En 2021, Haïti avait un RNB par habitant de 1 420 dollars, le plus bas de la région ALC, qui était en moyenne de 15 092 dollars. Selon l’indice de développement humain des Nations Unies, Haïti se classait au 163e rang sur 191 pays en 2021.
CADRE DE COOPÉRATION DES NATIONS UNIES POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE EN HAITI (2023-2027)
RÉSUME EXÉCUTIF
Dotée d’une richesse historique et culturelle, Haïti regorge d’importantes ressources naturelles et jouit d’une situation géographique stratégique devant fournir au pays une base solide pour un développement inclusif et durable.
Toutefois, Haïti fait encore partie des Pays les Moins Avancés (PMA), son développement économique et social continue d’être entravé entre autres, par une crise politique et institutionnelle persistante, une dépendance accrue par rapport aux importations de produits alimentaires, une forte vulnérabilité aux risques naturels et un niveau d’insécurité sans précédent provoqué par une extension territoriale des gangs armées avec un impact négatif considérable sur la jouissance des droits de l’homme.
Les fragilités multiples auxquelles Haïti est confrontée se nourrissent de plusieurs facteurs structurels qui entravent la sécurité des populations, la croissance économique et les capacités des institutions à assurer certaines fonctions régaliennes de l’État, y compris la protection de la population, la fourniture des services sociaux de base, etc. Haïti reste le pays le plus pauvre de la région de l’Amérique latine et des Caraïbes (ALC) et l’un des pays les plus pauvres du monde.
Depuis 2021, la République d’Haïti est confrontée à une nouvelle vague de turbulences socio- politiques et sécuritaires associée à des déficits de développement et des défis humanitaires qui ont atteint un pic sans précédent au cours du 3ème semestre de 2022. Cette situation de dégradation et de fragilité exacerbée est le résultat de crises passées non résolues devenues chroniques, qui trouvent leurs origines essentiellement dans des causes structurelles de développement qui se sont renforcés avec le temps tels que la corruption, l’impunité et une forte inégalité au niveau des opportunités et de la prospérité.
Haiti requiert des engagements renouvelés des parties prenantes nationales et de leurs partenaires internationaux pour limiter l’effet combiné de ces crises multiples et récurrentes. Les Nations Unies ont donc fait le choix de poursuivre, dans cette période critique, l’élaboration du nouveau Cadre de Coopération pour le développement durable (2023-2027) afin de soutenir le pays durant les cinq prochaines années à réaliser les actions prioritaires du Programme d’action de Doha pour les PMA et à matérialiser sa vision à moyen et à long terme de développement définie dans le Plan Stratégique de Développement d’Haïti (PSDH), qui repose sur quatre Grands Chantiers que sont la Refondation Territoriale, Économique, Sociale et Institutionnelle.
C’est dans cette optique, en tirant les leçons de la mise en œuvre du One UN Plan (ISF) (2017-2022), que l’ONU en Haïti a formulé son nouveau Cadre de Coopération pour le Développement durable (2023-2027). Ce Cadre de Coopération traduit un caractère intégré des différents mandats de l’Équipe Pays des Nations Unies (EPNU) et celui du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH). Il constitue la réponse collective de l’ONU en Haïti pour soutenir la mise en œuvre de l’Agenda 2030 pour le développement durable et l’atteinte de ses 17 Objectifs de Développement Durable (ODD).
Il est développé dans un contexte de fragilité institutionnelle et de crises multidimensionnelles et promeut un modèle de coopération pour la consolidation de la paix et le développement qui aidera le pays à exploiter ses propres richesses et le potentiel de ses habitants pour promouvoir la croissance économique inclusive, le respect effectif des droits de l’homme, le bien-être et la prospérité mieux distribuée, améliorer les capacités de résilience et de prévention des conflits et des catastrophes naturelles.
