Haiti|782 kidnappings économiques – La vie infernale des Haïtiens à cause des gangs fédérés par le régime Tèt Kale-PHTK

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Haïti « va malheureusement finir par perdre tous ses jeunes ». Face au chômage massif, des milliers de jeunes Haïtiens ont migré vers l’Amérique latine depuis 2014, sous le régime PHTK 1

Jeudi 28 octobre 2021 ((rezonodwes.com))–

« On rationne l’eau chez moi », dit Daphné Bourgoin, 42 ans, effrayée. « Et pour mes enfants qui ont des cours en ligne, combien de temps va durer l’internet ? », s’interroge le chef d’une entreprise textile contrainte de fermer ses portes lundi.

Ce pays des Caraïbes n’a jamais produit suffisamment d’électricité pour répondre aux besoins de toute sa population, et même dans les quartiers les plus aisés de Port-au-Prince, la compagnie publique d’électricité – Ed’H – n’assure une fourniture maximale que quelques heures par jour.

Ceux qui en ont les moyens achètent des générateurs : un équipement coûteux désormais inutile face aux graves pénuries de carburant provoquées par les bandes armées fédérées par le régime corrompu PHTK.

Absence d’électricité et d’eau

Le manque de diesel empêche également les entreprises privées de livrer l’eau par camion. Comme pour l’électricité, les habitants ont construit des systèmes d’eau autonomes dans leurs maisons, car le réseau de canalisations ne couvre pas toute la zone métropolitaine. Sans offre privilégiée, les structures hospitalières sont contraintes de réduire drastiquement leur activité.

Il n’y a pas d’électricité dans l’hôpital pour faire fonctionner les équipements, il n’y a pas de carburant, il n’y a rien », explique en créole Rachilde Joseph, étudiante en médecine à Port-au-Prince. Le jeune homme de 26 ans, qui s’est fait connaître en postant des vidéos humoristiques sur les médias sociaux, n’a désormais plus envie de rire.

« Nous aimerions rester dans le pays pour offrir des soins, surtout aux gens des provinces qui en ont tant besoin, mais le pays ne nous donne pas cette possibilité », déplore-t-elle, avant d’ajouter qu’Haïti « va malheureusement finir par perdre tous ses jeunes« .

Face au chômage massif, des milliers de jeunes Haïtiens ont migré vers l’Amérique latine depuis 2014. Des dizaines de milliers d’entre eux ont traversé le continent ces derniers mois, dans l’espoir de s’installer aux États-Unis, croyant à tort qu’ils pourraient bénéficier d’une politique d’immigration plus clémente de la part de l’administration de Joe Biden.

Mais quelque 7 500 d’entre eux, rassemblés début septembre sous un pont à la frontière entre le Mexique et le Texas, ont finalement été expulsés vers Haïti par les services d’immigration américains.

Cette vague d’expulsions massives a inquiété les organisations humanitaires quant à leur éventuel retour dans un pays plongé dans l’incertitude après l’assassinat du président Jovenel Moïse par un commando armé le 7 juillet.

« État failli »

Ariel Henry, nommé Premier ministre deux jours avant l’assassinat, dirige le pays par intérim, mais reste silencieux face à la prise de pouvoir des gangs à Port-au-Prince, qui paralyse toute activité et empêche l’approvisionnement sûr en carburant

« Le gouvernement, qui n’existe que sur le papier, ne contrôle rien, pas même le périmètre de ses bâtiments », a déclaré à l’AFP l’économiste haïtien Etzer Emile, pour qui « la crise du carburant est le dernier exemple d’un État failli ».

« Comme si l’inflation galopante, la hausse continue du dollar (par rapport à la monnaie locale, la gourde), l’insécurité alimentaire, la fuite des cerveaux, les enlèvements ne suffisaient pas, il nous fallait une grave pénurie de carburant et un gouvernement fantôme rempli de comédiens et d’imprudents », précise-t-il.

Les gangs ont commis plus de 782 enlèvements économiques depuis le début de l’année, selon le Centre d’analyse et de recherche sur les droits de l’homme basé à Port-au-Prince.

L’un des gangs armés les plus puissants du pays exige 17 millions de dollars pour libérer un groupe de missionnaires et leurs familles – 16 Américains et un Canadien – enlevés le 16 octobre à l’est de la capitale.

« Les maîtres de notre destin et ceux qui décident de nos vies ne sont plus au Palais national, comme c’était le cas sous la dictature des Duvalier : ce sont maintenant les bandes armées », résume Etzer Emile, préoccupé par ce qu’il appelle la « somalisation à la haïtienne », en référence au pays africain emprisonné par les forces de l’ordre.

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