Samedi 25 juin 2022 ((rezonodwes.com))– Dans sept districts scolaires de la région métropolitaine de Port-au-Prince et dans le district scolaire de Ganthier, les actes de violence affectent gravement le fonctionnement des écoles. C’est ce que révèle une enquête du ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), réalisée du 18 avril au 10 mai écoulé ; opération soutenue par le Fonds des nations unies pour l’enfance (UNICEF).
Sur un total de 3000 écoles ciblées dans le cadre de cette études, les 80 inspecteurs mobilisés dans les districts scolaires de Cité-Soleil, Croix-des-Bouquets, Delmas, Port-au-Prince/Nord, Port-au-Prince/Sud, Pétion-Ville 2, Tabarre et Ganthier n’ont pu évaluer la situation de 976 écoles, encore à cause de la violence armée.
Les résultats
Selon les principales informations tirées de l’analyse des données collectées : 55 000 enfants ne sont pas retournés à l’école depuis avril dernier, situation affectant le travail de près de 2000 enseignants.
54 écoles, soit 5,5%, ont été contraintes de fermer leurs portes depuis plusieurs mois alors que 239 écoles, soit 24% de l’échantillon, sont perturbées dans leur fonctionnement. Trois facteurs expliquent la fermeture ou le dysfonctionnement de ces écoles : rivalités entre les groupes armés ; affrontements entres les groupes armés et la police nationale ; difficultés pour les enseignants d’accéder à leurs lieux de travail (routes bloquées par les groupes armés ; barrages dressés par la police ou la mairie ; amoncellement de déchets sur la voie publique).
Parmi les 239 écoles fermées ou dysfonctionnelles, 8% sont occupés soit par des groupes armés, soit par des refugiés ou déplacés, soit par d’autres personnes.
Sur les 976 écoles concernées par cette enquête, 290 ont été attaquées directement par les membres des groupes armés. Et parmi les 290, 60% d’entre elles, soit 174 écoles, ont été victimes d’actes de vandalisme : perte de matériels didactiques, d’archives, de mobiliers, etc.
Les dégâts touchent également les murs de clôture et les bâtiments scolaires dont 7 ont été totalement détruits.
Nécessité de poursuivre le dialogue communautaire pour la réouverture de toutes les écoles
Selon le ministre Nesmy Manigat, il était important de disposer de ces données afin d’avoir une idée plus proche, – mais encore partielle -, de la situation scolaire dans ces zones gangrenées par la violence armée. Est-ce pourquoi, le ministre reste convaincu de la nécessité de poursuivre le dialogue communautaire afin de renforcer les initiatives ayant permis la reprise des activités au lycée national de la Saline, au lycée Daniel Fignole, au lycée de Cité-Soleil, à l’école nationale de Boston (Cité-Soleil), à l’école nationale d’Application de Martissant et à l’école nationale République du Pérou (Martissant).
Ce mouvement porté par le leitmotiv « #LekòlPaKaTann » doit toucher d’autres communautés autant qu’il est soutenu par les programmes de cours à distance notamment via les émissions de Radio Télé Educative (105.3 en FM) offrant, du lundi au vendredi, la possibilité aux élèves de continuer à apprendre même s’ils se trouvent en dehors d’une salle de classe.
L’appel de l’UNICEF
Au cours de la présentation des résultats de cette enquête, le représentant de l’UNICEF en Haïti a déclaré avoir une pensée spéciale pour les enfants, les parents, les personnels pédagogiques et administratifs des écoles qui sont profondément affligés par ces actes de violence. Certains ont été kidnappés, d’autres ont été contraints d’abandonner leurs maisons, et du nombre beaucoup ont dû se réfugier dans des sites de déplacés précaires, a reconnu Bruno Maes.
Le numéro Un de cette agence onusienne en Haïti a tenu à rappeler aux protagonistes de cette violence aveugle l’urgence de protéger le droit à l’éducation des enfants.
Sans délai, a poursuivi Bruno Maes, les animateurs de ce climat de terreur doivent se rendre à l’évidence de l’importance d’établir un couloir humanitaire pouvant faciliter aux enfants de boucler l’année scolaire 2021-2022 et de revenir à l’école en septembre prochain en toute sécurité. Il s’agit bien d’un droit que toute la société est appelée à garantir et d’un devoir qu’elle ne saurait négliger, a-t-il soutenu.
Bureau de communication / MENFP