par RNDDH
Lundi 13 juin 2022 ((rezonodwes.com))–
Le 4 janvier 2021 l’Hôpital Central de la Police Nationale situé à Bon Repos, commune de la Croix-des-Bouquets, a été inauguré partiellement. Son local moderne non encore achevé, compte des salles équipées d’au moins un lit, des chaises, une bonbonne d’oxygène ainsi qu’une petite table.
La salle d’urgence est aussi bien équipée. Un sous-commissariat est rattaché au bâtiment. Mais, de nombreux équipements ne sont pas encore installés.
Selon des personnes rencontrées par le RNDDH, le plan initial était de construire un hôpital, conçu et équipé de manière à être autonome et à pouvoir produire de l’oxygène.
Equipements stockés
Tout de suite après son inauguration, l’Hôpital Central de la Police Nationale avait commencé à recevoir des patients-tes policiers. Cependant, en juillet 2021, le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) avait réquisitionné le bâtiment pour y installer un Centre de Traitement du Corona Virus.
Le 31 décembre 2021, le personnel qui accompagnait les personnes infectées par le Corona Virus est parti et a remis les clés.
Depuis 2022, aucune activité n’est enregistrée dans l’enceinte de l’hôpital. Pourtant, de nombreux policiers-ères malades ou fracturés ainsi que d’autres qui sont victimes lors d’opérations policières, galèrent pour se faire soigner. De plus, ils n’ont jamais cessé d’alerter sur leur couverture d’assurance maladie offerte par l’Office d’Assurance Accidents du travail, Maladie et Maternité (OFATMA), qui est loin d’être efficace. Selon leurs propres mots, un policier qui ne dispose pas de moyens financiers personnels, ne reçoit pas de soins de santé, même muni de la carte d’assurance-santé OFATMA.
COMMENTAIRES ET RECOMMANDATIONS
Depuis plusieurs années, il est constaté que l’institution policière ne peut faire face aux difficultés auxquelles est confrontée la population haïtienne : l’insécurité bat son plein, les bandits sont aux commandes et tous les citoyens-nes sont exposés, dont les policiers et policières eux-mêmes. Ils sont assassinés ou enlevés et séquestrés contre rançon, des postes de police ainsi que des patrouilles fixes ou mobiles sont attaqués par des bandits armés, leurs véhicules sont volés, etc.
En effet, du 17 juin 2021 au 6 juin 2022, au moins quarante-quatre (44) agents de la PNH ont été assassinés, vingt-et-un (21) d’entre eux, seulement du 1er janvier au 6 juin 2022, soit une moyenne de quatre (4) policiers par mois. Au moins onze (11) attaques armées de postes de police et de patrouilles fixes ou mobiles ont été enregistrées. Ainsi, la Police Nationale d’Haïti (PNH) ne peut assurer sa mission qui consiste à « protéger les vies et les biens », pour son propre compte.
A côté de tout cela, les conditions dans lesquelles les agents de la PNH sont appelés à travailler sont inacceptables : insuffisance de matériels d’intervention, locaux en mauvais état, absence de véhicules roulants d’une part, inefficacité de la couverture d’assurance-maladie et incapacité à trouver les soins de santé nécessaires, d’autre part.
Ces conditions difficiles de travail portent plusieurs agents-tes à déserter les rangs de l’institution policière. Ils sont en effet nombreux ceux qui, lorsqu’ils le peuvent, choisissent de se réfugier ailleurs, sans que cela ne semble alerter les autorités étatiques. Rien que pour le mois d’avril 2022, cinq cents (500) chèques environ ont été retournés à la direction du personnel de la PNH, pour acheminement au Ministère de l’Economie et des Finances, les concernés-es ne s’étant pas présentés en vue de les réclamer.
Les autorités policières rencontrées tant au niveau des différentes directions départementales qu’au niveau de l’Inspection Générale de la PNH, ont affirmé au RNDDH avoir une bonne connaissance des difficultés auxquelles l’institution policière fait face. Si pour quelques directions départementales, des changements sont en cours de planification, en vue de répondre à certains besoins des policiers-ères, pour
l’Inspection Générale de la PNH, des mesures de redressement sont en cours d’opérationnalisation en vue de redorer le blason de l’institution policière, d’améliorer les conditions de travail des agents-tes de la PNH et de fournir une assistance aux familles des policiers assassinés, au-delà des funérailles. Cependant, entre planification et opérationnalisation des changements, les policiers-ères continuent de faire les frais du fonctionnement bancal de l’institution.
Enfin, même si cet aspect n’est pas abordé dans ce document, il convient de souligner que des cas de suicide sont de plus en plus enregistrés dans les rangs de l’institution policière.
Fort de tout ce qui précède, le RNDDH recommande aux autorités étatiques de :
• Fournir moyens suffisants et adéquats aux policiers-ères pour l’accomplissement de leurs tâches : armes, munitions, gilets pare-balles, motocyclettes, véhicules de services, etc. ;
• Annuler la décision prise en Conseil des Ministres de soumettre à l’aval du Ministère de l’Economie et des Finances, les dépenses de la Direction Générale de la PNH, dépassant cinquante-mille (50.000) gourdes ;
• Assister les familles des policiers-ères assassinés, au-delà des funérailles ;
• Repenser la couverture d’assurance-maladie des policiers-ères ;
• Rendre fonctionnel l’Hôpital Central de la Police Nationale ;
• Mettre fin à l’alimentation en armes et en munitions des gangs armés qui attaquent continuellement les agents-tes de la PNH en particulier et la population en général ;
• Réviser les dossiers des policiers-ères contre lesquels des mesures arbitraires ont été prises entre 2019 et 2021.