»Il est temps d’arrêter la descente aux enfers ! », tonne l’ex ministre Paul Gustave Magloire

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La crise en Haïti – IIIe Partie – Il est temps d’arrêter la descente aux enfers ! 

Vers une solution capable de redonner l’espoir à des millions de jeunes et à la nation haïtienne.

Par Raphaël Paul Gustave Magloire
Ex-Ministre de l’Intérieur de la République d’Haïti

Mercredi 16 mars 2022 ((rezonodwes.com))–

Si je vous disais que nous pouvions créer en moins de deux années 200,000 emplois pour les jeunes du pays, principalement les femmes, vous me diriez tout de suite que cela vous parait impossible. Pourtant, nous pouvons le faire, si nous le voulons vraiment.

Si je vous disais aussi que la meilleure façon que nous avons pour arrêter la descente aux enfers, c’est en donnant de l’espoir aux jeunes, là je crois que vous souhaiteriez lire jusqu’à la fin la  proposition qui suit.

Commençons par prévoir ce qui pourrait arriver à Haïti très prochainement si nous ne trouvions pas des solutions à la hauteur de nos problèmes et une meilleure façon de gérer notre pays :

1-    Par exemple, si la guerre entre la Russie et l’Ukraine continue même sous une forme conventionnelle, la facture pour les produits pétroliers, pour la farine que nous importons en grande quantité pour fabriquer du pain et du spaghetti ; les engrais à base de pétrole pour l’agriculture, et mille autres petites choses qui représentent environ 63% de notre budget de consommation quotidienne, vont devenir terriblement chers, surtout pour les plus démunis. Ainsi, la guerre entre la Russie et l’Ukraine, 2 grands exportateurs de ces produits va faire monter les prix à pic pour tout le monde et surtout pour Haïti qui ne produit presque plus rien. Car, nous avons déjà près de 4,6 millions de personnes, sur une population d’environ 12 millions dans le pays, qui n’ont pas les moyens de manger chaque jour.

2-    Qui n’a pas entendu dire que la terre tremble dans le Grand-Sud et que les risques d’avoir un tremblement de terre important dans le pays augmentent de plus en plus ? Nul n’ignore que, en plus de la vulnérabilité de nos territoires, que des bandits armés contrôlent la vie quotidienne de la plus grande partie de la population presque partout dans le pays. Ensuite, d’ici le mois de juin nous allons savoir si la saison cyclonique sera plus clémente cette année, par la Grace du Bon Dieu. Dans le cas contraire, cela va vraiment empirer nos douleurs et notre tragédie.

Je pourrais m’arrêter à ces deux exemples et demander à chacun de vous d’ajouter à la liste des déboires qui pourraient nous tomber sur la tête, si nous n’arrivions pas à trouver une façon raisonnable de nous tirer du bourbier où nous sommes enlisés.

Mais le Congrès des USA vient de voter un budget qui pose comme restriction à l’aide à Haïti, la mise en place d’un gouvernement légitime qui sort des élections. A défaut de cette exigence pour recevoir l’aide des USA, Haïti devrait être dirigé par un gouvernement de transition très représentatif de la société haïtienne. Ce qui veut dire que le pays ne remplit pas actuellement les conditions pour recevoir le support financier qui nous a été promit par la communauté internationale. Car, quand les USA gèlent son aide par des conditionnalités, en majorité les autres instances d’aide comme USAID, FMI, Banque Mondiale,, pour ne nommer que celles-làne décaissent que pour des cas d’urgence (cyclone, épidémie, tremblement de terre et cette catégorie). Comme les USA sont les plus grands contributeurs aux fonds de ces bailleurs. Donc, ils se rangent derrière ses mots d’ordre pour ne pas déranger leur propre financement. Mais, il faut se demander sommes-nous aussi en mesure de faire des élections libres, honnêtes et démocratiques très bientôt? Il parait que quelque chose à changer à Washington et que nous sommes bel et bien dans le pétrin, et toute proche d’être assis sur les feux de l’enfer.

De l’autre, il semble que la population commence à être très fatiguée d’être la proie des kidnappeurs et des bandits, pour qui elle est comme une foule de pintades sauvages. Les secteurs organisés commencent à se mobiliser aussi par des grèves sectorielles. On passe à tabac et même lynches des kidnappeurs. Dernièrement, la zone de la Rue Capais, en plein cœur de Port-au-Prince, s’est soulevée en masse au bruit que le propriétaire de la Radio Caraïbes, Patrick Moussignac avait été kidnappé. Les kidnappeurs ont tremblé et ont relâche immédiatement leur prise, sans demander de rançons. Maintenant, toute la région de Carrefour a sonné le branle-bas de combat contre les kidnappeurs. Tous les quartiers sont sous contrôlent, disent-ils. Car, les bandits avaient fait une tentative de répliquer la situation de Martissant a Carrefour. Ils ont été mis en déroute par la police et les gens des quartiers. Certains nous dirons à la guerre comme à la guerre. Mais, dans une société civilisée la violence ne peut continuer à descendre à la barbarie (Voir les vidéos de ces évènements), sans que la honte ne souille toute la nation pour longtemps. Nous devons arrêter la descente aux enfers !

