Jovenel Moïse: « Entre l’enclume et le marteau » par Me. Jean Sénat Fleury

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Il n’y a aucun doute, Jovenel Moïse est le président; mais il n’a pas le pouvoir. Le clan de Michel Martelly et les élus au parlement ont l’appareil de l’ Etat sous leur contrôle

Port-au-Prince, samedi 15 avril 2017 ((rezonodwes.com)).- Le président est pris entre l’enclume et le marteau. Il a la volonté de dédouaner mais il a les mains liées derrière le dos. Vouloir n’est pas tout en politique. Il faut avoir les moyens de ses actions. C’est la difficile équation à laquelle le président doit résoudre avec très peu d’alliés.

La bataille pour la présidence

Trois mois seulement après les élections, la bataille a déjà commencé pour les présidentielles de 2021. Entre le camp Michel/Sophia Martelly d’un côté et Laurent Lamothe de l’autre; une guerre impitoyable est à l’horizon. Qui remplacera Jovenel Moïse après son mandat? C’est l’enjeu pour les deux camps.

Aristide avait fait choix de Préval en 1995 pour le remplacer parce qu’il avait pleine confiance en son frère marassa. Avec Préval comme président, Aristide était assuré de retourner au Palais national pour un second mandat. Martelly a fait le même calcul avec Jovenel. L’histoire est un perpétuel recommencement.

Entre Préval et Aristide, il y avait Jean Dominique. Entre Moïse et Martelly dans cette nouvelle conjoncture, il y a Laurent Lamothe. La même cause produit toujours le même effet. Trop penché sur Jean Dominique, Préval a reçu un premier signal avec la tentative d’assassinat sur sa sœur. Trop ambitieux dans son plan de relancer la production du riz dans l’Artibonite et développer son propre agenda; Jovenel a reçu un premier « siyad« . Le cortège présidentiel a été attaqué sur la route de l’Arcahaie, au retour.

Le président du Sénat a aussi son ambition. Ayant un contrôle total sur l’Artibonite, le sénateur Youry Latortue cherche silencieusement mais adroitement sa route vers la présidence.

Trouver des alliés

Avec très peu de manœuvres dans les ministères, Jovenel Moïse doit chercher un soutien populaire. Il doit montrer à la population sa volonté de dédouaner et en retour le peuple lui fournira un rempart de sortie. Pour réussir, Jovenel Moïse, doit se montrer qu’il n’est pas sous l’influence de son patron Michel Martelly, aujourd’hui via des hommes-clé dans des positions, en puissance dans le gouvernement

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L’agriculture: le cheval de bataille du président

Relancer une économie moribonde, diminuer la misère, combattre la corruption, réconcilier une société divisée par la haine: les défis qui attendent Jovenel Moïse sont nombreux. Le président doit être un fin stratège pour sortir dans cette arène peuplée de requins et de tigres affamés et prêts à dévorer. Pour instaurer la paix sociale – même apparente – le président doit sortir une baguette magique pour créer des emplois et en même temps donner à manger à la population. Eviter une émeute qui peut être déclenchée à tout moment; voilà un problème à éviter. La famine tue en Haïti.

Négocier avec les américains pour ouvrir un projet à l’échelle nationale via l’ USAID « CASH FOR WORK » peut constituer une bouffée d’oxygène dans le marché intensif de l’emploi. Distribuer des semences de kalalou (1 mois en terre et prêt à consommer), du pois (1 mois 1/2), du maïs (2 mois); le piment (1 mois), du malanga etc. pourrait être une réponse à court terme en attendant l’irrigation de l’Artibonite et les autres plaines dans le pays pour trouver une vraie solution à la famine.

Le nœud gordien de l’équation: il faut éliminer les mauvaises herbes dans le jardin. Jovenel Moïse né dans le Nord n’est pas Henry Christophe.

Jean Sénat Fleury (jsf)

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