Le nouveau cadre de coopération est fondé sur une analyse intégrée des causes de la fragilité et des vulnérabilités du pays, d’une évaluation de la dynamique sous régionale ainsi que des opportunités de développement. Les circonstances singulières de l’histoire haïtienne ont créé les bases des divisions profondes qui caractérisent la société contemporaine. Devenus de véritables nœuds gordiens, ces problèmes se manifestent à travers une instabilité chronique, la propagation de la corruption et de l’impunité et le maintien d’un modèle économique profondément inégalitaire et non inclusif qui ébranlent la cohésion sociale.
L’analyse conduite par l’ONU a fait également ressortir quatre priorités stratégiques autour desquelles le cadre de coopération est articulé :
i) Gouvernance, sécurité et état de droit ;
ii) Transformation économique inclusive ;
iii) Services sociaux de base et appui au contrat social ;
iv) Gestion des risques multidimensionnels, environnement et développement territorial.
Ces priorités stratégiques sont alignées sur les quatre Chantiers du PSDH. Pour les réaliser, l’ONU avec ses partenaires ont défini cinq Effets qui contribueront au changement transformateur souhaité en Haïti et portent respectivement sur les domaines de :
i) Gouvernance et de l’État de droit ;
ii) Justice et Droits Humains ;
iii) Modèle économique inclusif ;
iv) Services sociaux de base ;
v) Environnement, gestion des risques multidimensionnels et gouvernance territoriale.
Fondé sur une vision intégrée du développement et sur l’approche basée sur les droits humains et Egalite de genre, ce Cadre de Coopération propose des mesures concrètes et adaptées au contexte pour réaliser les priorités stratégiques identifiées. Il privilégie une approche intégrée qui prend en compte la réponse aux besoins immédiats et à long terme des populations et groupes à risque dont les femmes et les jeunes, renforce les opportunités de consolidation de la paix et de développement, favorise le respect effectif des droits de l’homme, ne laissant personne de côté. Les interventions se focaliseront également sur le renforcement de l’engagement avec les communautés locales, la société civile, le secteur privé, les instituts académiques et les syndicats tout en assistant le pays dans les réformes institutionnelles et politiques publiques. Au cours des cinq prochaines années, les interventions de l’ONU en Haïti à travers les deux premiers Effets se focaliseront sur le renforcement des institutions nationales plus efficaces, démocratiques, inclusives et représentatives en vue de garantir la stabilité politique et la sécurité des personnes tout en prenant en compte les questions de corruption et d’impunité. Les efforts porteront également sur le renforcement du système
judiciaire afin de mieux promouvoir et protéger davantage les droits de l’homme sur la base des principes d’inclusion, de non-discrimination, d’universalité et d’égalité.
Afin de promouvoir la sécurité transfrontalière et la stabilité dans les deux pays, l’ONU explorera les opportunités pour renforcer la coopération entre les institutions gouvernementales Haïtienne et Dominicaine.
A travers le troisième Effet, l’ONU visera à soutenir la reprise économique du pays au moyen d’un nouveau modèle économique inclusif, équitable, vecteur d’investissements nouveaux, de croissance et de durabilité et permettant d’atteindre les objectifs en matière de transition écologique et numérique, ainsi que de résilience sociale et économique.
Le développement du secteur privé, la diversification économique et la création d’emplois décents avec une attention particulière sur les jeunes et les femmes seront également prioritaires.
La réalisation du quatrième Effet contribuera à l’amélioration de l’accès à des services sociaux de base de qualité, équitables et inclusifs en particulier pour les personnes les plus vulnérables.
Les interventions visant à améliorer le capital humain accorderont une place centrale aux approches communautaires afin de renforcer l’engagement des communautés et contribuer efficacement, en cas de choc ou de crise, au rétablissement du fonctionnement des services de base, à la reconstitution du capital social des populations affectées et à la restauration de la confiance au sein des communautés ainsi qu’entre ces dernières et les autorités centrales et décentralisées.
