par Claudy Briend Auguste
Des feuilles de route à qui mieux mieux, en veux-tu en voilà. Une pour le ministère de la Communication, avec 4 porte-paroles au Palais national, pour en faire quoi
Port-au-Prince, mercredi 19 avril 2017 ((rezonodwes.com)).-On n’a pu s’empêcher de rigoler en prenant lecture, lundi dernier, de la feuille de route que le Premier ministre Jack Guy Lafontant a remis au ministre de la Culture et de la Communication quand ce dernier, selon toute vraisemblance, s’est fermé depuis quelque temps dans un mutisme absolu. Au moins, trois événements marquants se sont succédés sans le moindre signe apparent de l’existence d’un tel ministère appelé à véhiculer les messages. M. Lafontant, voudrait avec Limond Toussaint, fixer les orientations politiques du gouvernement, écrit-il, en matière de la Culture et de Communication. Deux entités, notamment la section Communication dont des taches essentielles seraient actuellement dévolues à quatre (4) personnalités attachées directement à la présidence de la République. Quand l’un des porte- paroles donne la position officielle de l’administration Moïse-Lafontant, se demande-t-on maintenant, quelle est l’utilité de disposer d’un autre organe de communication pour faire passer le même message, le plus souvent super flatteur ?
Si cette fonction n’existe que de nom, alors pourquoi garder encore un pensionnaire de plus sur le maigre budget national quand cet argent pourrait donner davantage de petits plats chauds à nos pauvres déshérités de la Grande-Anse. Le prêtre-ministre, exactement une semaine après l’« incident de l’Arcahaïe », non seulement, devait être le premier à informer la nation de cet incident, le soir même, mais n’a jusqu’à présent, une semaine plus tard,
lâché un seul mot. À ce que sache Haïti-Observateur, il ne serait pas en déplacement à l’étranger. Son mutisme donne lieu à des divagations sur les réseaux sociaux quand on sait que pour être un ancien prêtre, ses mots placés dans le dossier nébuleux de l’Arcahaïe pourraient se révéler «convaincants». Nous sommes tous à le recherche de la vérité, car quiconque aura menti à la Nation mérite son châtiment.
M. Toussaint, qui s’est borné à bien jouer son rôle de titulaire de la Communication, s’est gardé de se prononcer sur un dossier qui risque de discréditer toute l’administration Moïse-Lafontant. Néanmoins, le ministre ainsi que les quatre (4) porte-paroles de la présidence laissent le champ libre à des spéculations faisant croire que nous habitons tous un pays de comédiens qui est dirigé par des acteurs avides de mélodrames. D’ailleurs, on reprochait déjà à l’ancien ministre de la Communication du gouvernement de transition son laxisme, au point de ne pas être in formé qu’Haïti participait, à Manille, en janvier dernier, au con cours pour le titre de Miss Universe.
L’annonce de grands événements sur la scène internationale, tels le vote d’Haïti à l’OEA, refusant d’appuyer la condamnation de son bienfaiteur, le Venezuela et son expulsion de l’organisme régional, n’a été nullement reprise pour le grand public, avec détails à l’appui, par le ministère de la Communication. Le prête-ministre de la Communication tèt kale bis n’a pas non plus informé la nation de la décision du Conseil de sécurité de l’ONU de l’envoi d’une force de police, suite au retrait de la MINUSTHA, en octobre prochain. Voilà autant de points et de faits saillants qui nous portent à demander qu’avec la présence de quatre porte-paroles au Palais national, quel est concrètement le rôle d’un ministère de la Communication en Haïti ? Est-ce une feuille de route griffonnée sur un papier volant, qui pourrait redéfinir la mission d’un ministère qu’une loi d’accompagnement aurait déjà été fixé, s’il en existe un. D’ailleurs, pour parodier l’ancien président Michel J. Martelly, « un ministre de la Communication est un menteur ». Serait-ce cette réflexion qui hante encore l’esprit de M. Toussaint jusqu’ à prendre ses distances par rapport aux investigations en cours sur l’incident de l’Arcahaie, un dossier dont Me Ocnam tient à cœur et dont il n’arrivera peut-être jamais à une conclusion éclairée.
Sans venir, comme à l’accoutumée, avec des données numériques permettant de bien tirer des conclusions, le Premier-ministre Lafontant a élaboré dix-huit (18) points dans sa feuille de route, laquelle recommande, au ministre de la Culture et de la Communication, en premier lieu, de travailler avec les groupes et structures concernés en vue de la création, organisation et fonctionnement de la Haute Autorité de l’Audiovisuel. Cependant, il n’est nullement figuré dans cette nouvelle recommandation les mécanismes et ressources pouvant aider à y parvenir.
Dans cette feuille de route, les points sont entrelacés et ce que le PM Lafontant affirme partager avec M. Toussaint relève purement de l’utopie. « Publier le baromètre de qualité du service public », n’a-t-on pas récemment installé l’éminent avocat Me. Josué Pierre-Louis à la tête de l’OMRH (Office de Management et des Ressources Humaines) ? Nous pensons qu’il revient également à cette entité étatique d’élaborer et de diffuser des rapports sur la performance du service public. De toutes les recommandations de Jack Guy Lafontant à Limond Toussaint, il est important de souligner le point sur le fonctionnement des médias publics, très décriés de nos jours. La RNH (Radio nationale d’Haïti) a perdu de son aura, et si ce n’était pas écrire pour écrire, avec la propagande qui gagne les réseaux sociaux, comment le ministre de la Communication pourrait-il parvenir à « faire une meilleure gestion des médias d’État et travailler à ce qu’ils deviennent des médias de services publics». Sur ce point encore, M. Lafontant est mal parti avec le retour des mêmes têtes.
Tout compte fait, cet « édit» de Jack Guy Lafontant n’est nullement applicable, malgré que les substantifs soient identifiés. Les points de cette feuille de route empiètent sur les descriptions de taches des autres ministères. Le PM aurait oublié que la protection des œuvres littéraires, scientifiques, artistiques et culturelles du pays relève directement des Droits d’auteur, non pas du ministère de la Communication. Si tous ces 18 points devaient être mis en application, il ne resterait aucune activité pour les ministères du Tourisme, de l’Environnement…
Nous craignons bien que le noble objectif que dit poursuivre le gouvernement de Moise-Lafontant en distribuant à qui mieux-mieux des feuilles de route, ne soit qu’un vœu pieux, avec un budget d’investissement déficitaire basé sur des prévisions illusoires. Du diseur à l’éloquence, l’élégance n’ est plus de mise si les paroles données n’ont suivi d’aucun effet.
cba
(texte original extrait de Haiti-Observateur / Edition du 19 au 26 avril 2017)