Une relation symbiotique entre le pouvoir en place et les gangs armés

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le peuple haïtien n’est pas dupe par rapport à la vérité sur les gangs armés, une bande de criminels alliés aux décideurs du pays.

Les cris de détresse de la population, face à la montée des gangs armés, favorisée par les différentes administrations PHTK-Tèt Kale, au cours des quelque dix dernières années, ont été souverainement ignorés.

Samedi 19 mars 2022 ((rezonodwes.com))–

Depuis que les hommes illégalement armés ont perpétré leurs premiers actes criminels sur la population, les appels à une intervention musclée des forces de l’ordre pour faire régner la justice et l’ordre, en sus de maintenir un climat de paix, dans le pays, n’ont jamais eu de suite. Les cris de détresse de la population, face à la montée des gangs armés, favorisée par les différentes administrations, au cours des quelque dix dernières années, ont été souverainement ignorés. Voilà donc les citoyens pris pour cibles, en permanence, par les criminels, l’organisation de ces derniers ayant évolué, grâce au financement des différentes manifestations du pouvoir PHTKiste, qui les ont armés, pourvu en munitions, en sus de les rémunérer et d’empêcher qu’ils tombent victimes de la Police et d’autres acteurs préposés au maintien de l’ordre et au respect de la Constitution.

Déjà plus d’une décennie, a été lancé le premier cri d’alarme contre les criminels armés, qui se sont progressivement renforcés, jusqu’à devenir ce qu’ils sont aujourd’hui : une force criminelle tenant en respect la Police nationale et servant d’alliés aux dirigeants illégitimes du pays. Créés précisément par les leaders PHTKistes, en vue de terroriser ceux opposés au pouvoir et de restreindre les activités anti-gouvernementales, les bandits dirigent leur violence sur toutes les couches de la population. Au fil de ces années, bien que l’évocation de cette idée n’ait jamais provoqué une prise de conscience chez les dirigeants, le peuple haïtien n’est pas dupe par rapport à la vérité sur les gangs armés, une bande de criminels alliés aux décideurs du pays.

Si certains avaient encore des doutes, quant aux relations symbiotiques existant entre les autorités du pays et la pègre, les événements des derniers jours devraient suffire pour les aider à perdre leurs illusions. L’arrestation, l’autre jour, de six hommes en possession d’armes illégales, par des policiers membres de la Direction centrale de la Police judiciaire (DCPJ), aide à ouvrir les projecteurs sur ce mystère. Grâce à l’initiative du directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), dont les enquêtes sur les secrets criminels des gens du pouvoir constituent une constante d’intégrité et de sûreté, sont faites des révélations pertinentes sur les liens unissant aux décideurs du pays les criminels qui perpètrent quotidiennement kidnap-pings, assassinats, braquages, viols et vols à main armée sur les citoyens.

En effet, a révélé Pierre Espérance, directeur exécutif du RNDDH, parmi les six hommes, des agents du Service d’intelligence national (SIN), qui ont été interpellés, le samedi 5 mars en cours, dans le quartier de Turgeau, à Port-au-Prince, au moins trois sont des membres de gangs armés. Lors de son intervention à l’organe de presse en ligne RhiNews, M. Espérance a fait savoir que ces hommes appartiennent au « gang de Ti-Bwa (Petit Bois), qui partage le contrôle de la troisième circonscription de Port-au-Prince avec d’autres gangs, dont celui de « Cinq Secon -des » de Izo et de Grand Ravine de Ti-Lapli », organisations hautement criminelles, accusées d’être impliquées dans des kidnappings, des assassinats et d’autres actes scélérats dont sont victimes la population.

D’autres révélations de Pierre Espérance montrent le rôle criminel qu’ont probablement joué ces hommes dans l’exercice de leur fonction. Aussi souligne-t-il que, lors de leur interpellation, les six hommes avaient en leur possession des armes illégales, qui n’appartiennent pas au ministère de l’Intérieur, l’organisme de tutelle du SIN. Il est d’ailleurs stipulé que les agents du SIN, une structure créée par feu Jovenel Moïse en violation de la Constitution, ne sont pas autorisés à porter des armes.

