Crise du carburant en France | « Le pays est en colère »

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« Des files de voitures sur plusieurs kilomètres. Des engueulades. Des visages crispés, inquiets. Voici l’image que nous renvoie la France depuis quelques jours. Raison de ce bordel généralisé ? Une crise du carburant, qui pourrait se transformer en explosion sociale », écrit la Presse de Montréal.

Mercredi 19 octobre 2022 ((rezonodwes.com))–Dans le Nord et en Île-de-France (autour de Paris), près de la moitié des stations manquaient d’essence cette semaine, et près d’un tiers à l’échelle du pays, soit environ 29 % des pompes en rupture de stock total ou partiel. Les livraisons n’arrivent qu’au compte-gouttes ou pas du tout, tandis que les automobilistes, contrariés, cherchent des façons de remplir leur réservoir, ce qui suscite beaucoup de tensions à la pompe… et pas mal de stress dans l’exécutif, qui craint l’explosion sociale.

Pourquoi les stations sont-elles à sec ?

Fin septembre, la multinationale TotalEnergies a décrété une baisse des prix de 20 centimes d’euros par litre, qui a entraîné une affluence plus importante dans ses stations d’essence. Cette prime s’ajoutait à la remise supplémentaire de 30 centimes, financée par l’État, qui doit être appliquée jusqu’à la fin de l’année. Ces deux ristournes combinées ont provoqué une hausse de la demande de carburant.

À cette augmentation s’est ajouté un mouvement de grève chez les employés des raffineries et des dépôts de carburant chez TotalEnergies et d’Esso-ExxonMobil, qui réclament des hausses salariales, ainsi qu’une prime sur la redistribution des profits pharaoniques de leurs entreprises (17,9 milliards pour Exxon et 5,7 milliards pour Total au 2trimestre 2022). Ce débrayage a eu pour effet de retarder et limiter les livraisons dans les stations d’essence, ce qui a entraîné une pénurie qui provoque la grogne des automobilistes.

Peut-on parler d’une crise sociale, comme celle des gilets jaunes ?

Pas pour l’instant. A priori, il s’agit d’abord d’une grève classique « à la française », pilotée par les syndicats. Mais personne ne sait jusqu’où elle ira.

Dominique Andolfatto, professeur de science politique à l’Université de Bourgogne (Dijon), note que la situation est potentiellement inflammable « du fait de son impact sur l’approvisionnement en carburant, et donc sur l’économie et une partie de la population ».

La crise a pris rapidement une dimension politique et polarise l’actualité.

Les tensions sont alimentées par les syndicats (CGT en tête) et une partie de l’opposition de gauche (le parti La France insoumise), qui appellent de leurs vœux une mobilisation à plus large échelle.

Des manifestations contre la vie chère ont eu lieu dimanche dans le pays et les syndicats appellent à une grève générale mardi, avec d’autres secteurs professionnels comme les cheminots, les chauffeurs de métro et d’autobus, la fonction publique.

Ce n’est pas la première fois que la France est secouée de la sorte. Mais pour l’historien Michel Pigenet, spécialiste du travail et des mouvements sociaux, le contexte actuel pourrait être plus favorable aux débordements.

« Il y a des traditions, mais en même temps, je crois qu’il y a quelque chose de plus âpre, dit-il. Le pays est en colère et il est inquiet. Il y a quelque chose de plus profond. Une accumulation de mécontentements. La crainte des nouvelles internationales. Les horizons se sont un peu bouchés. »

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