Enfin, le pays jouit d’un patrimoine naturel et culturel qui offre d’excellentes opportunités pour stimuler le développement économique durable et améliorer les moyens d’existence. A travers le cinquième Effet, le SNU appuiera techniquement le Gouvernement dans l’élaboration et la mise en œuvre de politiques publiques efficaces pour renforcer la résilience des populations et des systèmes basés sur la gestion des risques, la gouvernance territoriale et la gestion environnementale. L’ONU pourra notamment promouvoir une approche intégrée de la résilience à l’échelle de paysages où l’action des Nations Unies est effectivement coordonnée, et également soutenir la création d’un pôle d’innovations culturelles (culture, arts, artisanat d’arts, etc.) qui vise à encourager un secteur culturel dynamique favorisant une chaine de solidarité, de cohésion sociale et d’animation des villages traditionnels.
L’importance de l’Appui Conseil en matière de politique, de consolidation de la paix, de droits de l’homme et de développement est capitale dans la réalisation des différents résultats escomptés. L’EPNU ainsi que le BINUH mettront en commun les capacités et expertises techniques existantes pour accompagner le Gouvernement. Aussi, les efforts seront consentis pour renforcer la déconcentration géographique de nos interventions, les approches basées sur la participation et le partenariat avec les communautés locales afin d’être plus proches des populations y compris les plus vulnérables.
Pour atteindre les résultats attendus, les thématiques transversales suivantes seront également intégrées dans les activités de l’ONU en Haïti, notamment les droits de l’homme, l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes, la jeunesse et l’éducation et le Nexus humanitaire-développement-paix Afin de soutenir ces thématiques, les moyens de mise en œuvre suivants seront renforcés, notamment le financement du développement et une nouvelle approche de l’efficacité de l’aide au développement en Haïti ainsi que la coopération sud-sud et triangulaire. Le principe de « ne laisser personne de côté » sera renforcé dans la mise en œuvre des interventions et dans le rapportage afin de mettre fin à la discrimination et l’exclusion et de réduire les inégalités et les vulnérabilités.
Ce document est le résultat d’un processus participatif coordonné par le Ministère de la Planification et de la Coopération Externe (MPCE) et l’ONU en Haïti. Le caractère inclusif reflète également les partenariats recherchés (agences, gouvernement, Acteurs de développement, Partenaires Techniques & Financiers, Secteur Privé, Société Civile, Syndicats, Partis politiques, Instituts de recherche et académiques, Bénéficiaires etc.) pour garantir une mise en œuvre efficiente.
Le suivi stratégique du Cadre de Coopération sera organisé sous l’égide du Comité de Pilotage présidé par la Coordonnatrice Résidente des Nations Unies et le Ministre de la Planification et de la Coopération Externe. Le Cadre de Coopération sera mis en œuvre par des groupes de résultats articulés autour des cinq Effets du Cadre de Coopération. Ces groupes, appuyés par le groupe de Suivi et Évaluation, constituent un véritable instrument de mobilisation conjointe de ressources, de mise en cohérence, de coordination et de suivi de toutes les initiatives de l’ONU avec les parties prenantes. Sur la base des plans de travail conjoints, l’ONU présentera en chaque début d’année un rapport de résultats au Gouvernement d’Haïti et aux parties prenantes.
Le budget estimatif du cadre de coopération est de $ 1,149,381,582.00 USD dont 40% de ressources disponibles et 60% qui restent à mobiliser.
Total $ 1,149,381,582.00 $ 447,891,582.00 $ 701,490,000.00
Un Cadre de financement ainsi qu’une une stratégie conjointe de partenariat et de mobilisation des ressources seront élaborés pour coordonner les efforts de mobilisation conjointe des ressources auprès des Partenaires Techniques et Financiers (PTFs) afin de combler les gaps de financement.
A travers la mise en œuvre du nouveau Cadre de Coopération pour la période 2023-2027, l’ONU restera engagée auprès du Gouvernement, des institutions publiques, des acteurs non étatiques et des populations, notamment les plus à risques pour la construction d’un avenir plus digne, juste et pacifique pour les générations futures !
Haiti fait face aujourd’hui à la plus grande épreuve historique, celle de crises complexes récurrentes et multidimensionnelles. Tirant les leçons de ses différentes interventions passées en Haiti, l’ONU a fait le choix d’un sursaut dans son approche à accompagner le pays dans la voie du développement durable.