Il est à signaler que la DCPJ ferait l’objet de fortes pressions de la part de hautes autorités du pays cherchant à obtenir la libération des agents du SIN maintenus en garde à vue pour subir l’interrogatoire nécessaire dans le cadre de leur poursuite. Cela préoccupe énormément, surtout que Liszt Quitel, ministre de l’Intérieur, a été dénoncé d’être de mèche avec des bandits armés, dont certains avaient enlevé, avant de séquestrer, le pasteur Jean Pierre Ferrer, en novembre 2021. Pierre Espérance dénonce aussi le fait que le SIN est rempli de bandits l’ayant intégré, lors de sa création par décret, l’année dernière, par Moïse, consécutivement à ceux qui assuraient la mise sur pied de son Conseil électoral bidon, monté illégalement, au même moment qu’il lançait l’organisation de son « référendum constitutionnel », interdit, pourtant, par la constitution sous l’égide de laquelle il avait prêté serment de défendre.

À la lumière des dernières révélations de Pierre Espérance relatives aux bandits armés faisant partie du Système d’intelligence national, il devient évident qu’Ariel Henry ne pourra pas —et ne voudra pas— démanteler les gangs armés. Pas quand son Cabinet ministériel comprend des ministres ayant un passé les liant aux criminels ou ayant personnellement participé à des activités illicites.

Certes, le kidnapping du pasteur Ferrer avait causé un tollé dans le pays, surtout après les révélations selon lesquelles le ministre de l’Intérieur faisait partie intégrante de l’équipe de bandits qui avait perpétré ce crime. Nonobstant les demandes de renvoi de Quitel du ministère de l’Intérieur, notamment dans des éditoriaux d’organes de presse et de prises de position à ce sujet, exprimées par des membres de la société civile, Ariel Henry les ignore suprêmement. Car il s’accommode admirablement avec les criminels et leurs alliés. Cette tendance se confirme parfaitement, tenant compte du choix de ses collaborateurs, surtout en ce qui concerne son Cabinet ministériel.

L’association du Premier ministre de facto au monde interlope se confirme par l’intégration à son gouvernement, au niveau du ministère de la Justice, de Berto (ou Bertheau ?) Dorcé, un ancien repris de justice. Bien qu’il ait tout fait pour cacher son identité d’ancien prisonnier, son casier judiciaire a été bel et bien exposé. En novembre 1997, juge à Miragôane, il devait entendre, à Aquin, qui relève de cette juridiction, le cas de trafiquants de drogue, qui l’avaient soudoyé, au point d’influencer son jugement. Ce qui l’avait mis en porte à faux avec la justice, et qui lui a éventuellement valu un séjour en prison à son tour.

Grâce à ses contacts au sein d’un système judiciaire corrompu, l’avocat Bertheau Dorcé a réussi à changer l’orthographe de son prénom, s’écrivant désormais Bertho Dorcé. L’avocat Bertho Dorcé est devenu le ministre de la Justice de la République d’Haïti, au sein du gouvernement du Premier ministre de facto Ariel Henry.

D’aucuns diraient que la défaillance du système d’enquête de sécurité, surtout sur les grands commis de l’État, en Haïti, favorise l’envahissement de l’administration publique par des criminels patentés. La foule des humains étant sujet à l’erreur, la rectification immédiate s’impose une fois la situation portée à la connaissance de qui de droit. Si d’autres citoyens de l’acabit de Berto Dorcé et de Liszt Quitel parmi les proches collaborateurs du Dr Henry n’ont pas encore été dénoncés à la criée publique, le Premier ministre de facto ne peut prétendre ignorer le passé de ces deux ministres, pour en avoir été publiquement informé à plusieurs reprises. Il n’a pas jugé devoir prendre les décisions qui s’imposent le plus naturellement du monde, car se sentant bien dans sa peau avec de tels gens dans son entourage proche.

Avec un tel personnage aux commandes de la République, les appels lancés, quasiment en permanence, pour que l’insécurité, sous toutes ses formes, soit éliminée sur tout le territoire haïtien, sont condamnés à tomber dans l’ oreille d’un sourd. Dans de telles conditions, la fin de l’insécurité et de la libération du pays des gangs armés, en particulier, et des bandits, en général, n’est pas pour demain.

En clair, n’en déplaise aux entités étrangères appuyant aveuglément le neurochirurgien à la primature, la priorité nationale consiste à « déchouquer » Ariel Henry! Que les femmes et hommes, patriotes de toutes tendances, se coalisent à cette fin!

Haiti-Observateur
Editorial du 9 mars 2022

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