ASEHA : Lettre ouverte au ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle

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Monsieur le ministre, 

La coordination de l’Action syndicale des enseignants d’Haïti (ASEHA) vous envoie cette lettre pour vous exposer brièvement ses principales revendications. Elle en profite également pour vous exiger l’adoption de mesures concrètes pour satisfaire ces revendications.

En Haïti, notamment durant ces cinq dernières années, le coût de la vie s’accroît à un rythme exponentiel. Les conditions de vie de la population s’aggravent. L’insécurité et la misère font rage. Le carburant, comme produit transversal, n’est plus vendu dans les pompes à essence.  Au même titre que la masse, tous les enseignants du pays sont fragilisés et ne savent que faire. 

Durant ces dernières années, pas mal d’enseignants ont été séquestrés, certains sont tués et d’autres délogés par les puissants groupes armés de la région métropolitaine et du département de l’Artibonite, en particulier. Couverts de honte, lassés de vivre dans des conditions difficiles, pas mal d’entre eux ont choisi de laisser le pays en quête d’une vie meilleure à l’étranger. Parallèlement, ceux qui choisissent d’y rester vivent constamment dans la peur et travaillent dans des conditions extrêmement difficiles. 

Au jour le jour, le salaire des enseignants devient de plus en plus insignifiant et ne peut même payer les frais de transport, voire répondre à leurs besoins de base et à ceux de leur famille. Les avantages sociaux, plus particulièrement le programme assurance santé de l’OFATMA, sont quasiment dysfonctionnels. Les enseignants ne jouissent d’aucun privilège spécial alors que l’État indique qu’ils ont un statut particulier. En quoi consiste ce statut particulier? Accepter de recevoir un salaire insignifiant le plus souvent avec de très longs retards? Traverser des quartiers pratiquement inaccessibles pour se rendre sur leur lieu de travail ? Travailler sans matériels adéquats pouvant faciliter le processus enseignement-apprentissage ? Accepter de travailler dans des classes avec une quantité d’apprenants n’ayant ni bancs ni chaises pour s’asseoir ?  Accepter de travailler dans des écoles n’offrant aucune possibilité aux apprenants pour approfondir les notions abordées en classe ?

Monsieur le ministre, 

Face à toutes ces situations qui sont inacceptables, ASEHA, en dépit de sa volonté de prioriser l’intérêt supérieur des apprenants, se joint aux syndicats protestataires et réclame :

1) Un relèvement salarial d’au moins 500 % en faveur de tous les agents éducatifs de la fonction publique ;

2) L’octroi d’une carte de débit à tous les enseignants de la fonction publique ;

3) La nomination de tous les enseignants qualifiés et le paiement des arriérés de salaire ;

4) Le paiement des frais de probation aux trois dernières promotions du CFEF de Port-au-Prince ;

5) La mise en place de dispositifs appropriés pour restaurer l’autorité de l’État, faire face aux groupes armés, rétablir la sécurité publique et faciliter la libre circulation dans le pays ;

6) L’adoption de mesures contraignantes pour rendre le carburant disponible dans toutes les pompes à essence du pays ;

7) La relance du projet de construction de logements sociaux envisagé par le gouvernement du Premier ministre Jean Henry Céant. Cela permettra, dans la conjoncture actuelle, de relocaliser notamment les enseignants délogés par les groupes armés.

8) La revitalisation du programme d’assurance santé en faveur des enseignants ;

9) Le développement d’un projet national pour doter chaque école publique d’une bibliothèque comportant des ouvrages adaptés aux contenus d’enseignement ;

10) Équiper chaque classe d’un nombre suffisant de bancs ou de chaises pour accueillir les apprenants ;

11) La reconstruction du ministère de l’Éducation nationale en vue de mettre fin au gaspillage de fonds alloués à la location d’une pluralité d’espaces pour loger ses différents services ;

12) L’adoption d’une grille salariale nationale permettant de rémunérer l’enseignant selon son grade académique, sa charge horaire et son nombre d’années d’expérience. 

Dans l’attente d’une réponse rapide et satisfaisante à ses principales revendications, la coordination de l’ASEHA vous présente, monsieur le ministre, l’expression de ses hautes considérations et vous envoie salutations patriotiques.  

Samuel Pierre
Coordonnateur

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