Des promesses et encore des promesses ! Après la promesse faite à Miami de rétablir ou de fournir de l’électricité 24/24 partout ailleurs en Haïti, dans 18 à 24 mois, le président de la République a lancé encore dans l’air un autre ballon d’essai. M. Moise émet le vœu de construire une route reliant Gressier à Cabaret en passant par Lafiteau. Son coût est de $500 millions…et en 4 mois le chef de l’Etat a eu le temps de réaliser les études de faisabilité de ce projet issu d’un de ses beaux rêves endormis d’une Haïti où tous les présumés coupables seront poursuivis et punis, selon la loi.
Mais pourquoi toutes ces promesses ? Verront-elles l’aurore ? Une tentative d’ analyse de Maître Elco Saint-Amand
Port-au-Prince, mercredi 21 juin 2017 ((rezonodwes.com)).-Les promesses en politique sont généralement une catastrophe continuelle qui, dans une série d’erreurs à répétition, poussent les acteurs aux mensonges et aux démentis. Jovenel Moïse ne se voit pas président de la République et ne pourra, jusqu’à la fin de son quinquennat, se convaincre d’être et d’avoir été le premier de ses paires. Vivons-nous dans une absence de rêves ?
Hommage soit rendu de manière impromptue à une société civile tolérante pour avoir, depuis la chute des Duvalier, tenu la gageure du clientélisme et des promesses irréalisables axées sur le sauve-qui peut et le dilatoire. Coincé dans un dilemme politique et social, le peuple vit dans des « bondieuseries» où la volumineuse production des mensonges est inique et unique dans le pays; et si paradoxale qu’apparaisse cette mentalité orchestrée par les pro-menteurs, nous nous essayions à chaque élection présidentielle de donner carte blanche à un autre menteur, afin de devenir le premier menteur de la classe.
Néanmoins, nous avons vu grandir peu à peu l’idéal de mensonge de la politique et ce, en dépit de l’inadaptation des idées non éclairées à la réalité absolue.
La présidence d’Haïti, un mythe pêle-mêle
Un espace qui se brasse dans une chronologie où le président choisit le rêve de la misère mentale. De son côté, le peuple, lui, choisit la survie de résignation. Peut-on dans ce « bling bling» justifier l’alternance institutionnelle ? Une vérité politique qui se ment de manière successive.
La gouvernance d’Haïti, une culture de mensonges. Ironiquement quand on parle de la politique du ruse, on a toujours tendance à la comparer à une sorte de confiture de «grand’ mère » qui salit et tâche… dont le contenu de la chaudière est constamment vide. Les promesses de Joseph Michel Martelly et de Laurent Lamothe.
En effet, M. Moïse, qui s’était rendu en Floride pour participer au Sommet sur les investissements organisé par la Chambre haïtiano-américaine de commerce, a, toutefois, réitéré ses mêmes promesses, pensant qu’il se retrouve toujours en campagne… une campagne présidentielle qui n’en finit pas.
De quoi se représenter la somme de mensonges ? Il paraît évident, au seuil de cette considération persistante, qu’il faille en appeler à la ténacité de cette nouvelle méthode de dire la vérité par le mensonge… d’abord, par méchanceté, ou ensuite par médiocrité ou ignorance des faits.
Jovenel Moïse face au stoïcisme personnel
Réussir le pari de présider les destinées de la nation haïtienne ne fait pas de M. Jovenel Moïse l’homme indispensable ayant la lourde et difficile mission de dire la vérité au peuple — de toucher du doigt cette plaie béante qu’est la démocratie prise dans le contexte historique d’Haïti. De quoi se conter d’histoire lorsqu’on ne connaît pas la force de l’énergie consentie pour oser dire: « Arrêtez, on va vite dans la mauvaise direction» ! Ces exemples tirés dans les discours du président font de ce dernier un homme répétitif — celui qui tâtonne encore et toujours dans le nouvel ordre mondial.
Une mauvaise direction. Parlant dans ses interviews à Miami (Floride), le président Moïse mit l’accent sur la problématique de l’énergie dans le pays… sans toutefois donner les tenants et les aboutissants de ces thématiques politiciennes, qui n’aboutiront pas. La caravane qui déraille même en prenant la route de la diaspora.
L’électricité 24/24 dans la commune des Irois ? Comment ? Et quelle est la nécessité, quand on se souvient encore de la volonté du président Martelly!
Jovenel Moïse et ses conseillers
Ces personnages tirés de cette masse silencieuse, selon les dires du président, sont, pour la plupart, des acteurs teintés d’ émotions et d’audace pour n’ avoir jusqu’ici à rendre compte par devant la population. Wilson Laleau, un inculpé-conseiller du président grâce à la « faiblesse institutionnelle» dont il est le principal bénéficiaire. Cette nouvelle alliance de Jovenel Moïse est surprenante, si l’on se réfère aux déclarations et aux interrogations de chacun, sachant que Wilson Laleau a des démêlés avec la justice et contre qui un mandat d’amener a été décerné.
Comment un inculpé comme l’ancien ministre du Commerce et des Finances peut donc jouir de tels privilèges ?
1) Défier la justice du pays;
2) Avoir le même statut juridique que son patron;
3) Bénéficier des faiblesses d’un appareil judiciaire moribond, et qui encourage la malversation.
L’Exécutif et la présidence
En absence d’une loi cadre devant faire de la « présidence » une institution statutaire de l’administration publique, nous ne pouvons pas nous autoriser à faire une symbiose entre l’exécutif et la présidence.
L’Exécutif
C’est un des trois pouvoirs de l’État. Il est un pouvoir bicéphale ayant à sa tête un président et Premier ministre qui, selon les dispositions de la Constitution de 1987, trace les rôles et les attributions de chacune des deux branches de l’exécutif.
La présidence
Au terme d’inacceptation et ce, de manière abusive l’administration de la présidence crée un espace de pouvoir dont l’opacité nous tient à l’écart des véritables rôles et attributions d’ une telle institution. Le Palais national pourra-t-il être considéré comme étant un refuge de récompense, quand nous savons la qualité et la quantité de porte-paroles et de conseillers siégeant dans ce bâtiment — un bâtiment d’État mais fonctionnant en dehors de toutes normes en matière de responsabilité publique.
Les promesses de Jovenel Moïse
La population haïtienne qui, depuis 1804, évolue dans la paupérisation et s’enlise dans le chômage chronique — une situation que tous les quarante septième chefs d’États qui se sont succédé au pouvoir n’ont pas eu la volonté nécessaire et n’ont pas su retirer le peuple haïtien dans ce mensonge d’État : de beaux discours. À Miami, le président Moïse se compare au président Antoine Simon… Hélas ? Le vieux Antoine Simon, qui ne savait ni lire ni écrire; et le reste, tout le monde en sait.
Sous le gouvernement de Jovenel Moïse, pourra-t-on dire qu’ Haïti s’éveille à la vie économique ? Le flux de promesses du président nous porte à être sceptique du bien fondé de sa volonté de diriger le pays dans le sens des pays en voie de développement.
Me. Elco Saint Amand, av.
texte extrait de Haïti-Observateur / édition du 21 au 28 juin 2017
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