L’ex-sénatrice Edmonde Beauzile a-t-elle pris le temps de se regarder dans le miroir en acceptant de venir jouer le dindon de la farce sur la scène politique haïtienne quand, en février 2021, elle était contre toute idée de CONSULTATION POPULAIRE? Qu’est-ce qui a bien changé aujourd’hui?
Ak ki figi, Madan Beauzile pral mande MONTANA fòk yo fè CONSULTATION POPULAIRE? En ce sens, la commission Ariel n’est-elle pas mort-née si les anciens membres de DIRPOD (André Michel, Edmond Supplice Beauzile, Marjorie Michel…) arrêteraient de tergiverser. NOU MANJE MANJE BLYE TWòP !
Sénatrice Beauzile de DIRPOD: « Le fichier national d’identification des citoyens et des électeurs a été détruit et le pouvoir a passé de manière frauduleuse un marché pour l’acquisition d’un nouveau système contesté qui fonctionne dans une totale opacité et est parvenu après plus de deux ans à fournir une carte à seulement 55% des citoyens en âge de voter« .
NON AU REFERENDUM-BIDON INCONSTITUTIONNEL
FLASHBACK –
Haïti : L’opposition écrit à la Présidente du conseil de sécurité des Nations-Unies

Madame Barbara WOODWARD Présidente
Conseil de Sécurité des Nations-Unies (ONU) New York, États Unis d’Amérique
En ses bureaux. –
Madame la Présidente,
Les partis et regroupements de partis politiques regroupés au sein de la Direction politique de l’Opposition Démocratique (DIRPOD) ont constaté que l’Organisation Mondiale a une lecture erronée ou est insuffisamment informée de la complexité de la crise politique et constitutionnelle que traverse la République d’Haïti. Ceux qui s’expriment au nom des Nations Unies donnent la désagréable impression de répéter la propagande de l’ancien président et de refuser obstinément de prendre en considération dans leur analyse, les dispositions légales et constitutionnelles qui indiquent de manière claire et non équivoque que le 7 février 2021 est la date de la fin du mandat du président.
La DIRPOD s’étonne du silence du rapport du Secrétaire Général au Conseil de Sécurité sur les fondements constitutionnels et légaux des prises de position de toutes les institutions représentatives des forces vives de la nation sur cette question essentielle. Qu’il s’agisse de la Conférence Épiscopale catholique, des Fédérations et Conférences du secteur protestant, des vodouisants, des associations de défense des droits de la personne, du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire, de la Fédération des Barreaux d’Haïti, des universitaires, des médias, des syndicats ou de l’immense majorité des partis politiques, d’universitaires américains, de parlementaires américains et européens, ou des grandes internationales comme la Conférence Permanente des Partis Politiques de l’Amérique Latine et des Caraïbes (COPPPAL) et l’Internationale Socialiste (IS). Tous ont la même lecture des articles 134.2 de la Constitution haïtienne et 239 du Décret électoral de 2015 et ont abouti à la même conclusion qu’indiscutablement le mandat de Jovenel Moïse a pris fin le 7 février dernier. Toute tentative de prétendre le contraire constitue un accroc aux principes démocratiques, ce qui ne cadre pas avec les idéaux défendus dans la Charte des Nations Unies.
Les démocrates haïtiens tiennent à faire savoir aux membres du Conseil de Sécurité qu’ils ne veulent plus de cette démocratie au rabais qui leur est imposée depuis trop longtemps par la communauté internationale. La démocratie ne saurait se limiter à l’organisation d’élections fussent-elles frauduleuses. Le problème haïtien est bien plus complexe et mérite que l’on prête sans condescendance, un peu plus d’attention à ce que pensent et disent les nationaux.
Il importe que ceux qui au Conseil de Sécurité se penchent sur le dossier de la crise haïtienne gardent à l’esprit les quelques faits suivants :
• Si nous en sommes là aujourd’hui, c’est parce que le président qui a la responsabilité de veiller au bon fonctionnement des institutions, a délibérément choisi de les saboter. Il n’a organisé aucune des sept (7) élections prévues par la constitution en 2017 pour un tiers des sénateurs, en 2019 pour un second tiers des sénateurs et pour les députés, en 2020 pour les élus locaux, les maires et les assemblées locales et pour le président de la république. Conséquences, depuis le mois de janvier 2020 nous n’avons plus de parlement et le président gouverne par décret sans avoir de compte à rendre à quiconque. Et il profite de cette situation pour s’affranchir de tout contrôle financier et pour introduire illégalement des changements liberticides dans le corpus juridique national.
