que les tirs nourris sont alternativement enregistrés. De plus, les gangs tirent à vue d’œil sur les usagers de la route en question, ce qui finira par les décourager totalement et les porter à déserter ce tronçon. Le transport se fait alors au ralenti ou est totalement paralysé des fois.

14. Rapidement, au mois de juillet 2021, un système de péage est officiellement établi par le chef de gang Christ-Roi CHERY alias Krisla et les bandits armés qu’il dirige. A l’époque, ils avaient affirmé qu’il s’agissait d’une taxe pour assurer la protection de la population contre les gangs rivaux de Grand Ravine et de Village de Dieu.

15. En ce sens, ce sont les chauffeurs qui sont invités à verser « à la Mairie », des frais couramment dénommés « taxes ». Pour ce faire, ils augmentent exponentiellement le prix du transport en commun. De plus, à côté des taxes à payer à la « Mairie », les passagers ainsi que les passants sont souvent appelés à contribuer au maintien des tronçons de route fréquentés, en payant directement les bandits armés, qui, munis de pelles et de matériaux de construction, mettent la pression sur eux.

16. Ayant compris que Christ-Roi CHERY alias Krisla et ses acolytes percevaient de fortes sommes d’argent avec ce système de péage, d’autres bandits l’instaurent aussi. Aujourd’hui, le fait de payer les bandits pour se rendre à Carrefour, est établi comme une obligation, reprise par les autres bandits opérant dans la zone de Martissant / Fontamara.

17. Ainsi, après avoir versé à Fontamara 27 la « taxe » due à Christ-Roi CHERY alias Krisla, les chauffeurs de transport en commun doivent aussi payer, à Martissant 2, non loin du sous-commissariat ou tout près de l’Eglise Sainte Bernadette, une autre « taxe » qui sera divisée entre Renel DESTINA alias Ti Lapli et Johnson ANDRE alias Izo 5 secondes, respectivement chefs de Grand-Ravine et de Village de Dieu.

18. Ces taxes varient en fonction de la taille du véhicule de transport en commun. Par exemple, les bus qui assurent le trajet Cayes / Port-au-Prince sont tenus de verser jusqu’à quinze mille (15.000) gourdes à l’aller comme au retour, soit dix mille (10.000) gourdes au poste de Martissant et cinq mille (5.000) gourdes au poste de Fontamara. A contrario, compte tenu de la taille de son véhicule, un chauffeur assurant le trajet Carrefour / Port-au-Prince doit verser entre sept-cent-cinquante (750) gourdes et mille-cinq-cents (1500) gourdes à chaque voyage, tant à l’aller qu’au retour. Au poste de Martissant, il paie entre cinq-cents (500) et mille (1000) gourdes et à celui de Fontamara, entre deux-cent-cinquante (250) et cinq cents (500) gourdes.

19. Parallèlement, les tronçons de route comme Canaan et Titanyen, menant vers les départements géographiques du grand nord, objets d’attaques isolées sous la présidence de Jovenel MOÏSE, tombent totalement sous le contrôle des bandits armés qui, sous la gouvernance d’Ariel HENRY, étendent leur territoire.

20. Ce qui a débuté avec des raids, des saisies de camions de marchandises, des détournements de véhicules a évolué rapidement vers des violations massives des droits humains : assassinats, viols de femmes et de filles et atteintes graves à l’intégrité physique et psychique des personnes qui osent s’aventurer sur ces tronçons de route. Cette situation qui a occasionné de nombreuses victimes, finira aussi par décourager les usagers qui décideront de ralentir drastiquement en 2022, leurs déplacements vers ces départements.

21. Mis en confiance par un gouvernement qui, dès son intronisation leur propose de fortes sommes d’argent, des armes et des munitions, les gangs armés gagnent du terrain.

22. Les agents-tes de la Police Nationale d’Haïti (PNH) sont pris pour cibles par ces bandits et sont systématiquement assassinés. Les embuscades de Métivier, Pétion-ville enregistrées le 20 janvier 2023 dans le département de l’Ouest, de Liancourt, le 25 janvier 2023 dans le département de l’Artibonite et de Thomassin, enregistrées l 9 avril 2023, et où respectivement cinq (5), six (6) et trois (3) policiers sont assassinés, défraient la chronique ce, d’autant plus que le haut commandement de la PNH est resté inerte face à ces embuscades et n’y a donné aucune réponse proportionnelle.

23. Si avant l’avènement au pouvoir du premier ministre de facto Ariel HENRY, les attaques armées, fusillades et massacres étaient circonscrits dans les quartiers défavorisés, depuis août 2021, des zones jusque-là considérées comme étant résidentielles et qui étaienttrès calmes – comme Kenscoff, Laboule 12, plusieurs localités de Pétion-ville, haut Delmas, Bon Repos, dans le département de l’Ouest – sont transformées en terrain de chasse ou champs de bataille. Ceci a aussi été constaté dans plusieurs quartiers du département de l’Artibonite dont Savien, Palmiste et Liancourt. Ces attaques se sont intensifiées en 2022. En voici quelques exemples :

• Le 18 août 2022, lors d’échanges de tirs entre les bandits et la Police Nationale d’Haïti (PNH) dans la zone de Savien et de Palmiste, localités dépendant de la commune de Petite Rivière de l’Artibonite, sept (7) personnes faisant partie de la population civile, ont été tuées ;

 • Le 15 octobre 2022, à Laboule 12, dans le département de l’Ouest, quatre (4) personnes sont assassinées et plusieurs autres sont blessées par balles par des bandits armés montés à bord d’un véhicule privé et qui ont ouvert le feu sur les victimes accusées d’être des espions. Leurs cadavres ainsi que les motocyclettes à bord desquelles ils se trouvaient, ont été carbonisés.

