ECCREDHH présente un rapport sur la situation des droits de l’homme en Haïti pour le mois de Janvier 2023
I- INTRODUCTION
L’année 2022 a été particulièrement dramatique pour les haïtiens. Avec des massacres, des viols collectifs, des enlèvements. Autrement dit, c’était la violation systématique des droits du peuple haïtien. Car, beaucoup d’écoles sont encore fermées, il y a un manque de soins dans les hôpitaux, beaucoup d’entreprises font faillites, une grande partie de la population touchée par la famine, le désaccord total entre des groupes politiques et économiques, entre autres. En effet, début d’année 2023, situation sécuritaire générale du pays continue de se dégrader. En fait, la capitale de Port-au-Prince est siégée et ceinturé par des groupes armés du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest. Ces groupes contrôlent tout sur leurs passages peu importe votre statut social. Donc personne n’est épargné de ce fléau, mais les agents de la Police Nationale PNH deviennent une des cibles fondamentales ces derniers mois.
En effet, depuis le commencement de l’année 2023, les agents de la police nationale (PNH) sont devenus une cible à abattre par des bandits qui ne cessent de les assassiner, les mutiler ou les exécuter soit dans des embuscades, soit dans des opérations mal planifiées etc. Et tout cela se passe sous l’œil impuissant des autorités d’un ensemble autorité illégitime qui ne manifeste aucune volonté ou velléité pour faire face à cette crise de sécurité généralisée qui a trop durée dans le pays.
Nul n’est sans savoir ce qui se passe en Haïti, l’insécurité croissante qui a obligé les forces de défense et de sécurité à abandonner certaines zones. La nature a horreur du vide, les groupes armés ont profité pour occuper autant d’espace que possible. C’est en fait la conséquence logique de l’inaction au plus haut niveau de l’Etat, le laisser aller vers les violations massives des droits de l’homme. C’est carrément le déni de tous les droits qu’on peut avoir en tant que être humain. On s’enfonce dans l’abime, les autorités ne s’inquiètent et ne montrent aucun intérêt à ce que ça change. Car, le marché de l’insécurité fait l’affaire des hommes et des femmes du secteur politique et celui de l’économique.
II- CONTEXTE DE REALISATION
Ce rapport est rédigé dans un contexte de la fin des mandats des derniers représentants de la population, où les actions des gangs armés dans le pays pourraient qualifier de crime contre l’humanité. Car, ces derniers utilisent les viols des femmes et des filles comme armes de combat. Les violences sexuelles et sexistes sont l’une de leurs spécialités. En fait, il est impossible de dénombrer les conséquences de la mainmise des gangs sur le pays. Le niveau vie des haïtiens est détérioré, à un degré tel, il devient inqualifiable.
Les haïtiens sont des spectateurs de leur malheur. Mais également dans un contexte, où ou a un pays qui est dirigé par des hommes et des femmes dépourvues de toute bonne volonté à administrer les affaires de l’Etat comme c’est le cas dans les Etats de droit. Le pays est aux mains des dirigeants malhonnête qui prennent toute sorte de plaisir dans le malheur de la population.
Les autorités haïtiennes, après avoir dilapidé les ressources économiques du pays, elles sont entrain de liquider les ressources humaines, en ouvrant les bureaux de l’Etat mêmes les jours fériés pour les livraison et réceptions de dépôt de Passeport.
III- METHODOLOGIE
Pour réaliser ce rapport, on se base sur des témoignages, des sources crédibles et des enquêtes de proximités que nous avons réalisés dans certaines localités. On a dû faire face des limites via la dernière méthode puisqu’il y a des quartiers impénétrables. Mais on a dû utiliser les deux autres méthodes pour enfin assurer la collecte des données.
