Me. Guirlaine Delorme: Cultiver l’humilité sept sur sept

27 octobre 2022

1995

Par Me. Guirlaine DELORME, AV

Me. Delorme: « Il est impératif de cultiver l’humilité, laquelle est perçue comme la ‘mère des qualités' »

Port-au-Prince, mercredi 27 octobre 2022 ((rezonodwes.com))–

Une maison ornée de fleurs est vraiment attrayante. Un cœur joyeux est un bon remède. Un sourire avec douceur apaise presque tout. Un regard bienveillant soulage et dit mille mots. Chers amis lecteurs, le moment est venu de porter l’accent sur l’une des qualités humaines très recherchée et utile. Cette qualité, cette valeur, répond au nom d’humilité. L’humilité n’est pas un déficit de tempérament, mais plutôt une force qui peut servir de rampe de lancement.

Quand elle n’est pas fausse, l’humilité conduit le plus souvent à la grandeur. En général, cette qualité ne marche jamais seule. Elle collabore toujours avec la sagesse, l’amour, la générosité, le partage, la transmission pour ne citer que ceux-là. Il importe de dire clairement que pour un être humain, l’humilité n’est pas une couche superficielle de fantaisie à étaler sur les soucis de chaque jour. L’humilité n’est pas un supplément, ni la cerise sur le gâteau; au contraire, elle est un fondement, un ingrédient structurant sans lequel il n’y a pas de gâteau, il n’y a pas de contenu et en bout de chaine, il n’y a pas d’individu. Sur ce, Nelson MANDELA a offert cette nourriture pour la pensée : « L’honnêteté, la sincérité, la simplicité, l’humilité, la générosité, l’absence de vanité, la capacité à servir les autres – qualités à la portée de toutes les âmes – sont les véritables fondations de notre vie spirituelle ».

L’humilité signifie le sentiment éprouvé par une personne, en dépit de toutes ses potentialités, à chercher toujours une autre personne pour discuter, parce qu’elle reconnait ses limites. C’est ainsi que Voltaire a déclaré : « L’humilité est l’antidote de l’orgueil ».

En revanche, l’individu orgueilleux manifeste un excès de confiance. Il pense qu’il n’a besoin de personne. Pour cela Victor HUGO a dit à juste titre que : « L’orgueil est en nous comme la forteresse du mal ». Toutefois, l’idée infondée de prétendre évoluer, réussir sans l’aide des autres, est absolument irrationnelle. Personne ne le peut, car les êtres humains au départ, étaient créés pour vivre ensemble. C’est dans ce rythme que Voltaire ose avancer : « Dieu nous a donné le vivre, c’est à nous de nous donner le bien vivre ».

Cela dit, il est impératif de cultiver l’humilité, laquelle est perçue comme la ‘mère des qualités’. Cultiver l’humilité permet entre autres, de pulvériser avec outrecuidance, l’orgueil qui ruine l’existence de tous.

En effet, une vraie discussion de fond doit être menée autour de ce joli mot qu’est l’humilité. Chers tous, il n’y a pas de temps à perdre. Aujourd’hui, que la vérité soit dite pour que nul n’en prétexte ignorance.

Définitivement, pour faire concret, un carnet de relations humaines devrait contenir les coordonnées non seulement des membres de la famille, mais aussi, celles du voisinage, du personnel de soutien et autres. Il est grandement conseillé d’entretenir un rapport harmonieux avec ce groupe d’individus parce que la vie réserve parfois des impondérables. C’est dans cette perspective que Barbara WARD, sans vouloir être politiquement correcte, affirme : « Ne vis pas exclusivement pour toi. Vis pour les autres. Ne t’enferme pas à l’intérieur de ton ego propre, car il deviendra très vite une prison ».

Par ailleurs, avec l’explosion de la technologie, la vie professionnelle réclame beaucoup de modestie en vue de faire face à ces innovations. Sincèrement, ce n’est pas une sinécure. Mais, avec de la douceur, de la volonté et de l’audace, les hauteurs du triomphe seront tutoyées. Ce cocktail de trois concepts intelligents, merveilleusement différents, poussera le genre humain à consacrer une grande partie de son temps à l’autoformation dont l’objectif est de propulser vers le sommet. Toutefois, cela ne fera pas trop de tort de consacrer peut être, un créneau d’une heure, pour se détendre à travers l’usage ou la lecture ‘de phrases brèves au service d’idées légères’, juste une façon élégante pour moi de faire allusion à certaines activités sur les réseaux sociaux. Mais sachez que parfois, cela ne conduit qu’à la ‘médiocrité’.

Tout compte fait, tout le monde est profondément convaincu que l’internet est un espace regorgeant d’information de toutes sortes. Fait étonnant, le savoir seul fera le filtrage de ces données puisqu’il existe une distinction entre ces deux notions. L’information à travers le numérique coule de source et son accumulation s’effectue aisément. Tandis que le savoir, est une architecture entre les hypothèses, les idées, les concepts, qui donneront naissance à une vision d’ensemble. A ce stade, l’humilité est de rigueur pour pouvoir épurer l’information afin d’arriver à cette vision.

