Message de Mme Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, à l’occasion de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes
Mercredi 2 novembre 2022 ((rezonodwes.com))–
Nous célébrons cette année le 10e anniversaire du Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité. L’adoption de ce texte novateur avait pour but de donner une reconnaissance au caractère primordial du travail accompli par les journalistes – lorsqu’ils rendent compte, par exemple, des conflits et des crises, ou lorsqu’ils enquêtent sur les rouages du pouvoir, la corruption et d’autres formes d’injustice – ainsi qu’aux risques qu’ils encourent dans l’exercice de leurs fonctions.
La sécurité des journalistes, leur liberté d’expression et la libre circulation de l’information sont en effet des piliers de la vie démocratique ainsi qu’une condition préalable à l’exercice de tous les droits de l’homme.
C’est pourquoi, en 2012, la communauté internationale a approuvé ce Plan d’action dans l’objectif de protéger les journalistes, ainsi que de prévenir les crimes à leur encontre et de poursuivre leurs auteurs. Pour atteindre ces objectifs, nous devons travailler ensemble.
De nombreux progrès ont été accomplis par les États membres, les organismes du système des Nations Unies, les organisations internationales, les acteurs du système judiciaire et la société civile pour mettre en œuvre des mesures concrètes aux niveaux national, régional et mondial.
Ici, à l’UNESCO, nous avons élaboré des lignes directrices et des boîtes à outils, et nous avons formé plus de 24 000 acteurs du système judiciaire et 11 500 membres des forces de l’ordre et de la sécurité aux questions liées à la liberté d’expression et à la sécurité des journalistes, y compris dans le monde numérique. En dépit de ces efforts, les meurtres de journalistes se poursuivent à un rythme alarmant. Selon notre Observatoire, depuis 2012, 955 journalistes ont perdu la vie.
Soixante et onze personnes ont été tuées depuis janvier, faisant déjà de 2022 l’année la plus meurtrière depuis 2018. Il est tout aussi choquant de constater que, même si nous avons observé une légère amélioration depuis 10 ans, près de neuf meurtres de journalistes sur 10 ne sont pas élucidés. C’est pourquoi, en cet anniversaire, nous devons renouveler notre engagement à protéger les journalistes partout, à chaque instant.
Dans les situations de conflit et de crise, bien sûr, et l’UNESCO soutient les journalistes en Ukraine et en Afghanistan, par exemple, mais aussi en temps de paix, car c’est en temps de paix que la plupart des journalistes ont été tués ces dernières années.
Enfin, nous devons intensifier nos efforts en ligne, où de nouvelles formes de violence sont apparues, en particulier à l’égard des femmes – trois femmes journalistes sur quatre ont été victimes de harcèlement en ligne, selon les données de l’UNESCO.
La conférence internationale qui se tiendra à Vienne les 3 et 4 novembre pour célébrer ce 10e anniversaire sera l’occasion de faire progresser notre action collective – renforcer la coopération et les synergies pour reproduire les bonnes pratiques, améliorer le suivi et le partage d’informations, renforcer les capacités de tous les acteurs – afin d’être mieux préparés à relever les défis.
Car, lorsqu’il s’agit de protéger les journalistes, nous avons tous un rôle à jouer. En étant complaisants, en détournant le regard, nous participons au problème.
C’est pourquoi, en cette Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes contre les journalistes, faisons front pour défendre tous les journalistes, nos porte-parole de la vérité.
Luttons pour la justice et protégeons la libre circulation de l’information si indispensable à nos sociétés.