IV- SITUATION SECURITAIRE DU PAYS EN JANVIER 2023
Au cours du premier de l’année 2023, les droits à la vie, à la sécurité et à l’intégration physique de la population haïtienne ont été systématiquement violés, donc l’Etat est interpellé. La violence liée aux gangs a atteint son paroxysme. La capitale « est contrôlée à 90% par les gangs armés ». En effet, il ne s’est pas passé un jour sans qu’au moins deux à trois cas attentatoire aux vies et aux biens n’aient été enregistré. Le sénateur du Sud-Est, président de l’assemblée nationale, Joseph Lambert, a été brutalement attaqué, le 8 Janvier par des Bandits près du parlement. Les enlèvements suivis de séquestration contre rançon et les assassinats sont monnaies courantes. Les gangs armés sont renforcés. Un renforcement qui se manifeste par l’agrandissement de leur territoire. Ce qui laisse présager que l’année sera pire que les années précédentes.
4.1- POLICIERS CIBLES PRIVILÉGIÉS DES BANDITS
Un commencement de l’année 2023 marqué par une multiplication des cas décès de policiers. Du premier au 30 Janvier 2023, au moins « 18 policiers sont déjà victimes d ’actes att en tatoires à leur vie ». Parmi eux, (16) ont été tués, un autre a été blessé par balle et un est porté disparu. A cela s’ajoute plusieurs commissariats qui ont été attaquées par des bandits comme c’est le cas du commissariat de Pernier qui est totalement détruit, le commissariat de Liancourt qui est aux mains des gangs et celui de Gonaïves a été attaqué par des individus armés et heureusement aucun mort et blessé n’a été observé. Les récentes attaques ayant conduit à la mort des policiers sont reparties ainsi :
Le 10 Janvier 2023, à carrefour-Feuille, dans l’après-midi, deux policiers ont été tués. Il s’agit de Dempsey DENIS et Jean Daddy PREVILUS.
Le 17 Janvier 2023, au bicentenaire, une patrouille policière a été prise dans un guet-apens. Le policier Dudley Lafond a été tué. Son cadavre a été emporté par les bandits armés. Un autre policier, Jonathan JOLICOEUR, a été blessé par balles.
Le 20 Janvier, à Métiver, dans la commune de Pétion-Ville, Cinq policiers ont été pris dans une embuscade. Trois d’entre eux ont été tués. Il s’agit de Gérald OCTINAL, Duckens Cejuste et Luc Eliezer. Un autre policier est sorti blessé lors de cette attaque. Il s’agit de Pascal Guillaume. Par contre Wiclern Stanisclas est porté disparu.
Le 25 Janvier 2023, à Liancourt, dans le département de l’Artibonite, six policiers ont été tués par les bandits de la base « Gran Grif », opérant à Savien dans le département de l’Artibonite. Il s’agit de Kether LOUIS, Mackès BADIN, Donalson INNOCENT, Norabert AURELUS, James Junior FELIX et Camille PIERRE. Un autre du nom Osny MESADIEU, a été blessé par balle.
Le 26 Janvier 2023, un agent de police nationale PNH a été tué à Delmas 52, pendant qu’il revient du boulot.
Le 30 Janvier 2023, un agent de police de la PNH a été tué à Fessa une localité de la commune de Pétion-Ville en allant sur son poste de service.
Janvier 2023 Lieux Policiers tués Policiers blessés Policier disparu
10 Carrefour-Feuille 2
17 Bicentenaire 1 1
20 Métiver 4 1
25 Liancourt 7
26 Delmas 52 1
30 Fessa 1
Total – 16 1 1
ECCREDHH dénonce, le fait que les policiers soient la cible des bandits. Cependant, condamne la méthode utilisée par certains d’entre eux pour protester contre la mort de leurs frères d’armes. Il est inacceptable pour des policiers se laissent emporter par la colère tentant de prendre d’assaut la piste d’un Aéroport International pour attaquer un premier Ministre facto qui était revenu d’un voyage officiel, d’investir son domicile. Ils n’ont pas le droit de se rendre dans une prison pour libérer leurs frères d’armes d’armes incarcérés pour crime. La société ne doit pas tolérer de telles attitudes. La justice doit sévir contre quiconque citoyen qui décide de se faire justice quel que soit les circonstances et la justice doit sévir contre tout contrevenant à la loi.