 • Le 6 décembre 2022, des bandits armés ont pris en otage le sous-commissariat de Pont Sondé, dans le département de l’Artibonite.

24. En réalité, tout au cours de l’année 2022, les bandits n’ont pas cessé de s’en prendre à la population haïtienne. En plus des attaques sporadiques susmentionnées et vraisemblablement isolées, cinq (5) massacres d’envergure ont été perpétrés au cours de cette seule année :

• Plaine du Cul-de-Sac, avril 2022

• Cité Soleil, juillet 2022

• Village artistique de Noailles, octobre 2022

• Savane Pistache, Carrefour-Feuilles, novembre 2022

 • Source Matelas, novembre 2022. 25. Les pertes humaines et matérielles occasionnées par les massacres de la plaine du Cul-de-Sac et de Cité Soleil sont énormes :

• A la Plaine du Cul-de-Sac1, du 24 avril au 6 mai 2022, au moins cent-quatre-vingt-onze (191) personnes ont été assassinées soit cent-sept (107) hommes, soixante-seize (76) femmes, six (6) filles et deux (2) garçons. Dix-neuf (19) femmes ont été violées collectivement. Dix-sept (17) d’entre elles ont par la suite été exécutées froidement. Plus d’une centaine de maisons ont été incendiées. De plus, parmi les personnes assassinées recensées, au moins quarante-huit (48) ont été présentées au RNDDH comme étant membres des gangs armés qui s’affrontaient.

• A Cité Soleil2, du 7 au 17 juillet 2022, trois cents (300) personnes au moins ont été assassinées. Cinquante-trois (53) femmes3 au moins sont victimes de viols collectifs et répétés. Deux-cent-dix (210) maisons ont été détruites par les engins lourds du Centre National des Equipements (CNE) et du ministère des Travaux Publics Transport et Communication (MTPTC) mis à la disposition des bandits armés du G-9 an Fanmi e Alye, par les autorités étatiques.

26. Et, alors que la situation sécuritaire empire dans le département de l’Ouest, les bandits gagnent aussi en puissance dans plusieurs autres départements géographiques du pays, dont le département de l’Artibonite. En effet, dans plusieurs localités, plusieurs gangs armés sont en intense activité :

 • Dans la localité de Savien, première section communale dépendant de la commune de Verrettes, la Base Gran Grif dirigée par Luckson ÉLAN alias Jeneral Luckson est en activité ;

• Dans la localité Jean Denis, un gang armé dirigé par Ti Mepri est en activité ;

• A la Croix Périsse, le gang armé dénommé Kokorat San Ras, dirigé par John Peter FLERONVIL, Jean Renald DOLCIN et Ferdens alias Jeneral Meyè, sème la terreur.

27. Ces gangs armés sont impliqués dans des actes d’enlèvement suivis de séquestration contre rançon, d’assassinats, de vols, de viols, de destructions de champs, etc. Depuis quelques mois, ils mènent aussi des raids contre la population civile, portant les riverains à abandonner leur maison avec tout ce qu’ils possèdent. Par exemple :

• Le 22 novembre 2022, la Base Gran Grif a attaqué des paysans vivant la zone Lanmò, à la recherche, selon leurs déclarations, d’un bandit dénommé Miguel. Ils en ont profité pour commettre de nombreuses exactions contre la population ;

• Dans la nuit du 8 au 9 février 2023, dans les quartiers Dodart et Desjardins dépendant de la commune de Verrettes département de l’Artibonite, huit (8) personnes ont été tuées par balles et environ une dizaine d’autres ont été blessées, lors d’une attaque perpétrée par le gang armé de Savien.

28. L’année 2023 débute comme celle qui l’ont précédée, avec son lot de violations massives des droits à la vie, à la sécurité et à l’intégrité physique et psychique de la population. De janvier à avril 2023, de nombreuses attaques armées et fusillades contre la population civile et des postes de police ont été enregistrées dans les localités et communes suivantes : Pernier, Marlique, Diègue, Meyotte, Cargo, Tunnel, Thomassin, Laboule, dans la commune de Pétion-ville ; Bérette, Calebasse, Fort-Jacques, dans la commune de Kenscoff ; Marché Salomon, Debussy, Bel-Air, Caradeux, Solino, Delmas, dans les communes de Port-au-Prince et de Delmas ; Source Matelas, dans la commune de Cabaret, Onaville, dans la commune de la Croix-des-Bouquets, ainsi que les communes de Cité Soleil, Liancourt, de Verrettes, de Petite Rivière de l’Artibonite et de Montrouis : les bandits armés prouvent si besoin en était, qu’ils opèrent où ils veulent et qu’ils prennent le contrôle de toutes zones qui les intéressent. Voici quelques exemples de ces raids menés par les bandits armés :

