Conseil de sécurité | Ambassadeur Antonio Rodrigue: il est plus que jamais nécessaire d’adopter des «solutions fortes à court terme»

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Mercredi 25 janvier 2023 ((rezonodwes.com))– L’ambassadeur d’Haiti aux Nations Unies, Antonio Rodrigue, a estimé qu’à mi-parcours du mandat du BINUH, renouvelé le 15 juillet dernier pour une année, la réunion de mardi constitue, selon lui, une évaluation des progrès accomplis, des lacunes à combler et des défis à surmonter dans l’exécution de son mandat.  

Il a également rappelé qu’elle intervient un mois après la réunion du 21 décembre, où le Ministre des affaires étrangères d’Haïti, M. Jean Victor Généus, avait renouvelé la requête du Gouvernement haïtien auprès du Secrétaire général de l’ONU, sollicitant un appui robuste en vue d’accompagner la Police nationale pour faire face aux défis sécuritaires et humanitaires auxquels le pays est confronté.  

Sur le plan politique, le représentant a qualifié d’« accomplissement majeur » la signature, le 21 décembre, de l’accord intitulé « Consensus national pour une transition inclusive et des élections transparentes ».  

Ce document, adopté en Conseil des ministres et publié au journal officiel, constitue une feuille de route devant guider le pays vers une sortie de crise, a-t-il précisé, faisant état de la création du Haut Conseil de transition et d’un organe de contrôle de l’action gouvernementale, lesquels ont un échéancier clair devant conduire aux élections et au rétablissement des institutions républicaines au cours de l’année 2023.  

Le secteur privé des affaires, le secteur associatif et le secteur politique ont tous félicité les efforts du Gouvernement visant la recherche d’un consensus national pour mettre le pays sur la voie du retour à l’ordre constitutionnel, a souligné le représentant.  Au niveau international, a-t-il relevé, l’Union européenne et le Département d’État américain ont salué l’accord du 21 décembre, encourageant les acteurs politiques à poursuivre un dialogue inclusif en vue de la restauration des institutions démocratiques.  

En matière d’état de droit, le représentant a mis en exergue deux faits « non négligeables », à savoir la nomination du Président de la Cour de cassation et la recommandation du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire d’écarter de la magistrature un certain nombre de juges « décriés par la clameur publique ». 

En dépit de ces avancées, le pays continue à faire face à de nombreux défis, notamment sécuritaires et humanitaires, a reconnu M. Rodrigue.  

Les cas d’enlèvements dans la capitale continuent, de même que la violence des gangs armés, a-t-il déploré, relevant que « même les policiers ne sont pas exempts » puisque plusieurs d’entre eux ont été assassinés au cours de la semaine écoulée.  

De plus, la circulation des personnes et des biens continue d’être perturbée aux entrées nord et sud de la capitale, ce qui contribue à asphyxier davantage l’économie du pays qui tombe en récession.  La situation est encore aggravée par la crise humanitaire et l’insécurité alimentaire qui frappent la moitié des Haïtiens, tandis que la résurgence du choléra constitue une véritable menace de santé publique, a-t-il expliqué.  

Dans ce contexte, le rétablissement d’un climat sécuritaire dans le pays demeure une urgence pour le Gouvernement, a souligné le représentant, selon lequel il est plus que jamais nécessaire d’adopter des « solutions fortes à court terme » pour rétablir un climat sécuritaire sûr et stable comme préalable à la création des conditions devant permettre d’avancer avec le processus.  Il a ainsi fait sien l’appel lancé par le Secrétaire général en faveur du déploiement d’une force armée spécialisée internationale.  

S’agissant des sanctions, il a salué le travail du Comité des sanctions et du Groupe d’experts qui doit se rendre en Haïti prochainement.  Toutefois, a-t-il ajouté, « il nous faut beaucoup plus d’actions ».  

Tout en se félicitant des efforts déployés par les membres du Conseil sur la situation en Haïti, il les a encouragés à œuvrer davantage en vue d’aboutir à un consensus concernant l’appel lancé le 7 octobre 2022 par le Gouvernement haïtien pour le déploiement immédiat d’une force armée spécialisée internationale pour renforcer les efforts de la Police nationale d’Haïti afin de lutter contre les gangs.  « C’est un impératif du moment », a-t-il insisté.  

« Ne pas agir, c’est ne pas pénétrer la profondeur de la crise. »  Selon le représentant, l’objectif final fixé par le Premier Ministre, M. Ariel Henry, est de remettre le pouvoir à des élus capables de répondre aux grands défis politiques et socioéconomiques auxquels le pays est confronté.  

En conclusion, il a renouvelé l’appel d’Haïti à la solidarité de la communauté internationale pour l’aider à surmonter le phénomène des gangs et lui permettre de conduire à terme le processus du retour à l’ordre démocratique. 

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