V- RECRUDESCENCES DE L A VIOLENCE AU DEBUT DE L ’ANNEE 2023
Depuis le début de l’année, les kidnappings sont en Hausse, notamment à Canaan, Pernier, Liancourt. Par exemple, le 18 Janvier 2023, à Croix-des-Bouquets, au moins 30 personnes ont été kidnappées, par des bandits du groupe de « 400 Mawozo », dans un autobus de la compagnie Capital Coach Line, qui transportait des passagers en provenance de la république Dominicaine. De plus, le samedi dans la soirée, de Delmas, en passant par Bourdon à Laboule plus d’une douzaine(12) de personnes ont été enlevées, parmi lesquelles se trouvant Mike Mercier et sa femme. Malgré tout, les gangs continuent de jouir d’une totale impunité, du fait de la décomposition de l’Etat ou les principales institutions sont mises à l’écart, la justice, la police nationale sont frappées d’incapacité de faire face au défi de l’heure.
Par ailleurs, cela ne s’aurait autrement dans un pays qu’on retrouve environ « 240 groupes de gangs armés et sans compter plus 600 000 armes illégales en circulation ». A cela s’ajoute que la PNH souffre d’un sous-effectif, les agents manquent de formations et d’équipements adéquats, et sans compter de policiers agents doubles, c’est-à-dire, des policiers qui travaillent à la fois pour la police et pour les gangs armés. Donc, la police a besoin d’un bouffé d’oxygène pour reprendre la situation en main.
5.1.- Action des gangs de Canaan
A Canaan, le groupe de bandits surnommé les »Taliban » continue de multiplier des actions malveillantes. Depuis Canaan 2 jusqu’à Canaan 70, les gangs sont dédoublés. Mais la route nationale est accusée par des gangs jusqu’à Source-Matelas. Ces gangs sont déjà assassiné plus d’une trentaine(35) de p ers on n es ain si q u e d ’un e dizain e blessés, sans compter des disparu. Par exemple, le 24 Janvier, les bandits du groupe les Taliban, ont assassinés au moins 5 personnes à Canaan. En outre, ils utilisent la violence sexuelle, notamment comme arme stratégique pour terroriser les usagers de la route. Toutes les filles et femmes qui osent emprunter cette route ont été violées. Ces dernières sont traînées au bord de la chaussée et mises à nues devant tout le monde, et les bandits passent l’un après l’autre. Même une les filles de 12 ans n’ont pas été épargnées. Cet axe routier est devenu un enfer et pire Martissant. D’après certaines informations que dispose l’ECCREDHH, du premier au trente et un Janvier, on a relevé plus d’une soixantaine (60) d e f e mmes et filles qui ont été l’objet de viols collectif des gangs de Canaan. A cela s’ajoute des attaques armées ciblés qui ont conduit à la mort de plus 32 personnes, sans compter plus d’une dizaine blessées.
5.2- Action malveillantes des gangs de Liancourt / Savien
Tout comme a Canaan, dans cette localité, la situation n’est différente. Les gangs du groupe « baz Gran Grif » dirigé « Lukson » ainsi connu établissent leurs lois. Ils prennent en otage la population civile. Ils prennent les policiers leurs cibles privilégiés. Si bien que le 25 janvier 2023, six (6) policiers ont été assassinés lors de plusieurs attaques. Pour le moment, ils contrôlent le commissariat. Ils ont les cours de franche pour contrôler la route de Pont Sondé. Ils sont entrain de détourner des camions de marchandises, rançonnent des passagers et menacent les usagers de la route.
5.3- Actions violentes de la bande armée à Vitelhomme
Ce groupe ne chôme pas également. La puissance de feu des gangs de ce groupe est augmentée. Pour eux aussi, les policiers sont des cibles privilégiés. Si bien que, le 20 Janvier 2023, ils ont trois(3) tués policiers. Et quelques jours plutards, ils ont détruit totalement le sous-commissariat de Pernier quelques heures après le lancement d’une opération par le haut commandement de la PNH et prennent le contrôle de la zone. Ce groupe dirigé par Vitelhomme Innocent multiplie des attaques dans plusieurs zones, en particulier à Thomassin, à Laboule, Fermathe, Meyotte, Métiver, Pernier et Torcelle.