On commence à sentir les flammes du feu de l’enfer lécher les plantes de nos pieds. Ce n’est pas une bonne chose. Bientôt, on ne distinguera plus les coupables des innocents. Les comptes vont se régler. Ce sera le temps de la colère. Même si nous n’allons pas tous périr, nous serons pourtant tous atteints. Cela ne sera pas bon pour la nation. Sommes-nous en train de payer la facture de deux siècles d’histoire mal assumés ? Si nous ne comprenions pas encore jusqu’à présent que nous devons trouver une entente nationale pour avancer, nous allons continuer à être la cendrillon de la région pendant longtemps encore.

Montons un Congrès National de Gouvernance avec un large consensus (CNG2)

Là où nous sommes maintenant dans le pays, toutes les institutions démocratiques sont à terre. Pas de Président élu de la république, pas de parlement fonctionnel, les institutions judicaires fonctionnent très mal ou pas du tout. Les maires sont nommés par l’exécutif sur une base intérimaire, et tout le reste est du même au même. Quand on est en absence de la possibilité de monter un gouvernement, selon les principes démocratiques, sur une base constitutionnelle et légale, tel est le cas dans notre situation actuelle, le dernier recours est un large consensus capable d’offrir une certaine légitimité. Cela peut se faire dans le cadre d’un processus pour déboucher sur des élections  démocratiques, crédibles et honnêtes, après que le pays sera doté d’une nouvelle constitution. En effet, nous pouvons arriver à un large consensus en intégrant de grands secteurs dans un Congrès National de Gouvernance (CNG2). Cette structure sera supportée de 12 organisations qui jouissent d’une notoriété dans le pays.

1-      Un représentant du gouvernement du PM Ariel Henry issu de l’Accord de Museau

2-      Un représentant de l’Accord de Montana

3-      Un représentant de l’Accord du reste du Sénat et de PEN

4-      Un représentant de l’Accord des Haïtiens vivants à l’étranger

5-      Un représentant de la Conférence Épiscopale

6-      Un représentant des églises protestantes

7-      Un représentant des cultes vodous

8-      Un représentant du secteur universitaire

9-      Un représentant du secteur professionnel

10-  Un représentant du secteur des affaires

11-  Un représentant du secteur syndical

12-  Un représentant du secteur de la presse et des media

Cette structure une fois formée aura pour obligation d’élire dans les meilleurs délais, par un vote majoritaire parmi ses 12 membres, un bureau de 3 membres, dont un Président, un Secrétaire, et un trésorier pour former un Bureau Exécutif. Le mandat du Secrétaire et du Trésorier sera d’une année renouvelable. Le mandat du président du CNG2 sera de 2 mois. Le prochain président du CNG2 sera choisi basée sur la première lettre de son patronyme pour un autre mandat de 2 mois, et ainsi de suite  Les autres 9 membres et les membres du Bureau exécutif constituent le Congrès National de Gouvernance de 12 membres.  

Le Congrès écrit et approuve ses règlements intérieurs.

Les 3 principales priorités du Congres est la formation d’un gouvernement intérimaire, d’une assemblée constituante pour la création d’une nouvelle constitution, et la formation d’un Conseil Electoral Permanent pour réaliser les élections a tous les niveaux dans le pays.

Le CNG2 élira un Premier Ministre dans une élection libre et démocratique parmi les citoyens qualifiés et candidats à occuper ce poste. Le mandat du Premier Ministre sera d’une année renouvelable. Le Premier Ministre choisira les membres de son cabinet ministériel qui seront approuvés par le CNG2 par un vote majoritaire. Chaque membre du CNG2, sans considération de titre ou de statut a le privilège de définir une des 12 priorités du gouvernement. Mais, chaque priorité doit être approuvée par un vote majoritaire du Congrès.

Le Premier Ministre et son gouvernement ont cinq (5) priorités cardinales :

1-      Résoudre la question de sécurité dans le pays.

2-      Apporter une grande amélioration dans les conditions de vie de la population

3-      Créer un cadre de formation technique et de métiers pour 50,000 jeunes

4-      Lancer un cadre de croissance économique et de  travail dans le domaine de l’agriculture, de la construction, de l’industrie, et du tourisme en vue d’accélérer le développement du pays.

5-      Mettre en application les douze (12) priorités définies par les membres du CNG2.

