Miami Florida, mercredi 21 juin 2017 ((rezonodwes.com)).- Comme il n’existe pas de mots qui ne veulent rien dire, pas plus insignifiants que muets ou silencieux, toute cette semaine, la réaction des Sénateurs pro-Résolution Guy Philippe à la condamnation de celui-ci, mercredi 21 juin 2017 à 9 ans de prison ferme, sera semblable à celle de faux patriotes et d’individus ne défendant que des intérêts mesquins. D’ailleurs, cette législature, avec le vote lundi soir, d’une loi sur les finances inadaptée à la réalité du pays, plonge davantage Haïti dans une sphère de corruption et les Sénateurs refusent jusqu’à présent de se montrer utiles et à la hauteur de leur mission. L’ancien chef rebelle de l’Armée cannibale qui a mené campagne avec l’actuel chef de l’ Etat haïtien, M. Jovenel Moise, devrait désormais s’accommoder à son nouveau statut de prisonnier fédéral, placé sous haute surveillance.
La peine de 108 mois de prison dont Guy Philippe est frappé aujourd’hui, n’est venue sans aucune surprise, pour quelqu’un ayant lui-même affirmé être de connivence dans le passé avec des trafiquants de drogues. Si la peine maximale n’a pas été appliquée à son encontre, il faut admettre tout au moins que le prévenu ait étroitement collaboré avec les autorités judiciaires américaines qui ont estimé entre 1.5 et $3.5 millions reçus des trafiquants de drogues, en récompense de protection spéciale accordée. Devrait-on s’attendre dans les prochaines semaines ou prochains mois que les portes des prisons floridiennes s’ouvrent pour d’anciens collaborateurs indexés par Guy Philippe qui attendaient dans l’anxiété le verdict du 21 juin 2017 ? Chose certaine, sa collaboration n’était pas au point des plus négligeables, de quoi donner de la sueur froide au dos de certains qui ont été récompensés pour services rendus. Guy serait mêlé à une affaire juteuse aux conséquences élevées.
Cap sur les sénatoriales partielles dans la Grande Anse
Pour le siège vacant de ce département qui fait face à de graves problèmes socio-économiques résultant en particulier du passage dévastateur de l’ouragan Matthew, il ne fait aucun doute que plusieurs personnes viendront postuler au poste de Sénateur. Mais quand on connaît une certaine popularité dont jouissait Guy Philippe dans le fief de Pestel, et qui aurait probablement distribué des largesses autour de chez lui, il n’est pas du tout évident que des candidats de son parti (Consortium allié fidèle de PHTK) mènent campagne pour le remplacer. Alors le CEP qui ne s’occupe presque jamais de l’origine des fonds injectés dans les campagnes électorales, n’aurait peut-être pas à s’y méprendre.
Pour remplacer le condamné Guy Philippe, avec l’orientation politique que s’est donné le Sénat de la République dans sa velléité de ne composer avec et pour le Palais national, idem pour les Députés de la 50ème, nous présageons que le choix du prochain occupant du siège vacant laissé à regret par cet allié de Jovenel Moise dans la Grande-Anse, sera mûri. Hypocrisie oblige, sur le terrain, on verrait une sorte d’élan de solidarité avec Guy Philippe qui fait face à son destin.
Qu’a fait Guy Philippe de ses millions ?
En tout premier lieu, Madame Guy Philippe qui se plaignait tout au début de l’emprisonnement de l’ex-sénateur élu, être sans ressources adéquates pour se payer des consultations juridiques, a grandement trompé les fans et fanatiques du leader du mouvement 2004. A quelques semaines d’un fundraising programmé à Boston, à l’initiative de quelques « majorjon » du Consortium, largement récompensé par le pouvoir en place tèt kalé 2, l’on avait appris que Guy Philippe aurait possédé quelques 1.5 à 4 millions de dollars résultant du trafic de la drogue. Nathalie Philippe, l’épouse de l’ancien haut-gradé de la PNH, aurait été l’une des principales bénéficiaires. Grace à des prêtes-noms utilisés, une certaine somme d’argent lui serait directement parvenue pour l’achat d’une résidence familiale en Floride.
La peine infamante de 9 années en taule dont fait l’objet Guy Philippe aujourd’hui, lui enlève en principe ses droits civils et politiques. Mais l’Haïti de Jovenel Moise avec toutes ses faiblesses institutionnelles, effarantes et galopantes, pourrait-il garantir à l’avenir que les couloirs du Parlement ne soient plus occupés par des anciens repris de justice, comme c’est le cas pour Wilfrid Gelin qui vote toujours OUI pour les projets de la présidence.
Les millions de Guy Philippe lui auraient-ils permis d’amadouer voire soudoyer les braves habitants de Pestel ou ceux de la métropole de la Grande-Anse. Pour avoir gardé le marquis pendant plus d’une décennie, il faudrait certains revenus pour survivre dans cette jungle dans laquelle s’était enfermé bien armé le Robin des Bois, des temps modernes, par surcroît intelligent et éclairé.
La campagne électorale de Guy Philippe qui a été une véritable épopée, n’était pas un plébiscite gratuit, car l’homme de Pestel qui n’était pas né des dernières gouttelettes de pluie, dans la politique, se serait forgé à coups de petits billets découpés passés entre les démunis, une solide réputation. C’est un papa bon kè et s’ils avaient à le réélire, ils le feraient. Seule une stricte application des lois pourraient empêcher aux gens de désespérer dans la connerie humaine, car c’est toute une nation qui en subirait les conséquences. Il n’est jamais de bonne guerre d’entendre dire que notre pays occupe la 162 ème place des 165 pays les plus corrompus de la planète.
Peu importe la durée de la sentence, la vie de Guy Philippe ne s’arrêtera pas là pour autant. Il aurait commis une erreur de jeunesse pour laquelle il a payé le prix par souci d’émerger vite de la classe moyenne. Que sa condamnation serve d’exemple à tous ceux pensant toujours s’échapper à la justice. Après avoir purgé ses lourdes peines infamantes (et afflictives), Guy Philippe en ressortira avec une conscience tranquille, beaucoup plus tranquille que ceux qui ont détourné des millions de dollars du trésor public occasionnant la non concrétisation des projets de développement pour soulager la misère de ce peuple.
Par contre, il est inadmissible de montrer une grande complaisance envers quelqu’un dont les principaux revenus se sont basés sur la destruction des cerveaux addicts aux stupéfiants. Un commerce illicite qui pourrait faire plus de victimes qu’ occasionne un incendie de forêt en été. Guy Philippe face à son destin qu’un beau matin avait dessiné quand il avait choisi de jouir les privilèges de ses fonctions pour régler d’autres activités illégales dont la nation n’a tiré aucun profit, autre que de la placer sur le banc des accusés.
Guy Philippe, sénateur raté de la République, n’allait pas non plus révolutionner l’hémicycle au Bicentenaire au moindre constat du comportement affiché par ces hommes, au service aveuglé d’un Exécutif dont le chef lui-même est indexé par la justice pour blanchiment d’argent. Qui sont les complices de Guy Philippe, avait-il lui aussi investi dans la campagne présidentielle de Jovenel Moise qui pavanait avec lui à Pestel, au grand mépris d’un mandat émis par la justice haïtienne ? L ‘avenir en dira le reste.
cba pour Haïti-Observateur et Rezo Nòdwès
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