Haïti|Crise – L’Hôpital Général (HUEH), éternellement en construction, toujours paralysé par une grève ayant coûté la vie à des patients

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Agence de presse espagnole EFE écrit : « la réalité de l’HUEH au quotidien, ce sont les montagnes de fatras, des enfants abandonnés à leur sort… »

Grève des syndicats du secteur des transports, grève à l’Hôpital général, kidnapping, assassinat, il ne manque presque rien au triste décor d’un pays qui n’est ni dirigé ni administré, pourtant les dirigeants partent se la couler bien à l’étranger. Le pire, des diplomates font la promotion de Dr. Florence Duperval Guillaume n’ayant construit ou inauguré pas un seul hôpital lors de son règne au ministère de la Santé où des fonds de Petro Caribe étaient largement injectés.

La situation s’est aggravée parce que les médecins, bien que n’étant pas en grève, ne se rendent pas à l’hôpital car ils n’ont pas l’aide d’infirmiers, d’aides-soignants et de commis, entre autres employés

Jeudi 17 mars 2022 ((rezonodwes.com))– Des montagnes de détritus, des enfants et d’autres patients abandonnés à leur sort et un oubli total mêlé à l’odeur de la mort, telle est la réalité de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), le plus grand du pays, en raison de la grève du personnel de soutien du centre de santé.

Cette situation de désolation se déroule dans le centre hospitalier le plus fréquenté par la population pauvre, dans un contexte marqué par l’inflation, la multiplication des cas de kidnapping et l’augmentation du climat d’insécurité dans le pays, au cours duquel plusieurs médecins ont été assassinés et kidnappés.

Les médias haïtiens rapportent que des patients sont morts au cours de cette longue grève, qui approche les 30 jours, et qui a complètement paralysé le centre de santé largement connu sous le nom d’Hôpital général, situé au cœur de Port-au-Prince, à quelques kilomètres du Palais national.

La situation s’est aggravée parce que les médecins, bien que n’étant pas en grève, ne se rendent pas à l’hôpital car ils ne sont pas assistés par des infirmières, des aides-soignantes et des commis, entre autres employés.

LE BANDAGE À LA PLACE DU MÉDECIN

Clerose Clermont est originaire de Jean Rabel, dans le département du Nord-Ouest, l’une des régions les plus pauvres du pays. Elle est à l’hôpital de l’Université d’État d’Haïti depuis au moins six mois avec sa fille, qui souffre d’une infection osseuse.

Mme Clermont a ajouté qu’elle pensait qu’on leur demanderait de partir. Elle n’a plus de ressources financières. Sa fille avait passé 19 jours sous oxygène dans le service pédiatrique de l’hôpital. Ce n’est qu’après une radiographie qu’on a découvert qu’elle avait une infection osseuse.

« Tout mon argent a disparu. Ma fille n’a plus de médicaments et je ne peux pas en acheter », s’est-elle plainte, disant vouloir retourner chez elle à Jean Rabel. « À cause de l’insécurité, je ne reçois la visite d’aucun de mes proches ».

Clerose Clermont devient médecin, s’occupe de sa fille, soigne ses blessures. Elle ne veut pas voir les enfants souffrir. Elle ne veut pas voir les plaies de sa fille pourrir et libérer un liquide. C’est le même cas pour plusieurs autres familles qui cherchent désespérément l’aide d’un médecin pendant cette grève.

GRÈVE POUR DE MEILLEURES CONDITIONS DE TRAVAIL

Le personnel de soutien hospitalier s’est mis en grève pour réclamer de meilleures conditions de travail, le paiement de plusieurs mois d’arriérés de salaire et une augmentation de salaire.

Vêtue d’une robe noire et portant une valise à ses côtés, Solange Etienne, employée de l’hôpital, explique le fonctionnement du centre de santé.

« Je travaille dans les salles d’opération, il y a des jours où je ne trouve rien pour laver les instruments. Parfois, j’utilise du désinfectant pour le faire et empêcher les patients d’être infectés », a-t-elle déclaré à Efe.

Elle a assuré qu’il s’agissait d’un hôpital du peuple et que les gens n’avaient nulle part où aller pour se faire soigner. Au passage, elle nous rappelle qu’elle n’a pas encore reçu son salaire.

« C’est un hôpital où les gens vont. Il appartient aux Haïtiens. Il n’y a pas de matériel. Il n’y a rien. Pour venir ici, nous payons le transport. Avant, ils nous fournissaient un transport, mais maintenant il n’y a plus de transport », a déclaré la femme. Etienne ajoute que les employés sont payés de façon dérisoire.

« Je travaille à l’hôpital général depuis 36 ans, mais je reçois 10 000 gourdes (95 dollars) comme salaire. Ce n’est pas possible« , a-t-elle déploré. « La grève ne sera pas levée si nous n’obtenons pas ce que nous demandons« , a-t-il déclaré, dénonçant le manque de produits essentiels tels que le chlore et les détergents.

« Nous demandons au ministère de la Santé d’envoyer d’urgence des médicaments à l’hôpital », a-t-elle insisté.

UN HÔPITAL ÉTERNELLEMENT EN RECONSTRUCTION

Il n’y a pas une année qui passe sans que l’hôpital ne soit en grève. Quand ce ne sont pas les médecins, c’est le personnel de soutien. Une partie du site a été gravement endommagée lors du tremblement de terre de janvier 2010, qui a fait plus de 200 000 morts et 1,3 million de sans-abri. La reconstruction de l’hôpital a commencé vers 2011 et n’a pas été achevée depuis.

La grève a été lancée par le syndicat des travailleurs de la santé, les employés des hôpitaux et la Fédération nationale des travailleurs de la santé pour réclamer de meilleures conditions de travail et un ajustement des salaires à 60 000 gourdes, car les employés ne peuvent pas vivre avec le salaire actuel en raison de l’augmentation du coût de la vie.

source : Efe

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