Ensuite, la compétence est toujours appréciée au sein d’une entreprise ou d’un groupe quelconque. La personne la plus compétente, le plus souvent, est considérée comme la ‘reine du pétrole’. A ce niveau, une prise de conscience s’impose pour que l’individu en question ne froisse pas ses semblables. C’est pourquoi Rabelais écrivait que : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

En réalité, il n’y a pas que la compétence technique qui compte. Il y a également la compétence relationnelle, laquelle est considérée comme la clé de certains dispositifs. Fait intéressant, dans la race humaine, aucun déficit d’intelligence n’est enregistré. Certes, chacun a ses forces. Chacun a ses faiblesses. Quelqu’un peut ne pas posséder des connaissances techniques dans un domaine précis, mais excelle ailleurs. Chose merveilleuse, l’être humain est comme il est avec des échelles d’actions différentes. Ce sont tout simplement les arts de la vie.

Généralement, quand quelqu’un jouit d’une santé robuste, il n’est pas trop conscient de cette richesse. Alors, il serait toujours mieux d’être au beau fixe. Pour y parvenir, il est souhaitable, par exemple, qu’à partir de la quadragénaire de pratiquer l’humilité à propos de la consommation du sel, du sucre, des matières grasses, de la viande rouge notamment et de les remplacer par le poisson, les fruits, les céréales, les légumes pour ne citer que ceux-là. Puis, l’exercice physique, le contrôle régulier de la tension artérielle, la pression sanguine, le cœur tout cela doit se pratiquer de façon régulière.

De surcroit, l’humilité devrait se faire remarquer même au sujet du numéraire lequel est absolument considéré comme le nerf de la guerre. Oui, il serait bon d’éviter toutes dépenses futiles lesquelles détiennent l’unique objet de plaire aux gens ; souvent, ces derniers ignorent la détresse intime de la personne qui veut se montrer.

Il est important de clarifier que l’humilité ne doit pas être mal interprétée. L’élégance, le maintien, la bonne éducation, le savoir vivre, le respect de la séniorité doivent être toujours au rendez-vous. En d’autres termes, être humble, c’est ne pas se croire inférieur aux autres ; c’est ne pas oublier les bonnes manières. Etre humble ne signifie en aucun cas de nous prosterner devant les autres et n’accepter que des miettes. Etre humble au contraire, c’est se comporter dignement tout en respectant les règles du jeu en tant qu’une personne à part entière.

Certainement, l’humilité ne fait pas partie du matériel génétique qui intervient dans la formation d’un nouvel être. Si le quotient intellectuel peut être hérité, l’humilité en revanche, ne vient que de l’expérience. Chers ainés, avec une posture mentale garnie de patience, faites preuve d’indulgence envers les jeunes, car avec le temps et l’expérience, ils finiront eux aussi par pratiquer la douceur. N’oubliez pas qu’une personne qui rentre dans la vie où la seule grille de lecture n’est pas l’humilité, rencontrera coûte que coûte un concert de soucis.

A l’heure actuelle, aucun blanc-seing n’est accordé à personne. La modestie en revanche a bénéficié de l’approbation de tous au premier abord et demeurera une qualité attrayante en tout temps.

En vérité, l’amour, la solidarité, l’empathie, l’altruisme, la positivité et les autres qualités constructives s’installeront dans un esprit humble.

Ainsi, Marie Curie, première femme à avoir reçu un prix Nobel et la seule femme à en avoir reçu deux (Physique et Chimie), a refusé de tirer profit de ses découvertes par des brevets. Elle était d’avis que les connaissances scientifiques doivent être librement partagées. D’autre part, Molière était dans ses débuts de carrière, un comédien ambulant parce qu’il transportait son théâtre de ville en ville et déclamait ses pièces devant ceux qui voulaient l’entendre. Ce geste de générosité au final, l’a rendu célèbre. C’est dans cet ordre d’idées qu’une rose est dérobée dans le pot de fleurs d’Aristote et pour faire le point sur le partage: « Un ami est une demi livre de sel partagée à force de prendre des repas ».

Evidemment, l’orgueil doit être mis de côté puisque la mission de tout un chacun est d’aimer et de se sentir heureux en donnant. Ceci procure un bien être qui ne peut s’acquérir ni par de l’argent, ni dans le cabinet d’un psychanalyste.

Pour l’heure, la générosité est mieux définie. Elle ne comprend pas que de l’argent. La générosité de soi, celle de l’âme et du cœur, est aussi incluse. A cet effet, certains ont choisi de s’occuper des personnes âgées vivant dans les parages de chez eux ; d’autres, la transmission des valeurs, le don du temps, l’éducation des enfants dans une perspective de curiosité, l’esprit d’entreprendre, la bienveillance, le sourire ; tout ceci fait partie de l’amour pour l’humanité. Jean VANIER disait que : « Il n’y a personne d’assez pauvre pour n’avoir rien à donner ; personne d’assez riche pour n’avoir rien à recevoir ».

Tout compte fait, dans un élan d’humilité, il serait souhaitable que tous lecteurs placent la main droite sur leur cœur en vue de répéter en signe d’engagement l’énoncé qui suit : ‘La période d’arrogance, que je respecte, est désormais une expérience lointaine dans ma vie passée. Actuellement, c’est la sagesse, la générosité, l’amour, la simplicité, le respect, le partage, la douceur que je m’engage à appliquer jusqu’à la fin de mes jours’.

Que l’humilité soit répandue comme une trainée de poudre car, un désert de modestie est constaté en ce bas-monde. Oui, ce bas-lieu crève de manque de douceur. En dernière analyse, cultiver l’humilité sept sur sept, c’est pratiquer l’humilité vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Allez, plein de tendresse pour vous en espérant que vous gardiez les deux pieds sur terre et surtout pas la tête dans les étoiles !

En toute humilité,