• Au cours des quatre (4) premiers mois de l’année 2023, vingt-deux (22) policiers sont assassinées, deux (2) sont portés disparus et deux (2) autres ont été enlevés et séquestrés contre rançon4 ;

• Dans la nuit du 29 janvier 2023, des bandits armés dirigés par Vitelhomme INNOCENT ont démoli le sous-commissariat de Pernier dans la commune de Pétion-ville ;

• Le 3 février 2023, lors d’une fusillade au Marché Salomon, cinq (5) personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées ;

 • Le 7 février 2023 à Liancourt dans le département de l’Artibonite, deux (2) personnes dont un écolier qui était en salle de classe, sont assassinées par balles. Plusieurs blessés par balles ont aussi été recensés ;

• Le 11 février 2023, lors d’une fusillade à Tabarre, zone Caradeux, six (6) personnes sont assassinées. Il s’agit pour la plupart de vendeurs et de chauffeurs de taxi-moto ou de camion ;

• Le 22 février 2023, lors d’une fusillade enregistrée à Delmas 31, l’ex-inspecteur de police Gérard JEAN MICHEL a été tué ;

• Le 1er mars 2023 dans la soirée, des individus armés ont mis le feu dans les locaux du commissariat de police de Fort-Jacques. Des véhicules qui se trouvaient sur la cour du commissariat ont été incendiés ; • Le 17 mars 2023, des individus armés ont attaqué des riverains de Marlique à Pétion-Ville. Au moins trois (3) personnes ont été tuées et une vingtaine de véhicules incendiés ;

• Dans la soirée du 18 mars 2023, des résidents-tes de Diègue, commune de Pétion-ville ont été attaqués par des individus armés qui y ont semé la terreur ;

• Dans la nuit du 19 au 20 mars 2023 des bandits armés ont attaqué les localités de Cargo et de Tunnel. Neuf (9) personnes au moins ont été assassinées. Quatre (4) parmi elles ont été carbonisées dans une camionnette de transport en commun ;

• Le 5 avril 2023 dans l’après-midi, des individus armés ont incendié le poste de police de Meyotte, dans la commune de Pétion-ville ; • Le 5 avril 2023, plus de vingt-cinq (25) maisons ont été incendiées dans plusieurs zones de Montrouis, ce qui a contraint plusieurs familles à fuir leurs maisons ; • Dans la nuit du 6 avril 2023, des individus lourdement armés ont attaqué Onaville, Ils ont assassiné des membres de la population, ont pillé leurs maisons avant d’y mettre le feu et ont porté de nombreuses familles à s’enfuir ; • Dans la soirée du 11 avril 2023, le commissariat de Petite-Rivière de l’Artibonite a été pillé puis incendié par des individus lourdement armés. Il avait été abandonné le 25 janvier 2023, suite à l’embuscade ayant occasionné l’assassinat de sept (7) agents de l’Unité Départementale pour le Maintien de l’Ordre (UDMO). Ces derniers étaient affectés au commissariat de Liancourt.

29. Ainsi, de la situation sécuritaire préoccupante qu’il a héritée de ses prédécesseurs, le premier ministre de facto Ariel HENRY – qui dirige seul le pays ainsi que le Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) – en a fait une situation explosive. Et, c’est dans cette atmosphère de violence et de terreur que sont appelés à vivre les citoyens-nes haïtiens, depuis le début de son règne.

III. METHODOLOGIE

30. Le présent rapport couvre quatre (4) parmi les neuf (9) massacres d’envergure perpétrés sous la gouvernance du premier ministre de facto Ariel HENRY. Ils ont été enregistrés dans le département géographique de l’Ouest. Il s’agit :

• Du Massacre au Village artistique de Noailles, commune de Croix-des-Bouquets ;

 • Du massacre perpétré à Savane Pistache, Carrefour-feuilles, 2ème circonscription, commune de Port-au-Prince ;

• Du massacre de Source Matelas, commune de Cabaret ;

• Du massacre de Bel-Air, première circonscription, commune de Port-au-Prince. 31. Pour l’élaboration de ce rapport, en plus des recherches de documents et de coupures de presse, le RNDDH s’est entretenue avec :

• Des autorités judiciaires de la Croix-des-Bouquets et de Cité Soleil ;

• Des autorités policières de la Croix-des-Bouquets et de Cité Soleil ;

• Des organisations ou des associations des zones comme l’Association des Artisans de Noailles et la Fondation AfricAmerica ;

 • Des victimes des différents massacres ;

• Des proches de victimes ;

• Des membres des populations des zones affectées. 32. Certaines victimes ont autorisé le RNDDH à utiliser la totalité des informations fournies. D’autres ne lui ont fourni qu’une autorisation partielle. Pour cette dernière catégorie, les initiales de leur nom complet, ont été portées dans ce d

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