18 novembre 2025
La réforme du Ministère de l’Agriculture : un besoin vital!
Actualités Société

La réforme du Ministère de l’Agriculture : un besoin vital!

Député Roudy DEVIL

Mardi 20 juin 2017 ((rezonodwes.com))– C’est une règle en politique : pour se faire élire, il faut faire des promesses. Car, La population ne vote que sur la base de promesses qui lui paraissent alléchantes. M. JovenelMoise est conscient de ce principe et en fait sien. Aussi, candidat à la présidence, il a réussi à bénéficier le bulletin de vote du plus grand nombre des citoyens qui s’étaient exprimés aux dernières présidentielles haïtiennes en faisant principalement la promesse qu’Haïti sera un pays où la croissance économique et l’Indice de Développement Humain s’amélioreront à la fin de son mandat présidentiel.




Pour y parvenir, il propose de procéder par une recette composée de quatre éléments : « dloyo, tèyo, mounyo, solèy la ». C’est ici le fondement même de la vision du président de la République d’Haïti faisant ainsi de l’Agriculture le secteur prioritaire de son quinquennat.

Les appréciations dont fait objet cette voie de développement sont divergentes et suscitent pas mal de débats au sein de la société. Cependant, nous devons être vigilants face à la logique de voir le verre à moitié vide ou à moitié rempli. A l’instar du poète espagnol Antonio Machado, plutôt que de concentrer nos efforts sur le verre, essayons de mieux comprendre le contenu de notre soif. Dans ce contexte, convient-il de noter que je suis du nombre de ceux ayant une soif par rapport à cette logique du Président de la République. Tout de go, sans passer par quatre chemins, je me tache d’exprimer cette soif qui constitue en termes clairs une réserve par rapport à cette recette de base de la vision de S.E.M. Jovenel Moise.

Il est illusoire de croire que « dloyo, tèyo, solèyla, mounyo » peuvent à eux seuls permettre le développement du pays sans dégager une synergie entre ces différents éléments. Laquelle synergie sera réalisable à travers le ministère de l’Agriculture considéré ici comme une machine chargée de faire ce mélange.Ainsi,Je crois utile de rappeler à l’instar de la plupart des économistes que la production est fonction de la combinaison et/ou de la substitution de trois facteurs principaux : le Capital, le Travail et la Technologie. Et, depuis après la deuxième guerre mondiale, le développement économique des nations est étroitement lié à la création et l’application de nouvelles connaissances scientifiques. En d’autres termes, les connaissances scientifiques et la technologie constituent un capital incontournable pour construire un développement viable. Par ailleurs, Je postule que la réforme du Ministère de l’Agriculture se veut une nécessité vitale pour la concrétisation de la vision de S.E.M. Jovenel Moise. Nécessité vitale, car sans cette réforme que j’appelle « Petite révolution de Damien », la montagne n’aura accouché que d’une maigre souris. Ce qui, entre autres, déterminera la réussite ou l’échec du président de la République dans la mesure où non seulement ce slogan a été sa principale offre de campagne mais aussi et surtout l’Agriculture est retenue comme secteur prioritaire du gouvernement.




Cette réforme doit, entre autres, se fonder sur trois piliers fondamentaux. D’abord, le Ministère de l’Agriculture doit encourager la recherche poussée dans le domaine afin de définir une ligne de pensée à partir de laquelle il faut construire un stock de savoirs scientifiques auquel les décideurs devront se référer pour éclairer leurs décisions. Ensuite, faut-il procéder au renforcement et à la modernisation du laboratoire de Tamarinier (laboratoire vétérinaire et de contrôle de qualité des aliments). Enfin, la réorganisation et le renforcement des différents services du ministère.

Par ailleurs, il est urgent de rompre avec la logique de savoirs-recettes, de savoirs non conformes à la réalité venant de l’extérieur (du blanc) pour définir et concrétiser nos politiques, notamment, nos politiques agricoles. De surcroit, il est urgent de restructurer nos bureaux agricoles communauxdépourvus de cadres et d’équipementscar, Ils sont des outils de décentralisation des différents services du ministère auxquels il faut donner vie. Nos communes doivent être de simple prolongement de la Capitale en termes d’opportunités offertes par le Ministère.
En outre, il est à mentionner que le vieillissement du personnel du Ministère de l’Agricultureconstitue l’un des plus grands maux de cet organe de l’Etat haïtien. En effet, à en croire le rapport sur le recensement des agents de la fonction publique réalisé par l’OMRH, l’âge médian est exceptionnellement élevé au ministère de l’Agriculture. « Le Ministère de l’Agriculture, avec près de 40% de ses effectifs affiche un âge supérieur à 54 ans », nous renseigne ce rapport. Il faut donc penser à remédier aux pénuries potentielles qu’impliquent de telles données démographiques. Du coup, je pense qu’on pourrait profiter de cette situation pour intégrer de jeunes cadres au sein du ministère afin de faire un mixage entre la jeunesse et l’expérience.

