Pourquoi Ocnam Clamé Daméus est-il de retour au Parquet de Port-au-Prince ?

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par Claudy Briend Auguste

Quand on est d’une grande loyauté envers ses amis, rares sont les fois qu’ils vous abandonnent quand ils se retrouvent au sommet.

Port-au-Prince, mercredi 5 avril 2017 ((rezonodwes.com).-Dans toutes ces belles histoires de « recyclage » de tête d’hommes et de femmes, pour services rendus, engagé par le nouveau pouvoir Tèt Kalé bis, qui, par ailleurs, fait briller l’incompétence à la direction générale du SMCRS, ou accorde une prime de récompense à un obsédé sexuel au MENFP ou encore valider la surenchère électorale, ou enfin presque, place une inculpée au MHVE, sauf le fervent et zélé « juge » Lamarre Bélizaire qui parait être le malchanceux à ne pas pouvoir regagner ses pénates.




En effet, Danton Léger est parti du Parquet du Tribunal de première instance de Port-au-Prince. Ocnam Clamé Daméus a été désigné pour le remplacer afin de continuer sa tache ingrate de commissaire de gouvernement, exactement là où il avait tout laissé, en mars 2016. Cet ancien commis de Parquet, qui, à la satisfaction des étudiants, avait défié le régime Lavalas, vers 2003, Me Ocnam Daméus, promu commissaire du gouvernement, durant le règne du régime tèt kalé numéro 1, à son investiture jeudi dernier, tout feu tout flamme, à la grande surprise de tous, est prêt à faire feu de tout bois. Retourné à ses heures de gloire, vécues en 2015, Clamé Ocnam Daméus a brandi, pour sa défense et les siens, une loi non encore existante sur la diffamation visant à empêcher probablement tout questionnement de son passage au Parquet, entre 2015 et 2016.

Notamment, des éclaircissements sur le rapport d’enquête touchant la disparition de plusieurs corps du délit, du temps où il était le seul maître à bord du régime tèt kalé 1 au Tribunal de première instance à Port-au-Prince.

En aucun des cas, si le CSPJ (Conseil supérieur du pouvoir judiciaire) n’était pas dysfonctionnel, aussi bien que toutes les autres branches de notre système de gouvernance, accordant des primes à l’incompétence en fonction du degré d’allégeances au parti; et par-dessus tout à l’impunité, le nouveau commissaire du gouvernement ne devrait revenir à la charge sans que tous les doutes soient totalement dissipés sur un sujet litigieux le liant à la disparition de plusieurs pièces à conviction.

Les corps du délit retracés et identifiés

Effectivement, le nom de Me Daméus figure sur un rapport d’investigation qu’avait diligenté le ministère de la Justice, en mai 2016, le soupçonnant d’avoir utilisé à des fins personnelles des « corps du lit» qui se trouvaient en dépôt. Cette enquête, conduite par Me Johnas Fleury, le 18 avril 2016, a révélé en conclusion que Me Daméus s’est servi, le 8 avril 2016, d’un fusil de calibre 12 enregistré au numéro L254076 et plusieurs cartouches. Mais le rapport n’a nullement mentionné si cette arme à feu a été rendue à qui de droit ou replacée dans sa position initiale.




« Il m’a été très difficile de lancer l’enquête au niveau de toutes les juridictions à la fois », a écrit, le 9 mai 2016, Me Joseph Johnas Fleury de la direction des Affaires juridiques, à son ministre de tutelle, Me Camille Edouard Junior. Cependant, a-t-il poursuivi, il a « commencé par la juridiction de Port-au-Prince » où Me Daméus venait à peine d’être muté de son poste. Le résultat préliminaire de l’enquête affiche le nom de Clamé Ocnam Daméus comme celui qui a le plus utilisé « des corps du délit », pour ses besoins personnels. Rien n’est dit sur les parquetiers de la province où le système judiciaire est en pleine déconfiture.

Le rapport souligne que l’actuel chef du Parquet, qui promet d’appliquer la politique pénale du nouveau pouvoir tèt kalé, en fouinant partout, en enquêtant sur les bénéficiaires de « subventions», a gardé, le 20 avril 2015, pour sa « sécurité personnelle», une arme à feu de la marque Uzi ainsi que son chargeur. Le 19 décembre, de la même année, le puissant commissaire nommé par l’administration Martelly-Lamothe, de son propre chef, aurait passé aux agents de sa sécurité rapprochée, 8 fusils de marque Marwerick. Ces armes étaient transférées de la DCPJ. Le rapporteur avait pris soin de relever les numéros d’enregistrement de chacun de ces fusils d’assaut réquisitionnés à un moment critique de la vie nationale.

Me Daméus, qui a annoncé les couleurs au Parquet de Port-au-Prince en laissant sous-entendre que tous les dossiers sur lesquels planchait son prédécesseur seront revus et analysés avant toute nouvelle considération. Selon ce même rapport d’investigation, Daméus aurait enfreint la loi en déplaçant « les corps du délit ». Une entrave qui empêcherait à tout jury de prononcer objectivement un verdict de culpabilité ou non des accusés en question, si toutefois leur jugement a lieu, nous a confié un ancien-commissaire du gouvernement, interrogé par le journal.

Pour Maître Fleury, attaché à la direction des Affaires juridiques, il est révélé que le 30 décembre 2015, au beau milieu des controverses sur la présidentielle soupçonnée de fraudes graves, Clamé Ocnam Daméus a, une autre fois, et encore à des fins personnelles, comme le thème le plus facile à expliquer par l’enquêteur, a utilisé 2 pistolets de calibre 9mm, 1 chargeur de 12 et 13 cartouches respectivement. Le CG porterait-il en lui cette paire d’arme comme dans les « Western» ? M. Fleury, dont les résultats de son investigation, à sa publication, avaient soulevé un tollé chez M. Daméus. Pour sa simple défense, il n’est depuis lors revenu sur les faits élaborés jusqu’à la conclusion de son enquête. Néanmoins, pour ce rapport qui fait tâche d’huile, il avait bien pris soin d’annexer les copies des inventaires relevés au moment des perquisitions. Or, il se trouve que quelques temps après, beaucoup de ces matériels, dont des armes à feu, venaient à manquer. Qui viendrait demander compte aujourd’hui au CG ?




Si pour Johnas Fleury, un grand commis de l’État, membre haut placé du ministère de la Justice, on lui a verrouillé toutes les portes pour qu’il n’ait accès au résultats des investigations, il est à se demander qu‘en est-il d’un journaliste qui voudrait s’enquérir d’un sujet auprès d’un responsable.

Et pour comble de malheur, les actuels locataires du Parlement en cherchant à privatiser les «affaires publiques », sur le linge sale, viennent avec un projet de loi sur la diffamation dont le commissaire Daméus plaide déjà la bonne cause. Est-ce bien là le retour de Me Daméus au Parquet, toujours loyal envers ses bienfaiteurs qualifiés d « honnêtes citoyens », des enfants de chœur qui font toujours ressortir trimestriellement les détails de leurs subventions ? Ce se rait bien trop hasardeux si nous affirmons que le hasard fait bien les choses.

cba

Chef de la rédaction des réseaux de Rezo Nòdwès

(extrait du texte original publié dans www.Haiti-Observateur.ca / Edition du 5 au 12 avril 2017)

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