Ayiti – Exit – Aux origines du cordon sanitaire (4 de 8) | Le devoir internationaliste dessalinien

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Par Alin Louis Hall

Lundi 1er novembre 2021 ((rezonodwes.com))–

Après s’être fait couronner empereur Jacques Ier d’Haïti le 22 septembre 1804, Jean-Jacques Dessalines renoue avec le credo géopolitique louverturien « la mer pour frontière ». A ce sujet, il importe de souligner que des courants de pensée s’affrontent sur les motivations réelles de la première campagne de l’Est de la période haïtienne. Assurément, la présence des débris de l’armée napoléonienne en territoire limitrophe est au centre des préoccupations à Marchand.

Au même moment, les nouvelles autorités se retrouvent donc confrontées à une autre réalité qui les dépasse chaque jour. L’abandon des plantations par les cultivateurs et la désertion des soldats entravent les objectifs stratégiques de la construction d’un Etat-Nation riche, fort et puissant comme le souhaite Dessalines secondé par l’infatigable général Christophe. Cette situation est à l’origine de la pénurie de main d’œuvre qui motive le premier recensement de la population vers la fin de l’année 1804. Après maints tâtonnements et atermoiements, les incursions du général Ferrand dans la région de Fort-Liberté apportent finalement de l’eau au moulin de la propagande officielle. L’alibi est de taille.

Seulement voilà que l’exaspération a déjà poussé Dessalines à rentrer en pourparlers avec les autorités britanniques de la Jamaïque pour offrir aux négriers anglais l’exclusivité du commerce du bois d’ébène dans les ports d’Haïti[1]. La redynamisation de l’économie de plantation exige le remplacement de cette main d’œuvre qui, en voulant vivre une « liberté sans bornes », abandonne les plantations et ateliers. De gré ou de force, il faut aussi recruter des hommes pour maintenir l’armée sur pied de guerre face à un retour imminent des Français. Pour ces motifs, Dessalines embarque le nouvel État en formation dans la campagne de l’Est. Fin février 1805, l’unification politique de l’ile entière devient la préoccupation majeure de l’empereur. De l’autre côté de la frontière, difficile d’imaginer un Ferrand dormir tranquille en apprenant la nouvelle de l’expédition punitive d’un général de la trempe de Jean-Jacques Dessalines.

Deux colonnes partent dans deux directions : l’une, partie vers le nord (Dajabón-Santiago-La Vega-Santo Domingo) est commandée par le général en chef de l’armée Henri Christophe, et l’autre vers la région transversale (San Juan de la Maguana-Azua-Baní-Santo Domingo) commandée par l’empereur en personne. Dans une adresse en date du 12 avril 1805, Dessalines affirme sans ambiguïté :

« Décidé à ne reconnaitre pour limites que celles tracées par la nature et les mers, je résolus d’aller me ressaisir de la portion intégrante de mes États[2]. »

Toutefois, en cours de route, Dessalines réalise que les habitants de San Juan de la Maguana et de Baní ont évacué leur ville pour se protéger. Sur ce constat, l’empereur estime que la population autochtone ne mérite pas sa clémence. Le 6 mars, en s’approchant de la capitale, il fait incendier la ville de San Carlos en périphérie et de commencer le siège de Santo-Domingo. Le 25 mars, Dessalines ordonne l’extermination totale de la population sous son contrôle.

Trois jours plus tard, arrivent dans la rade Saint Domingue trois frégates et deux brigantins français. Le spectre de l’expédition Leclerc, trois ans auparavant, pousse Dessalines à lever le siège et battre la retraite. Sur le chemin du retour, Dessalines, Christophe et leurs troupes détruisent entre autres Santiago, Moca, La Vega, Azua, San Juan de la Maguana, Baní et massacrent les habitants qui n’ont pas gagné la Cordillère centrale. Environ dix mille personnes sont ainsi tuées ou exécutées. Selon l’avocat Gaspar Arredondo y Pichardo, obligé de passer à Cuba lors du siège de Santo Domingo en 1805, même les ecclésiastiques ne sont épargnés. Il donne l’exemple du prêtre Juan Vasquez qu’après « …l’avoir tourmenté avec cruauté dans le cimetière […] ils [les Haïtiens] le sacrifièrent et, à la fin, pour satisfaire leur vengeance brutale, ils le brûlèrent avec les bancs du chœur et les confessionnaux »[3]

Beaucoup de Dominicains, majoritairement des Blancs pris en otage et contraints à marcher, meurrent d’épuisement dans la longue retraite des troupes haïtiennes. Arredondo tient ces informations de deux femmes qui ont trompé la vigilance des Haïtiens. Ces dernières précisent que l’armée haïtienne ne laisse après elle « que crânes et os humains sur les places et dans les rues »[4]. D’une manière générale, les historiens et spécialistes des relations haïtiano-dominicaines s’accordent sur la désolation et la trainée de mort dans des villes entières telles que Cutuí, Moca, La Vega, Monte Plata, San Pedro et encore Santiago de los Caballeros. Pendant les villes sont réduites en cendres, l’armée haïtienne retient en otage deux cent quarante-neuf femmes, quatre cent trente garçons, et trois cent dix-huit filles[5].