Le nombre des membres du Cabinet Ministériel doit être de 10 au moins, ou de 12 au plus. Chaque membre du Cabinet Ministériel doit être approuvé par le CNG. Mais, tous les membres du Cabinet sont solidaires du gouvernement. La démission du Premier Ministre entraine la démission de tous les membres de son gouvernement qui, cependant, peut rester en place pour exécuter les affaires courantes qui ne dépassent pas une période de 3 mois.

La démission du Premier Ministre entraine le choix d’un autre Premier Ministre par le CNG2. Un Premier Ministre a 2 semaines franches pour présenter son programme de gouvernement sur les 12 priorités définies par le CNG2. Le Programme du gouvernement et tout changement à ce programme est approuvé par la majorité des membres du congrès. Le CNG2 a le droit de veto sur tous les actes du gouvernement avec l’approbation des deux tiers du Congrès.

Tous les membres du CNG2 et du Gouvernement reçoivent un salaire et des privilèges basés sur leur statut de grands commis de l’État Haïtien, selon les dispositions approuvées par le Congrès. Ni un membre du Congrès, ni un membre du gouvernement ne peut en aucune façon recevoir des privilèges en dehors de ceux approuvés par le Congrès en séances plénières.

Créons un gouvernement intérimaire transparent, efficace et qui ne coute pas cher

En prenant en compte un Etat moderne, une bonne gouvernance est caractérisée par la capacité que possède un Etat d’obtenir les meilleurs résultats possibles grâce à l’efficacité et l’efficience des différents organes de décisions et de contrôles de son appareil administratif. Et une bonne gouvernance opère dans un cadre transparent et démocratique ou l’information va au-delà de l’appareil d’administratif, mais s’étend à tous les ayant droits et à travers les couloirs publics et la presse, ce qui exige de la transparence à travers toute l’administration publique, sauf en matière de sécurité. Car, l’information doit être un bien public. En Haïti, avec des résultats très pauvre que nous avons à tous les niveaux, sans aucun doute nous avons un problème très grave, de transparence dans la gestion de l’État

Les douze (12) ministères pourraient être les suivants :

1-      La Primature, dirigée par le Premier Ministre, (premier des ministres) aurait commepremières fonctions d’Orienter, de Controller et d’Évaluertous les autres Ministères du Gouvernement, de même que les Services Autonomes de l’administration publique.

2-      Le Ministère des Affaires Etrangères, de la Coopération Externe, des Cultes, et des Haïtiens vivant à l’étranger

3-      Le Ministère de la Communication, de la Culture et du Tourisme

4-      Le Ministère de l’Economie, et des Finances

5-      Le Ministère de la Justice, de la Police, et de la Sécurité Publique

6-      Le Ministère de l’Intérieur, des Collectivités Territoriales, de la Défense, et des zones frontalières

7-      Le Ministère du Plan et du Développement, de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire

8-      Le Ministère de la Production, de l’Agriculture, des Ressources Naturelles, de l’Industrie, de l’Artisanat et du Commerce

9-      Le Ministère des Travaux publics, de la Télécommunication, du Transport, de l’Energie, des Mines, et de l’Equipement

10-  Le Ministère de la Santé Publique, de la Population et de l’Alimentation

11-  Le Ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse, de la Formation Professionnelle, de la Technologie, et du Sport

12-  Le Ministère du Travail, de la Famille, du Droit des Femmes, du Développement Urbain et du Logement, et de l’Amélioration des Conditions de vie de la population

Cette proposition est inspirée du Système des Nations Unies et du Conseil International de Sécurité de l’ONU. En effet, sortant de la IIème Guerre Mondiale, qui avait causée des dizaines de millions de morts et beaucoup de destruction, on cherchait une formule pour éviter une IIIème guerre mondiale. Surtout avec l’apparition de la bombe atomique qui a elle seule pouvait causer la fin du monde comme nous le connaissons, avec sa grande capacité de destruction.

Le Système de Nations Unies est formée de deux instances principales, l’Assemblée Générale et le Conseil de Sécurité. Ce dernier inclut des membres permanents qui jouissent du droit de veto sur les décisions du Conseil. Le système de l’ONU inclut également de nombreux organismes spécialisés.

Comme nous le savons, l’ONU est créée en 1946 pour représenter, entre autre, un forum entre toutes les nations du monde et éviter une troisième guerre mondiale et la destruction de notre planète par les armes atomiques. Le monde reste encore un endroit rempli de conflits et de guerres. Mais, heureusement, nous continuons à nous parler et à espérer qu’un jour notre monde connaitra la paix.

Haïti est un membre fondateur des Nations Unies. Et l’un de nos grands tribuns, l’honorable Emile Saint-Lot, ancien Sénateur de la République d’Haïti, a eu le privilège de présenter aux Nations Unies, avec la femme du Président des États-Unis, Madame Eleanor Franklin Delano Roosevelt, la Déclaration Universelle des Droits de l’homme, en 1948.

QUE DIEU BENISSE HAITI !

un autre Soleil…

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