• Dans le cadre de ses dérives dictatoriales et en dépit du bon sens l’ex-président s’est attaqué au pouvoir judiciaire en arrêtant un juge de la Cour de Cassation, en en révoquant trois, qui soit dit en passant sont réputés inamovibles et en les remplaçant en violation des prescrits constitutionnels. Par ailleurs le mandat de plusieurs juges d’instruction travaillant sur des dossiers embarrassants pour le pouvoir, n’a pas été renouvelé.
• Les libertés publiques et le droit d’expression sont bafoués. L’ex-président n’hésite pas à menacer d’élimination physique ceux qui osent se mettre en travers de sa route ou refusent d’obtempérer à ses injonctions. Les manifestations sont sauvagement réprimées. Des étudiants et même des journalistes sont délibérément ciblés par les agents de police qui font un usage disproportionné de la force. Des proches du pouvoir ont été jusqu’à cribler de balles un jeune motocycliste participant à la dernière marche pacifique et ensuite, selon des témoins, ils l’ont brûlé avec sa moto alors qu’il était encore en vie.
• Le président qui a juré de respecter et de faire respecter la constitution, s’est arrogé le droit de la mettre de côté et d’en préparer une nouvelle en vue de changer le régime politique et de renforcer considérablement les pouvoirs du président.
• Il a placé à la tête d’institutions importantes comme la banque centrale (BRH), la Banque nationale (BNC), la Police Nationale (PNH), des responsables intérimaires alors qu’ils auraient dû obtenir l’onction parlementaire. Ce qui les fragilisent et les mettent à la merci de l’humeur du président qui peut ainsi les contrôler et obtenir d’eux qu’ils obéissent à ses ordres même illégaux.
• Le Conseil Électoral Permanent (CEP) n’a jamais été constitué. A sa place le président a créé un CEP provisoire à sa solde. Qui plus est ce CEP fonctionne sans avoir jamais prêté serment par devant la Cour de Cassation comme l’exige la constitution. Tout scrutin organisé par ce CEP sera contesté et débouchera forcément sur une prolongation de la crise politique.
• Le fichier national d’identification des citoyens et des électeurs a été détruit et le pouvoir a passé de manière frauduleuse un marché pour l’acquisition d’un nouveau système contesté qui fonctionne dans une totale opacité et est parvenu après plus de deux ans à fournir une carte à seulement 55% des citoyens en âge de voter.
• Des pans entiers du territoire sont sous le contrôle de gangs armés qui sont manifestement protégés par des proches du pouvoir qui les financent et les approvisionnent en armes et en munitions. Il faut aussi noter la création d’une nouvelle milice, la Brigade de Surveillance des Aires Protégées (BSAP), qui est mieux armée que la PNH.
• Des rapports des Nations Unies ont confirmé les résultats des enquêtes des organisations nationales de défense des droits de l’homme sur les massacres perpétrés par des gangs armés dans les quartiers populaires avec la complaisance ou la complicité de la police. Des individus dénoncés dans ces rapports jouissent d’une totale impunité.
• Last but not the least, les dilapidateurs des fonds du programme Petrocaribe n’ont jamais été inquiétés par la justice. Ils semblent de préférence bénéficier de la protection du pouvoir
Il doit être clair pour tous que les démocrates haïtiens combattront de toutes leurs forces le référendum constitutionnel programmé par le pouvoir de facto. Ils n’accepteront pas non plus de participer à des pseudo-élections législatives, locales et présidentielles organisées par un tel régime avec un tel organe électoral. La mise en place d’un pouvoir de transition est un passage obligé qui devrait obtenir le soutien des vrais amis du peuple haïtien qui veulent voir un rétablissement des institutions démocratiques et un changement durable dans la façon de conduire les affaires politiques dans le pays.
La DIRPOD avec divers acteurs politiques de l’opposition et des secteurs organisés de la société civile ont réussi le 31 janvier dernier, ce que beaucoup d’observateurs croyaient impossible. Ils ont signé un accord sur les mécanismes de mise en place de la gouvernance de la prochaine transition et sur l’agenda de celle-ci qui doit aboutir à l’organisation d’élections libres, inclusives et démocratiques dès que ce sera techniquement et sécuritairement possible.
La DIRPOD et tous les démocrates haïtiens espèrent que cette fois-ci, nos amis de la communauté internationale respecteront le choix des nationaux et les accompagneront dans la concrétisation de leur projet national qui passe par le départ immédiat de l’ex-président dont le mandat a pris fin le 7 février 2021 et ne peut en aucun cas être prolongé.
La DIRPOD vous prie, Madame la Présidente, de partager cette correspondance avec les autres membres du Conseil de Sécurité avant la présentation du dernier rapport du Secrétaire Général. Elle saisit l’occasion pour vous renouveler, Madame la Présidente, les assurances de sa haute considération.
Port-au-Prince, le 18 février 2021
Suivent les signatures :
Sénateur Youri Latortue
Sénatrice Edmonde Supplice Beauzile
Sénateur Edgard Leblanc Fils