Evidemment, on peut toujours délibérer sur le contexte ou ne jamais se départager sur la nécessité d’une expédition punitive. L’historien haïtien Jean Price-Mars résume la situation parfaitement lorsqu’il dit :

« La retraite de l’armée haïtienne fut l’un des épisodes les plus dramatiques et les plus sanglants d’une dramatique et sanglante histoire. Incendie des fermes, destruction du bétail, fusillade des otages, capture des femmes et des enfants, leur transfert brutal à l’ouest, à la suite de l’armée, rien ne manqua à ce triste tableau d’inutiles horreurs. Dessalines avait assimilé les gens de l’Est aux blancs français, ses ennemis de toujours. Et il voulut leur montrer la vigueur de sa poigne comme il les en avait menacés dans sa proclamation. Ils étaient l’ennemi. Il était la vengeance. Du fond de son âme farouche, remonta le ressentiment, résidu primitif de l’instinct de lutte et de défense dont le germe avait crû dans son inconscient depuis les jours lointains où la substance impalpable en avait été déposée chez l’ancêtre nègre qui, poursuivi par les chasseurs d’hommes dans la jungle africaine, fut jadis emmené à Saint-Domingue pour servir de soubassement à la fortune coloniale malaxée dans l’injustice, la honte et le crime[6]. » 

Il importe également de revenir sur les excès et massacres de la campagne louverturienne de 1801 déjà bien installés dans l’imaginaire collectif dominicain. La campagne de l’est de Dessalines provoque alors une vague de réfugiés espagnols vers le Vénézuela en provenance de Santo Domingo. Ces derniers tentent d’échapper à l’état de siège imposé par les troupes de Dessalines, lequel ne jure que par sa mission historique d’expulser les « débris » des forces napoléoniennes qui se reconstituent dans cette partie de l’île. Depuis, ces contentieux historiques constituent durablement les bases de ressentiments partagés. Sur ces entrefaites, le retour de la campagne de l’Est accouche d’un curieux bégaiement suite à la mobilisation des cultivateurs pour les besoins de l’expédition punitive.  Au retour de l’armée au début d’avril 1805, les autorités constatent la paralysie des plantations provoquée par cet enrégimentement de la main d’œuvre. Aussi, pour remédier à cette situation, des prisonniers sont-ils répartis à travers diverses plantations.

Néanmoins, il importe de chercher à comprendre pourquoi les signataires de l’Acte qui venait tout juste de craquer l’ordre mondial esclavagiste ont pu concevoir le projet d’utiliser les prisonniers de guerre comme travailleurs sur leurs plantations. Une dichotomie qui n’arrive pas à concilier le 1er Janvier 1804 à une telle démarche. Cette réalité nous met en face d’hommes qui viennent tout juste de mener une guerre au nom de la dignité humaine. Comment ont-ils pu ignorer leurs propres griefs bien formulés dans l’Acte fondateur ? Comment expliquer que la population de l’époque ne trouve ni contradictoire ni repréhensible le sort accordé aux prisonniers de guerre ? Autant de paradoxes en totale négation des idéaux de la victoire du 18 novembre 1803 sur les forces du mal. Il importe toujours d’apporter un éclairage sur notre trajectoire et vécu en tenant à l’œil la subjectivité qui masque trop souvent nos abominations. 

De ce point de vue, l’occupation haïtienne de la république dominicaine pendant 22 ans qu’entreprit Jean-Pierre Boyer en 1822 renforce malencontreusement les ressentiments chez le peuple voisin. Quoiqu’elle mette fin à l’esclavage dans la partie orientale de l’île, elle alimente le sentiment national des Dominicains qui se démarquent des Haïtiens non seulement par leur langue, leur culture, leur religion et leurs coutumes mais aussi par l’épiderme. Bien que la réalité soit plus complexe, l’occupation haïtienne est généralement vue comme une période de brutalité marquée par des expropriations de grands propriétaires fonciers et des réformes avortées. On peut citer l’orientation de la production agricole pour l’exportation, le service militaire obligatoire, la restriction sur l’utilisation de l’espagnol et l’élimination des coutumes traditionnelles telles que les combats de coqs. En réaction, pour combattre toute africanité symbolisée par l’Haïtien, s’installe graduellement de l’autre côté de la frontière la « dominicanité » dans l’imaginaire collectif.