Enfin, je plaide pour l’ouverture des fermes agricoles de l’Etat et la réorientation du crédit agricole au service des agriculteurs (BCA). Je parle de réorientation dans la mesure oùla réalité prouve que les véritables bénéficiaires de ce crédit ne sont pas les agriculteurs mais plutôt de hauts cadres du ministère et d’autres acteurs politiques du secteur à des fins commerciales.

Par ailleurs,il est anodinde définir une politique de relance de l’agriculture, de croissance économique et de réduction de pauvreté en Haïtien dehors d’une volonté politique réelle de résoudre les problèmes que confrontent nos fermes agricoles en vue de les dynamiser.
Aussi, s’avère-t-il nécessaire de rompre avec le rôle d’assistanat assigné aux Directions Départementales Agricoles (DDA) et de les conférer plutôt un rôle d’orientation et d’accompagnement aux agriculteurs et entrepreneurs agro-industriels.

Si l’état actuel des conditions socio-économiques de notre pays dénote une certaine défaite de nos choix politiques, il n’en demeure pas moins qu’ils peuvent faire un tournant vers une TRANSFORMATION réelle. Celle-ci doit nécessairement s’incarner, entre autres, dans la modernisation de l’agriculture. Aussi, est-il nécessaire de réconcilier avec la pensée de l’ardent polémiste, Louis Joseph Janvier qui croyait justement qu’on ne passe pas d’une phase agricole à une phase industrielle qu’en perfectionnant son agriculture pour s’enrichir d’abord dans une certaine mesure… « Nul pays n’a échappé à cette évolution parce qu’elle est naturelle, nécessaire ». Dans cette condition, il va sans dire que cette évolution, dans le cas d’Haïti, est tributaire à une réforme réelle du Ministère de l’Agriculture, un des gages de l’accomplissement de la vision du Président de la République.




De même que le choléra a été une préoccupation pour les gouvernements de Préval et de Martelly, il n’est pas moins vrai que dans le domaine de l’élevage et de l’Agriculture, l’encéphalomyélite à Teschovirus dit Teschen, communément appelé « Ren kase » dans le milieu paysan, reste un problème majeur sur lequel il faut rapidement agir car cette maladie détruit nos porcs qui constituent un des piliers de l’économie paysanne. En outre, il y a cette évasion d’insectes (pucerons jaunes) qui détruit nos récoltes de sorgho (Petit-mil) qui nécessite une intervention rapide du gouvernement pour arrêter ce nivellement vers le bas de la situation économique du pays. De cette situation, on pourrait en profiter pour pratiquer la culture d’une autre espèce de sorgho capable de résister à l’attaque des insectes et doter le pays d’une réelle politique semencière et/ou agricole.

Tout compte fait, la concrétisation de la vision de S.E.M. Jovenel MOISE doit nécessairement passer par la réforme du ministère de l’Agriculture,ce que j’appelle la« Petite révolution de Damien » ; le rajeunissement du personnel dudit ministère en passant par l’intégration de nos jeunes cadres ;la redéfinition du rôle des DDA, La restructuration des bureaux agricoles communaux qui constituent le prolongement du ministère et aide à l’effectivité de la décentralisation ; l’ouverture des fermes agricoles de l’Etat, la réorientation du crédit agricole au bénéfice de nos agriculteurs, la recherche scientifique poussée dans le domaine ; la réorganisation et le renforcement des différents services du ministère et enfin, le renforcement et la modernisation du laboratoire de Tamarinier.

Député Roudy DEVIL est Ing-Agr de formation et représente la circonscription de Côte-de-Fer à la 50ieme législature. Visitez ma page facebook sur : https://fb.me/deputeroudy

1 Comment

  • Guison CELESTIN 21 juin 2017

    Je présente mes félicitations au représentant de la circonscription de Cotes de Fer à la 50ème législature, le Député Roudy DEVIL pour cette réflexion sur l’agriculture haïtienne. Les différents problèmes soulevés sont de taille ; les résoudre demande de tact et de volonté manifeste. Si l’on prend par exemple le vieillissement du personnel, les « bénéficiaires » du crédit agricole, la question de recherche dans le secteur, entre autre, ce sont des situations qui ne devraient plus attendre que l’Etat intervienne.
    A côté de cette publication du député DEVIL, je voudrais lui encourager à mener une grande bataille à la Chambre des Députés où il siège en utilisant différentes stratégies à la fois auprès de ses pairs et aupres du Gouvernement dont son institution a pour obligation de contrôler.

    Député DEVIL, continuez la bataille sur d’autres fronts !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.