Prof. Carly Dollin : La diplomatie canadienne en Haïti, une Joly-Carrière hypocrite

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Le scepticisme à propos d’une invasion des bottes étrangères frise la schizophrénie à un moment où un avion militaire canadien a étendu ses ailes dans l’espace aérien haïtien. Quidams, journalistes, analystes, spécialistes en sûreté publique ; tout le monde en parle. Sous l’auspice d’une « Joly » ministre des Affaires étrangères du Canada, Sébastien Carrière mène au moins une double carrière en Haïti : géopolitique et pharisaïque.

par Carly Dollin

Cette mission spatiale opaque a provoqué une curiosité générale qui déplace le débat sociopolitique de la terre vers les cieux. « Je lève mes yeux dans les cieux, d’où me vient le secours ? de l’Occident opulent qui ravisse nos richesses humaines et naturelles ». Pour casser les réflexions perplexes de la population traumatisée qui perçoit Biden comme un dieu dans ce visa humanitaire, l’ambassadeur du Canada en Haïti donne la primeur en défrayant la chronique derrière son gadget électronique.

L’avion canadien sillonne les nuages haïtiens. Dans un arbitraire de trop, le plénipotentiaire de la Feuille d’Erable vole la vedette aux institutions régaliennes locales pour rassurer qu’il s’agit d’une mission de nettoyage des écuries d’Augias. L’engin spatial poursuivrait l’objectif de relever les latitudes et longitudes des endroits « bien connus » où logent les criminels afin de les démanteler. Probablement, cette croisade aérienne viendrait en appui à la boutade de tornade antigang annoncé par ce PM rétrograde qui fait les quatre volontés maléfiques de l’Occident ravisseur. Définitivement, Sébastien Carrière mène au moins une double carrière en Haïti : géopolitique et pharisaïque.

D’une part les avancées technologiques ont contribué au Nord à améliorer la production de la sécurité publique, à faciliter la formation en ligne, la gestion efficace de la communication et des interactions humaines. D’autre part, la modernité se vit au Sud en des tweets étrangers condescendants qui s’ingèrent dans les affaires publiques pour révoquer, remplacer, bluffer, ridiculiser, intoxiquer. C’était dans un tweet qu’Helen La Lime avait désigné le neurochirurgien Ariel Henry en remplacement à Claude Joseph au poste de Premier ministre de la république. Aujourd’hui, l’une des questions épineuses les plus préoccupantes de la société – la sécurité – se gère en des tweets de la communauté internationale.

Ingérence

Alors que les dossiers d’État devaient être documentés tout en les attribuant des responsables qui doivent au besoin répondre par devant la justice, ce sont en des scandales à la Croix des Bossales ou sur la toile que se débattent des sujets d’intérêt public qui requièrent la plus grande discrétion. Le Canada lance le signal qu’il traite avec de petits dirigeants haïtiens sans leadership, sans scrupule. En effet, il n’existerait aucune action à entreprendre dans un pays souverain qui ne soit pas endossée au prime abord par ses dirigeants. À travers leurs ambassadeurs, les nations partenaires peuvent être conviées à y apporter leurs supports techniques et financiers. Cependant, un ambassadeur n’a aucun droit de s’afficher en portant le bracelet d’un cartel politique narcotique, en défendant la nationalité d’un président imposteur ni en se suppléant à la fonction du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN).

Un Premier ministre aux colonnes vertébrales idoines, une ministre de la Justice qui aurait le sens prophétique d’une fin tragique de l’histoire de se prostituer ou un Directeur général digne de la PNH auraient exigé des corrections dans cette intrusion du Canada. Aucun manifeste n’aurait été approuvé avant le déclenchement de cet avion à notre espace aérien, ce qui serait encore une violation des droits de contrôle et de supervision des institutions nationales régissant la matière. Cette affaire d’avion dans nos cieux demeure une boîte noire que les yeux de lynx doivent exiger d’ouvrir. Du train que ça va, des flibustiers de cette communauté internationale perfide peuvent également s’octroyer la latitude de scruter nos espaces miniers, sans permission aucune.  

Solution en amont

Si tu veux la destruction d’un mauvais arbre, tu dois t’attaquer à ses racines profondes. Il n’est plus à démontrer que la solution soutenable de l’insécurité et du kidnapping passe par l’identification et la neutralisation du mastermind. Avant Izo, il y avait Arnel Joseph ; après Babecue, il y a Mawozo, T-Makak et Vitelom. Ces petits monstres des bidonvilles ne sont que des branches pourries du mauvais arbre. Tu arraches la racine et les branches tombent. Mais si tu ne fais que couper ces branches malsaines sans toucher à la racine, d’autres branches vont réapparaître. Alors, avant même de jeter à la géhenne les malfrats des bidonvilles, le Canada et les USA devraient neutraliser les criminels à cravates – concepteurs du tableau de criminalité – avec lesquels ils coopèrent depuis plusieurs années.