Néanmoins, cette retraite précipitée n’arrive pas à dissuader Dessalines à renoncer à sa motivation essentielle de repousser les puissances coloniales esclavagistes européennes le plus loin possible. En décembre 1805, fidèle à son engagement dans sa proclamation du 1er Janvier 1804 aux Gonaïves, il passe encore une fois à l’offensive au nom du devoir internationaliste. Conscient que, pour survivre Haïti avait besoin de sa propre zone d’influence dans sa région, il se résolut à exporter la révolution haïtienne. Selon Roberjot Lartigue, au mois de décembre 1805, Dessalines expédie :

« des émissaires pour exécuter le projet monstrueux de descendre à la Martinique et à la Guadeloupe, d’y assassiner tous les habitans, de bruler villes, de soulever les nègres et les gens de couleur, libres ou esclaves et d’y former 14 regimens, s’en rendre maitre et d’établir l’indépendance de ces deux colonies(sic)[7]. »

Le rapport Lartigue apporte un éclairage significatif en affirmant que « le plan de Dessalines était de descendre aux fêtes de Noel 1805, pour exécuter cette horrible entreprise(sic)[8]. » Mu par des intérêts géostratégiques supérieurs, Dessalines s’engage à défaire le nœud constricteur en confrontant la politique isolationniste des puissances de la traite euro-chrétienne décidées à stranguler la première expérience d’autodétermination de la diaspora africaine. Malheureusement, les choses vont mal tourner pour l’expédition.

« Pendant la nuit des fêtes de Noël, cette troupe d’émissaires chercha en vain à descendre à la Martinique et à la Guadeloupe; ils n’abandonnèrent pas pour cela leur entreprise désastreuse et criminelle : ils furent alors descendre à la Trinité espagnole, au mois de Décembre 1805, la veille des fêtes de Noël, mais leur dessein fut aussitôt découvert, parce que plusieurs négresses marchandes qui étaient en nombre dans les chemins, pour soulever les nègres et les mulâtres , chantaient : « le sang des blancs est bon pour boire; la chair des blancs est bonne pour manger; ( vive Dessalines ). Le Général Isloop, gouverneur de la Trinité, fut prévenu ; il envoya de suite des troupes pour arrêter les marchandes, les nègres, les mulâtres, les étrangers et ceux qui étaient réunis ; beaucoup de tout sexe furent pris et mis en prison. Le lendemain on procéda à faire des informations et à juger les coupables ; 30 chefs de couleur eurent la tête tranchée ; il y eut plusieurs autres peines prononcées ; quantité furent déportés, et, pendant longtemps, on resta armé pour remettre l’ordre. Les témoins qui déposèrent, et un des accusés, déclarèrent que l’ordre de Dessalines était d’assassiner, la nuit de Noël, tous les habitans, de brûler la ville, de soulever les esclaves et d’y nommer un Roi(sic)[9]. »

Dans un contexte géopolitique dominé par les puissances coloniales esclavagistes, l’énigme Dessalines ne peut toutefois être abordé uniquement avec des lunettes européocentriques. À la lumière du rapport Lartigue et d’autres documentations, il appert que les répercussions du bras vengeur de Dessalines débordent le cadre haïtien. En tout état de cause, à Paris, Madrid, Londres, Lisbonne ou à Washington, la nouvelle du commando de Dessalines va alimenter une dynamique encore plus agressive envers les enfants créoles et bossales de la révolution haïtienne comme le suggère le rapport.

« Les dispositions de Roberjot Lartigue furent d’alerter immédiatement tous les gouverneurs de la région M. Roberjot Lartigue prévint M. l’Amiral Villaret, Gouverneur de la Martinique, M.Ernouf, Gouverneur de la Guadeloupe, le Général Ferrand, à Sto Domingo, le Commandant de St-Martin, et les instruisit des projets de Dessalines de soulever toutes les colonies françaises, de s’en rendre maître par les moyens les plus audacieux et les plus criminels ; le Général Ernouf envoya de suite un Aide-de-camp, pour aviser avec M Roberjot Lartigue aux mesures que les circonstances exigeaient ;tous les autres Gouverneurs firent aussi prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir leurs rivages de l’approche de Dessalines et  des émissaires qu’il avait expédiés pour soulever les colonies, et particulièrement la Martinique et la Guadeloupe(sic)[10]

Au risque de nous répéter, le Secrétaire d’État James Madison introduit une loi au Congrès américain pour interdire les échanges commerciaux avec Haïti[11]. Anticipant l’effet de contagion de la révolution haïtienne, le Congrès des États-Unis interdit le commerce avec Haïti pour renforcer le boycott français et espagnol. Appliquant la doctrine de Jefferson à la lettre, les navires américains peuvent accoster aux ports haïtiens, mais les bateaux « pavillon haïtien » sont exclus des ports américains[12]. Depuis, l’échange est inégal.

