Edito | Il faut libérer Haïti des criminels au pouvoir et des gangs armés

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Ariel Henry n’a rien fait pour contrecarrer les bandits qui sont la créature du PHTK, de Joseph Michel Martelly/ Laurent Lamothe à PHTK3, en passant par Jovenel Moïse.

« Le pays en a déjà trop des gangs armés, mais également d’Ariel Henry et de son équipe ». Le blocage de Varreux est rendu possible par les criminels au pouvoir, en étroite collaboration avec les gangs armés œuvrant en synergie, dans le cadre d’un complot international contre le peuple haïtien.« 

Comment expliquer l’inaction du gouvernement face à l’occupation effective, par le gang de Village de Dieu, du Palais de Justice de Port-au-Prince?

Haiti-Observateur – Editorial

New York, mercredi 12 octobre 2022 ((rezonodwes.com))–

L ’appel à une intervention militaire étrangère lancé par le Premier ministre de facto Ariel Henry, illégalement autorisé par un Conseil des ministres, a déclenché l’opposition quasi unanime de nombreux secteurs. Les dénonciations fusent de toutes parts l’accusant d’anti patriote, mais collectivement de trahison envers le pays et de lèse souveraineté. D’aucuns vont même jusqu’à dénoncer le Dr Henry d’avoir continué le programme de Jovenel Moïse ayant conditionné la situation sécuritaire du pays par rapport à sa requête du vendredi 7 octobre, en livrant totalement le pays à la merci des gangs armés. Voilà un imbroglio dont il ne sera pas facile d’en sortir.

Il semble que cette demande soit le résultat d’une entente préalablement établie, tout comme la dénonciation des gangs armés prenant en otage des opérations de livraison du carburant par le Terminal Varreux et les oligarques, ainsi que les politiciens qui les financent. Car, dans la foulée de cette requête, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonió Guterres, n’a pas tardé à l’avaliser. Se déclarant hautement préoccupé par le blocage de l’accès à ce centre de stockage par les « G-9 en famille et alliés», dirigé par Jimmy Chérzier, alias Barbecue, il a exhorté les pays concernés à prendre des décisions immédiates à ce propos. Aussi encourage-t-il la communauté internationale, surtout le Conseil de sécurité, à se pencher, « en urgence », sur la requête du Dr Henry pour que soit déployée prochainement une force armée internationale spécialisée. Celle-ci aura pour mission de contrer les malfrats empêchant l’arrivée des camions citerne sur le site, à Chancerelles (Cité-Soleil), du plus important centre de stockage de produits pétroliers d’Haïti.

Réagissant, pour sa part, à la situation d’urgence née de l’indisponibilité d’essence dans les pompes, l’administration américaine a émis un communiqué allant dans le même sens que la prise de position du secrétaire général de l’ONU. Dans un communiqué rendu public, le 8 octobre, on peut lire ceci : « (…) Le gouvernement américain suit de près l’aggravation de la situation sanitaire et sécuritaire en Haïti, en particulier les actions en cours des acteurs criminels qui entravent les mesures urgentes pour faire face à la menace posée par la propagation du choléra à la population haïtienne».

En ce qui concerne la requête du Dr Henry concernant le déploiement d’une force militaire internationale spécialisée sur le territoire haïtien, le document souligne : « Dans ce contexte, nous examinerons la demande du gouvernement haïtien, en coordination avec les partenaires internationaux, et déterminerons comment nous pouvons accroître notre soutien pour aider à faire face à la pénurie de carburant et aux contraintes de sécurité en Haïti, qui perturbent le flux de l’aide humanitaire et le soutien aux mesures de sauvetage visant à stopper la propagation du choléra ».

Revenant sur le dossier, dans une lettre adressée au Conseil de sécurité, le secrétaire général suggère la recette suivante : « Déploiement d’une force d’intervention rapide composée de personnels militaires d’un ou de plusieurs nations, en vue d’aider la Police nationale d’Haïti à assurer la distribution de carburant et d’eau de nouveau dans le pays ». Dans cette même lettre M. Guterres écarte « toute possibilité d’une force de maintien de la paix des Nations Unies».

De toute évidence, constatant le fait que les forces de sécurité haïtiennes étaient débordées par les gangs armés, une situation créée de toutes pièces par les dirigeants du pays ne faisant rien pour neutraliser ces derniers, Ariel Henry et ses collaborateurs ruminaient longuement l’idée d’une intervention exogène. Mais sachant comment l’humeur haïtienne est quasi collectivement allergique à l’ingérence armée étrangère, ils se contentaient d’entreprendre leurs démarches en vase clos. Il est donc curieux que ce fameux « Conseil des ministres » se soit déroulé après l’intervention de l’ancien ambassadeur américain Pamela White, par-devant le Comité des Affaires étrangères du Congrès américain.

En effet, lors de sa prestation, le 29 septembre, à la séance organisée sur la crise à laquelle se trouve confronté notre pays, en présence des parlementaires étatsuniens, Mme White a plaidé en faveur du déploiement d’ « une force spéciale en Haïti ». Et elle soutient : « Il doit y avoir une force composée de professionnels formés capables de s’imposer aux bandits. Peu importe qu’ils soient des mercenaires, des soldats de l’ONU ou d’anciens policiers de New York ». Selon la diplomate, le rétablissement d’un climat sécuritaire constitue un pas-sage obligé, avant la solution à tous les autres problèmes du pays. Et Pamela White d’ajouter : « Si l’administration Biden ne parvient pas à se donner des moyens de ramener la sécurité, d’abord, dans les rues, avant de fournir une aide humanitaire, au minimum, des millions d’Haïtiens mourront de faim ».