Un minimum de bon sens indiquerait qu’une mission concrète qui viserait à traquer les bandits pour les anéantir serait diligentée en toute discrétion. Puisque suspects et aux aguets, les assassins- des rues comme des salons – seraient les premiers à se questionner sur la présence soudaine de tout appareil au sol, dans la mer ou à l’espace aérien. Ce serait leur mettre la puce à l’oreille si effectivement on déclenchait une opération qui les ciblait alors que des annonces y étaient faites au préalable.  Ineptie ou hypocrisie ? Aucune des deux failles ne serait admissible.

La montée de la criminalité a montré que les sanctions et confiscations des richesses d’une fraction des bandits à col blanc sont loin d’être suffisantes pour stopper cette course vers la descente aux enfers. D’ailleurs on a vu à l’œuvre un ancien sénateur inculpé en une action insolite de liquidation d’un blindé qui a bénéficié à ses collègues du Village. Dans les vagues de mesures pour juguler les actes repréhensibles proposées par l’ONU, Martelly a été également sanctionné. Pourtant, ce parrain d’hier et d’aujourd’hui n’a pas perdu de poil dans les couloirs stratégiques en Haïti. Il en demeure le patron d’Ariel Henry. Il y a évidence que cet ancien prisonnier des USA continue d’être un pion utile entre les mains de l’Occident omniscient et omniprésent dans les ressources rares du pays.  

L’implication de Martelly et ses alliés détraqués dans le la distribution de manches longues aux jeunes des quartiers défavorisés pour alimenter le banditisme musclé a été clairement établi. N’est-ce pas un leurre de croire pouvoir désamorcer les manettes de l’insécurité sans véritablement bloquer les mouvements du cartel criminel PHTK et des oligarques corrompus au sein de ce clan porte-malheur pour Haïti ? Finalement, comment peut-on parler de confiscation de l’argent dilapidé à Haïti sans pourtant assurer le suivi de la restitution de tels fonds à l’origine, comme le suggère les conventions internationales ? N’est-il pas évident que les dirigeants corrompus font l’affaire de l’Occident ? Cercle vicieux.

Saupoudrage

Toute opération sincère visant à identifier les lieux secrets des criminels afin de les anéantir serait inscrite dans la discrétion. Le Canada dispose de tous les moyens (drones, avions clandestins, armes et munitions de tous les calibres) capables de réduire en cendre les bases criminelles tout en minimisant les dommages collatéraux. Si volonté cartographique il y avait véritablement pour géoréférencer les adresses des groupes criminels, le Canada aurait mobilisé des ressources matérielles et technologiques tels que des satellites et des engins supersoniques de manière clandestine. Le docteur Fils-Aimé aurait suggéré une approche aux effets-surprise. Le Canada n’aurait-il pas le sens de la stratégie ou travaille-t-il pour le même camp criminel qui hypothèque la paix en Haïti ? Confusion entre bourreau et sauveur.

D’ailleurs, à la suite d’un marché public souffrant de délit d’initié, le Canada a livré des chars très en retard à la Force de l’ordre. Ces blindés ne reçoivent pas de maintenance efficace ; ils tombent souvent en panne même en pleine mission. C’est à plusieurs reprises que ces véhicules sont pris au piège par les bandits qui mettent en déroute nos policiers traités en parents pauvres. Le policier est muni d’un pistolet et de manque de munitions alors que le bandit détient des mitraillettes, des kalachnikovs et des informations secrètes des opérations antigangs. Quand il appelle au secours au terrain miné, le commissariat et les forces spécialisées font la sourde oreille et ne lui donnent aucun renfort. Il n’est donc pas une surprise que la famille du Corps de l’ordre infiltré ne puisse même en récupérer le corps pour lui offrir un dernier hommage.

Les représentants des relations bilatérales et multilatérales s’associent aux leaders crapuleux épinglés de toutes les malversations pour défendre leurs intérêts mesquins pendant que nos policiers se font humilier et exécuter ignoblement dans les opérations contre le banditisme. Il paraît qu’il y ait conflit d’intérêt. Puisque le Canada bénéficie des contrats d’achat de chars blindés aux enveloppes de plusieurs dizaines de millions de dollars, le Canada n’aurait nul intérêt à contribuer à éradiquer la criminalité en Haïti. Le colonel Himmler Rebu nous a convaincus que le problème de l’insécurité nationale est posé avec beaucoup d’hypocrisie et de naïveté.

Manoeuvre de diversion d’un faux-ami ; dans cette carrière de menteur invétéré, l’ambassadeur Carrière ne dit pas la vérité sur le vrai projet du Canada envers Haïti. Haïti ne peut sortir de cette ornière sous ce statuquo chronophage et anthropophage. Il y a urgence dans la demeure.

Carly Dollin
carlydollin@gmail.com

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