Sur ces entrefaites, en février 1806, Francisco de Miranda débarque à Jacmel. Sur ordre de Dessalines, Magloire Ambroise fait un excellent accueil au précurseur sud-américain. Ce dernier lutte pour libérer l’Amérique latine du joug de l’Espagne et reçoit des munitions. Le 12 mars 1806, le pavillon vénézuélien est créé dans le port de Jacmel. Les troupes haïtiennes accompagnant Miranda sont transportées par le commerçant américain Jacob Lewis. Parmi les familles de Jacmel, les Jastram, les Cayo et les Féquière prennent part à cette expédition. Dessalines fait parvenir le conseil, s’il voulait réussir, de mettre en pratique, dans la province du Venezuela, les méthodes violentes qui avaient amené le triomphe de l’armée indépendantiste. L’empereur ne prend pas de gants pour recommander les moyens terribles mais efficaces qu’on ne voit employer, dans l’histoire, que lorsque le statu quo résistant avec opiniâtreté aux plus justes réclamations, porte les peuples au désespoir. En l’occurrence, une référence directe à la méthode « koupe tèt boule kay »[13].

Pendant ce temps, les généraux de division s’accommodent de moins en moins de la gouvernance autocratique de l’Empereur. Ce dernier n’est pas conscient à quel rythme s’érode le consensus autour de lui. La vérification des titres de propriété le rend de plus en plus méfiant et vulnérable.  A la vérité, Dessalines a toutes les raisons d’espionner les généraux. Il redoute les troupes aguerries de Christophe. Les rumeurs répandent qu’il le fait surveiller par le général Capois. Le futur monarque du nord entretient des rapports avec le général Nicolas Geffrard dans le sud, lui-même tenu à l’œil par le général Moreau Herne pour le compte de l’empereur.  Dessalines éprouve un malaise par rapport au respect que les troupes du sud ont pour Geffrard. Dans l’Ouest, le général Germain Frère espionne Pétion. Pourquoi particulièrement ces trois généraux ?

Respectivement en charge des divisions du nord, du sud et de l’ouest, on les retrouve ensemble au lendemain de la prise de l’avant-poste du Haut-du-Cap le 17 octobre 1802 d’où sort un consensus fragile pour déférer, c’est notre point de vue, le commandement suprême à Dessalines. Comme nous le verrons plus, Dessalines doit se tenir informé surtout que la lutte contre la contrebande des commerçants étrangers va précipiter les hostilités. Avec la plus grande fermeté, il demande le 8 septembre 1806 au directeur des Domaines Inginac de vérifier les comptes des commerçants MacIntosh et Hopsengarther établis aux Cayes et de leur faire payer les droits et taxes dus à l’État. Après vérification, MacIntosh est obligé de payer 120 000 gourdes et Hopsengarther 60 000 gourdes [14]. Là encore, on retrouve l’énigme Dessalines dans toute sa plénitude. Pendant que l’empereur veille à ce que les revenus renflouent les caisses du Trésor public, l’État règle les factures des fournisseurs favoris de Marchand.

On peut également mentionner le cas du commerçant américain Jacob Lewis auquel le ministre des Finances André Vernet refuse, sur ordre de Dessalines, l’acquittement de la facture des deux mille huit cent trente-deux barils de poudre livrés avec d’autres munitions le 27 août 1804 au général Pétion. Pourtant, un autre fournisseur américain bénéficie des recommandations de Dessalines auprès de Vernet pour des marchandises récemment déchargées à Saint Marc. S’agit-il des habits somptueux et de la couronne amenés de Philadelphie sur le bateau Connecticut pour le sacre d’octobre 1804 ?  Selon Madiou, Pétion se retrouve dans l’obligation de présenter des excuses à Jacob Lewis le 20 janvier 1806 en lui offrant, moyennant le règlement total de la facture, une partie de sa récolte de café provenant de sa plantation à Jacmel [15].  Malgré ce revers, Lewis accepte de transporter pour Dessalines les troupes haïtiennes envoyées au Venezuela avec Miranda en 1806.

