New York, mercredi 26 avril 2023 ((rezonodwes.com))–
M. ROBERTO ÁLVAREZ GIL, Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, a décrit une situation intenable qui touche non seulement Haïti, mais aussi son pays, se disant étonné qu’aussi catastrophique soit-elle, cette situation n’ait pas encore réussi à émouvoir ou à sensibiliser ceux qui doivent prendre les décisions finales en faveur des Haïtiens.
Il a notamment dit ne pas comprendre pourquoi il a fallu tant de temps à cet organe vital qu’est le Conseil pour faire le nécessaire et fournir l’aide demandée par Haïti, alors que d’autres pays en crise ont pu bénéficier d’initiatives pour lesquelles l’aide internationale n’a pas eu à emprunter un chemin « aussi sinueux ». Les pays sont aidés en fonction d’une géométrie variable, a-t-il tranché.
Le Ministre a critiqué l’insuffisance des réponses apportées pour aider le peuple haïtien à retrouver un minimum de normalité.
Dans ce long calvaire, la situation humanitaire s’aggrave à tel point que, selon le dernier rapport du Programme alimentaire mondial (PAM), durant la période allant de mars à juillet prochain, près de 18 millions de personnes risquent de se trouver dans une situation d’insécurité alimentaire, a-t-il rappelé.
Dès lors, s’est-il interrogé, comment rester témoin passif d’une situation humanitaire aussi scandaleuse, où les plus vulnérables, les enfants et les femmes, sont les plus touchés.
Il s’est demandé ce que devaient faire de plus les autorités haïtiennes en termes d’appel à l’aide pour faire face aux bandes criminelles, qui sont les principales responsables de ce désastre humanitaire aujourd’hui.
Le Ministre a fait valoir l’importance du travail du Comité des sanctions créé par la résolution 2653 (2022) concernant Haïti, qui a récemment commencé ses travaux. Ces efforts contribueront sans aucun doute à établir les responsabilités et, espérons-le, à imposer des sanctions efficaces, a-t-il ajouté.
Il a fait observer que son gouvernement avait imposé des interdictions d’entrée à un certain nombre de ressortissants haïtiens afin de sauvegarder sa sécurité et son intégrité territoriale, et soutenir ainsi les efforts du Conseil de sécurité. Il a aussi salué la récente résolution adoptée par le Conseil des droits de l’homme, approuvant la nomination d’un expert indépendant en matière de droits de l’homme pour Haïti.
D’autres mesures sont nécessaires pour mettre un terme définitif à l’insécurité, dont on sait où elle se trouve et comment elle opère, a poursuivi le Ministre, qui a réitéré son appel urgent aux membres du Conseil pour qu’ils prennent toutes les mesures appropriées pour empêcher les flux d’armes et de munitions vers Haïti.
Si la souveraineté d’un État implique l’obligation de protéger son propre peuple, le Ministre a rappelé qu’en cas de défaillance de celui-ci, cette responsabilité passait à la communauté internationale.
Dans le cas d’Haïti, les autorités haïtiennes ont demandé à plusieurs reprises une force spéciale pour soutenir la Police nationale en proie à des épisodes tragiques qui se répètent sans cesse, a-t-il rappelé.
Alors que la situation à Port-au-Prince est comparable à celle d’un conflit armé interne, toute inaction de la part du Conseil de sécurité équivaudrait à une abdication de sa responsabilité, a conclu le Ministre.