Curieusement aussi, l’un des architectes des gangs armés, pour les avoir dotés de leurs premières armes qu’il avait fait importer d’Israël, Laurent Salvador Lamothe, a jugé opportun, comme par hasard, d’intervenir, lui aussi, dans le dossier. Jonglant avec ce sujet, à l’instar d’Ariel Henry voulant donner le change par rapport à leur vraie intention, il prétend repousser farouchement une telle proposition. Il dit opter pour « une unité de force internationale antigang pour renforcer la Police et les Forces armées d’Haïti ».

Dans son message diffusé sur les réseaux sociaux, particulièrement sur « WhatsApp », il demande au gouvernement de doter les forces de l’ordre de matériels et d’équipements adéquats pour faire face aux bandits armés. Alors qu’il exhorte la communauté internationale à aller vite en besogne pour fournir une formation appropriée à la Police. Il est inconcevable, selon lui, qu’en moins de quinze mois, au moins 1 500 cas de kidnapping ont été recensés. « Face à cette situation inquiétante », raisonne-t-il, « le pays risque de s’effondrer si rien n’est fait ».

Tous les paramètres mis dans leurs contextes, les gangs armés sont la créature du PHTK, de Joseph Michel Martelly/ Laurent Salvador Lamothe à Ariel Henry, en passant par Jovenel Moïse. Ils ont tous œuvré pour leur épanouissement à long terme, leur pourvoyant en armes et munitions, en sus de leur assurer l’impunité. Quand bien même certains voudraient faire du Premier ministre de facto l’ennemi des gangs, son comportement à leur égard contredit une telle proposition. Car il suit à la lettre la politique de son patron d’outre-tombe, par rapport aux criminels.

Certes, depuis qu’il a pris logement à la primature, le 20 juillet 2021, à la faveur du CORE Group, sous la baguette magique de Washington, le faisant supplanter Claude Joseph, Ariel Henry n’a rien fait pour contrecarrer les bandits. Témoin de la prise du contrôle de Martissant par les gangs armés y faisant la pluie et le beau temps, Jovenel Moïse est mort assassiné lui laissant cette situation de crise. Alors que, selon Laurent Lamothe, le rétablissement de la sécurité dans le pays constitue une des tâches à lui confié, à côté de la tenue des élections et d’un référendum sur la Constitution, rien n’a changé, après plus d’un an. La capitale est, de ce fait, restée coupée en permanence de quatre départements du pays et une partie d’un cinquième. Et M. Henry n’affiche même pas une prétention de vouloir déloger les criminels armés, qui ne cessent de perpétrer des exactions sur la population: braquage, assassinats, viol, vol et kidnappings à répétition.

Sans aucune réaction de la part des dirigeants, les malfrats mènent des attaques meurtrières sur qui il veulent, quand ils veulent et où ils veulent. Comment expliquer l’inaction du gouvernement face à l’occupation effective, par le gang de Village de Dieu, du Palais de Justice de Port-au-Prince, après l’avoir pillé, saccagé les bureaux, y compris ceux des juges, en sus d’emporter les documents juridiques et légaux, ainsi que tout le mobilier, qui était immédiatement mis en vente publiquement ?

Dans le cadre des rivalités entre gangs armés, des affrontements se déroulent sans interruption, faisant des douzaines de morts et encore plus de blessés, y compris de nombreuses maisons délibérément incendiées. Les victimes sont de toutes catégories sociales. Pas moins d’une quinzaine de personnes, dont un ex-sénateur, une mère de famille et ses deux filles, ont été exécutés avant que leurs cadavres ne soient livrés aux flammes. Cette semaine encore, le gang de Village de Dieu, qui partage, avec deux autres groupes armés, le contrôle de Martissant, au sud de la capitale, a dirigé une attaque contre les Moulins d’Haïti (ci-devant Minoterie d’Haïti), sur la Route nationale numéro 1, au nord de la capitale, en vue d’étendre ses tentacules sur cette zone.

De toute évidence, l’indisponibilité du carburant, en raison du blocus de l’accès au Terminal Varreux, le plus grand centre de stockage de produits pétroliers du pays, par Jimmy Chérizier (Barbecue) et ses hommes, ne constitue pas un hasard. Le gang « G-9 en famille et alliés» avait mené antérieurement, avec impunité, d’autres opérations du même genre.

En clair, donc, Chérizier n’avait pas besoin de crier gare, il fallait s’attendre à sa prochaine attaque. Il restait simplement à en déterminer la nature et la cible. Ce qui est aussi vrai pour toutes les bandes de malfrats armés opérant en Haïti. En ce qui les concerne, il faut dire que cette situation est rendue possible par les criminels au pouvoir, en étroite collaboration avec les gangs armés, œuvrant en synergie, dans le cadre d’un complot contre le peuple haïtien.

Rappelons, pour mémoire, que les expériences d’interventions militaires étrangères imposées à Haïti, dans le passé, n’ont pas été nécessairement bienfaisantes. Le sentiment de rejet, voire de révolte, exprimé par de larges franges de la société haïtienne, à sa simple évocation, témoigne de ce qui attend une autre intervention infligée au pays. Surtout que, déjà, ils sont légions les expressions de dénonciations de cet acte antipatriotique d’Ariel Henry.

Indéniablement, le pays en a déjà trop des gangs armés, mais également d’Ariel Henry et de son équipe. Si la communauté internationale souhaite faire œuvre qui vaille, pour Haïti, dans cette conjoncture en passe de devenir apocalyptique, qu’elle crée les conditions pour en finir, une fois pour toutes, avec les deux catégories de bandits. La nation lui sera reconnaissante !

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