Après l’assassinat de Dessalines, la créance est réintroduite par devant Pétion qui, dans un arrêté le 20 août 1807, assigne la production caféière d’une des plantations de Mme Dessalines au règlement intégral de la dette[16]. Mais, qu’en est-il vraiment de l’assise populaire de Dessalines ? Comment interpréter les conséquences de sa décision de sévir contre les commerçants contrebandiers dont certains d’entre eux sont de vrais espions ? A plus d’un titre, ces derniers se s’impliquent jusqu’au cou dans la conspiration contre l’empereur. D’un côté, ils manipulent les généraux et autres autorités secondaires qui font main basse sur les huit mille propriétés abandonnées par les colons. Ils deviennent naturellement les intermédiaires de la contrebande de bois.

Lorsque finalement, sur une proposition de Christophe, Dessalines décide d’interdire cette activité lucrative, ces commerçants ont suffisamment accumulé de fortune pour financer le soulèvement contre l’empereur. D’un côté, la priorité accordée à la protection de l’indépendance exige la construction d’un État-Nation riche, fort et puissant. D’un autre, l’autonomie que désire la masse afro-paysanne comme expression de la liberté arrachée. Ainsi, l’obsession égalitariste des enfants de la révolution haïtienne qui veulent vivre une liberté sans conditions sert alors de toile de fond au complot qui met certains comportements et agissements de Dessalines au profit de la fronde.


[1] James Franklin, The Present State of Hayti (Saint Domingo), J. Murray, 1828 – Dominican Republic, pp.186-187

[2] Beaubrun Ardouin, Etudes sur l’histoire d’Haïti suivies de la vie du général   J.-M. Borgella – Tome 6 – Dezobry et E. Magdeleine, Lib. Editeurs, 10 rue du cloitre-Saint-Benoit, Paris, 1855, p.32

[3] G. Arredondo y Pichardo, « Memoria de mi salida de la isla de Santo Domingo, el 28 de abril de 1805 (Puerto Príncipe, 14/08/1814) », in E. Rodríguez Demorzi, (éd.), Invasiones Haitianas de 1801, 1805 y 1822, Ciudad Trujillo, Ed. del Caribe, 1955, p.154

[4] Ibid.

[5] E. Cordero Michel, « Dessalines en Saint-Domingue espagnol », dans Alain Yacou (dir.), Saint-Domingue espagnol et la révolution nègre d’Haïti (1790-1822, Paris, Karthala, 2007, p. 413-434., p. 426.

[6] Jean Price-Mars, La République d’Haïti et la République Dominicaine, (Port-au-Prince, 1953), Montréal, Université du Québec à Chicoutimi au canada, 2000, Tome 1, p. 78.

[7] RAPPORT DE LA CONDUITE QU’A TENUE M. ROBERJOT LARTIGUE, AU SUJET DE L’ENTREPRISE FORMÉE PAR DESSALINES, POUR SOULEVER LA MARTINIQUE, LA GUADELOUPE ET MARIE-GALANTE ; Certifié de MM. le Lieutenant-général-Gouverneur de la Guadeloupe et dépendances; le Général-Préfet colonial et le Général-commandant des troupes de la même île ; le Colonel-commandant de la ville et arrondissement de St-Pierre , le Grand-Juge de la Martinique ; le Général-commandant en chef, Administrateur-général de Santo-Domingo; d’un Habitant, Officier de la Trinité espagnole; et le Grand-Juge de St-Thomas, Conseiller de Justice actuel de S. M. le Roi de Danemarck. Daté de St-Thomas, île Danoise, du 26 Mai 1806. DUBRAY, IMPRIMEUR, RUE VENTADOUR, N.° 5., 1815

[8] Ibid.

[9] Ibid.

[10] Ibid.

[11] Rubens Francois Tilus, Roadmap to Haiti’s Next Revolution: Capitalizing Haiti’s Economy with Haitian Diaspora Remittances, iUniverse, Jul 19, 2012, p.49

[12] Greg Dunkel, « U.S. embargoes against Haiti — from 1806 to 2003 », in Haiti A slave revolution 200 years after 1804, ed. Ramsey Clark, et al. (New York: NY, International Action Center: 1994), http://iacenter.org/haiti/embargoes.htm

[13] Coupez les têtes, incendiez les maisons.

[14] Thomas Madiou, Histoire d’Haïti, Tome III, op. cit., p. 354-355.

[15]Thomas Madiou, Histoire d’Haïti, Tome III, op. cit., p. 329.

[16]Thomas Madiou, Histoire d’Haïti, Tome IV, P-au-P, Deschamps, 1987, p. 51-52.

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