Après avoir trouvé un bébé abandonné dans une poubelle, en 2017, cet étudiant de l’université de Texas, un natif des Gonaives, a choisi la paternité. Houston Chronicle raconte l’aventure de Jimmy Amisial, à l’époque Port-au-Prince n’était pas ceinturé par les gangs.
Emilio aura 5 ans à la fin du mois d’août.
Jimmy Amisial, un étudiant universitaire basé au Texas, se rendait à pied à une fête de réveillon en 2017 alors qu’il rendait visite à sa famille en Haïti, lorsqu’il a remarqué une foule de personnes rassemblées autour d’un tas d’ordures. Ce qu’il a vu en s’approchant des badauds l’a écrasé : un petit garçon de 3 mois en pleurs, couvert de fourmis et allongé sur le dessus des ordures.
« Je regardais cette précieuse âme vivante, qui pleurait, et mon cœur est tombé dans ma gorge« , a déclaré Amisial, qui avait 22 ans à l’époque.
Amisial a pris le bébé et l’a ramené chez lui. Il a signalé l’incident à la police, qui a fait un rapport sur le bébé abandonné. Les autorités ont déclaré qu’Amisial pourrait devenir le tuteur de l’enfant. Amisial n’est pas sûr – il se tourne et se retourne la nuit, doutant de sa capacité à être père – mais il finit par accepter et nomme le garçon Emilio Angel Jeremiah.
« J’ai fait un acte de foi en faisant cela, même si je ne savais pas ce que j’allais faire« , a déclaré Amisial.
Près de cinq ans plus tard, Amisial se bat pour devenir le père adoptif d’Emilio – et lui offrir une vie meilleure, potentiellement aux États-Unis. Emilio vit actuellement avec la mère d’Amisial, Elicie Jean, en Haïti.
« J’aimerais pouvoir lui montrer de l’amour et être financièrement stable, finir l’école et pouvoir prendre soin de lui et lui montrer comment être génial, lui montrer l’amour, comment être gentil avec les gens« , a déclaré Amisial.
Dans une collecte de fonds en ligne, Amisial a recueilli la quasi-totalité de son objectif de 60 000 $ pour payer le gouvernement haïtien pour l’adoption coûteuse. Le processus a commencé en 2019 et Amisial espère que l’année prochaine, il sera officiellement le père d’Emilio.
Il a déclaré que les fonds excédentaires seront utilisés pour la scolarisation d’Emilio en Haïti, pour soutenir l’orphelinat local dans la ville d’Emilio et éventuellement pour aider à payer Amisial pour terminer son éducation.
Emilio aura 5 ans à la fin du mois d’août. Lui et Amisial se parlent par WhatsApp plusieurs fois par semaine. Emilio apprend l’espagnol en plus du créole haïtien et étudiera l’anglais cette année. Selon Amisial, le petit bavard adore jouer au basket et au football et a déjà appris le mot « essayer ».
« Il est très amusant », a déclaré Amisial, qui a maintenant 27 ans. « Il me manque vraiment et j’ai hâte de le voir. Dès que j’aurai l’occasion d’y retourner, je le ferai. »
Amisial s’est appuyé sur sa mère pour s’occuper d’Emilio pendant qu’il étudiait au Texas, d’abord au Texas Independent Baptist Seminary and Schools à Livingston, puis à la Texas State University à San Marcos, où il vit et espère que sa famille pourra bientôt le rejoindre.
Emery Sokoudjou, l’un des copains d’Amisial à l’université d’État du Texas, a déclaré que son ami avait le plus grand cœur de tous ceux qu’il a rencontrés.
Il espère que l’histoire d’Amisial et d’Emilio sera une source d’inspiration pour les autres.
« Je lui ai toujours dit : « Ton histoire devrait être connue. Il ne s’agit même pas de l’aspect financier (les dons), mais de l’aspect social. Nous vivons dans un monde tellement centré sur les médias sociaux que nous en avons oublié l’aspect humain« , a déclaré M. Sokoudjou.
La détérioration de la situation en Haïti inquiète Amisial pour la sécurité de sa famille et lui fait se demander si son rêve d’ouvrir son propre orphelinat en Haïti se réalisera.
« J’aimerais être en Haïti en ce moment », dit-il, mais il pense que la décision la plus prudente est de rester aux États-Unis pour le moment, où il est en sécurité et où il peut envoyer de l’argent à Emilio.
Malgré les défis logistiques qui l’attendent, Amisial dit avoir été époustouflé par l’afflux de soutien financier sur la page GoFundMe de la part de donateurs du monde entier, comme Jason Wians, pour soutenir le voyage de sa famille.
« J’étais volontaire du Corps de la Paix en Haïti, aux Cayes. Je n’ai pas adopté d’enfant mais j’ai pu faire sortir d’Haïti un très bon ami qui vit sa meilleure vie maintenant. Bonne chance pour tout », a déclaré Wians.
Plus de mille personnes ont fait des dons à Amisial.
« Le monde peut se connecter par l’amour ou la gentillesse« , a déclaré Amisial. « Je n’ai jamais pensé que j’avais fait quelque chose qui pouvait connecter le monde comme ça« .
source: Houston Chronicle