VI.- La justice
En effet, au niveau de la justice, l’heure est encore grave, rien n’a changé. Elle est toujours en difficulté par le flux des entrants de personnes placées en détention préventive prolongées et qui meurent dans des conditions inhumaines. Les bandits continuent à imposer leur loi. L’évasion des prisons continue. Si bien que, le 26 Janvier 2023 la prison civile des Gonaïves a été victime d’une attaque sanglante par des bandits armés, faisant état de14 morts et 11 évadés selon notre enquête et confirmé par une source policière. Les personnes sanctionnées sur le plan international pour leur implication dans des activités louches ne sont en grande partie pas poursuivies par la justice Haïtienne. La majorité des magistrats non-certifiés par le CSPJ fonctionne comme à la coutume. En dépit qu’ils sont impliqués dans des vols de terrains, ils n’ont pas d’intégrité morale, pratiquent d’abus d’autorité, s’adonnent l’ivrognerie, participent à faciliter l’élargissement de criminels notoires et souffrent d’insuffisances de qualifications académiques. Qui pis est, il y a un juge de paix qui n’a pas été certifié pour vol de bijoux sur un cadavre qu’il a été requis de constater. Et Certains autres ne sont pas en mesure de justifier leurs avoirs.
VII.- La santé
Le droit à la santé qui était déjà très fragile, continue de se détériorer, en raison d’ensemble d’événement qui a impacté directement le système des soins de santé. Par exemple, dans une note, le 26 Janvier 2023, l’Organisation Médecins Sans Frontières annonce la suspension de ses actions à Carrefour. Elle a pris cette décision après que des hommes armés ont fait irruption à la salle d’urgence de l’Hôpital pour faire sortir un patient pour l’exécuter par balle. Une situation que l’ECCREDHH condamne avec la plus grande rigueur. Entre temps, les cas de blessé par balle et accidents sont en hausse. Sans compter la multiplication des cas cholera sur tout le territoire de la république.
VIII.- Conclusion/Recommandation
En définitivement, l’ECCREDHH constate que les autorités n’ont aucune volonté pour résoudre le problème de l’insécurité dans le pays, entrainant du coup la violation systématique du droit : à la vie et la sécurité, à la liberté de circuler, à la liberté d’expression, à l’éducation, à la santé, à l’alimentation. Cependant, on continue de croire que l’Etat est débiteur en matière de respect et de protection des droits de l’homme. Le manque de moyens et la faiblesse de l’Etat ne peut pas être une excuse pour laisser le pays aux mains des bandits, puisque l’Etat a l’impérieuse obligation de protéger la population. L’Etat doit s’assumer en se dotant les moyens qu’il faut pour garantir la paix et la sécurité sur tout le territoire national.
C’est pourquoi, l’organisme de défense des droits humains (ECCREDDH) :
– Continue d’exhorter les autorités à prendre des mesures soient prises de toutes urgente pour faire face à cette insécurité généralisée.
– Exhorter les acteurs politiques et économiques à un accord fonctionnel en vue de la réalisation des élections, de retour à l’ordre constitutionnel dès 2024.
– Invite les autorités judiciaires à poursuivre celles et ceux qui contribuent aux renforcements des groupes armés.
– Demande à ce qu’un vetting sérieux soit relié au sein de l’institution policière à fin les mauvais grains.
– Invite la population à un sursaut patriotique, pour endiguer le dépérissement de la société haïtienne.
Le respect des Droits Humains doivent être la Priorité de l’État.
Pour authentification:
Me. Gesnel PIERRE, Av. Coordonnateur General ECCREDHH, tel : 4836-43 48
Me. Louimann MACEUS, Av, Secrétaire général ECCREDHH, tel : 3620-3405