Quand le camarade Moïse s’adresse à Moïse, le président !

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Correspondance : Moïse Jean-Charles adresse une correspondance ouverte à Jovenel Moïse. « Je connais vos qualités et vos ambivalences… » « …Mon cher Moise, qu’êtes-vous allé foutre dans cette galère » ?

Port-au-Prince, mardi 4 avril 2017 ((rezonodwes.com)).-Sans, à aucun moment, mentionner le titre de « Président de la République« , voire l’utilisation abusive de la formule courtisane de « Son Excellence« , l’ex-candidat malheureux à la présidence, s’adresse pour la première fois au nouveau chef de l’Etat, depuis son intronisation au Palais national.




Si Jovenel Moise, en mai 2015, avait été révélé au grand public par Michel Martelly, par contre, a écrit Moise Jean-Charles, qu’ « à l’évocation des souvenirs d’un temps récent« , l’actuel président qui était de son équipe, il présume connaître ses qualités et des ambivalences.

L’ancien Sénateur du Nord qui, à coup sûr, rêvait une autre méthode de gouvernement que celle présentée par le régime Tèt Kalé bis, attire l’attention de son « camarade » Jovenel Moise sur la constitution d’un « État de ‹‹ Lesen Grennen ›› outillé de doublure, de cupidité et de manichéisme, campé sur l’île de Quisqueya aux lendemains du régicide sacrilège du 17 octobre 1806« , avec la mort de Dessalines. Pour l’ancien membre du « Groupe des Six » à la 49ème Législature, encore moins décriée que la 50ème, Jovenel Moise serait « la dernière doublure de ce système en décomposition ». Le leader de « Pitit Dessalines », pour argumenter sa thèse, dans cette lettre ouverte, se réfère à la farce électorale qui, poursuit-il, a élevé (M. Jovenel Moise) à la place d’honneur pour l’entraîner sur la place d’armes, oui de cette farce électorale dont il est le dindon.

La proposition de loi sur la diffamation, non plus, n’a pas laissé indifférent l’ancien candidat à la présidence. Il a rappelé à son « camarade Jovenel » d’aller consulter les administrations des anciens régimes. Il a cité en exemple les gouvernements de Pierrot, Salnave et Duvalier car tous, selon lui, ont voulu ou chercher à bâillonner la presse et restreindre les libertés individuelles. « Dans la tourmente d’une spirale, on perd toutes les notions d’orientation, on perd ses repères, on perd ses pédales, on lutte contre son ombre, on se fourvoie jusqu’à se nourrir de sang« , serait-ce un signal d’alarme lancé par Moise Jean-Charles qui voit dans la loi de diffamation de Jovenel Moise et de Edo Zény un « déterrement de la veille pratique de la Rome de César : diviser pour régner« .




Haïti ne vote pas contre le Vénézuéla, quitte à attirer la foudre du sénateur républicain Marco Rubio, car Moise Jean-Charles est de cet avis jusqu’à arriver à féliciter Jovenel Moise pour le vote d’Haïti à l’OEA en solidarité avec la Nation sœur de la République Bolivarienne du Venezuela. Néanmoins, l’ex-sénateur s’interroge sur le dernier acte posé par la présidence à l’échelle internationale. Il se pose la question à savoir s’il s’agirait d’ un signal de souveraineté nationale que le président Tèt Kalé a envoyé à ses censeurs à l’approche du départ de la Minustha exigé du peuple haïtien ?

Plus loin, M. Jean-Charles qui n’a pas fini de digérer le comportement du BCEN de Carlos Hercule au CTV, remet en question la décision du vote d’Haïti à l’OEA. « Est-ce un choix responsable de marcher dans le sens de l’histoire pour cette humanité solidaire ? Est-ce aussi une stratégie de poudre aux yeux pour mieux cacher à la Nation les véritables mobiles de ce pouvoir illégitime de fait de novembre 2016  » ?

Dans sa longue lettre ouverte au président Jovenel Moise, Moise Jean-Charles a passé plusieurs points en revue touchant l’essence même de la société haïtienne. Mais il y a un point sur lequel, nous ne voulons pas nous éterniser, c’est celui du rapport de l’autopsie conduite sur les restes du défunt-président René Préval. Le Parquet de Port-au-Prince, croyons-nous savoir, devrait être le premier à informer la population, si toutefois les résultats étaient disponibles et qu’il n’avait rien à les cacher.

Pour le fameux dossier « Affaire Guy Philippe », Moise Jean-Charles n’en démord pas. Il renvoie la balle à Jovenel Moise car, précise-t-il, en dépit de son silence si éloquent dans ce dossier. Il a rappelé que Guy Philippe a mené campagne pour Jovenel Moise et avec Jovenel Moise dans la Grand’Anse. L’ ancien Maire de Milot qualifie « d’ingrate et reprochable » l’attitude de mépris de Jovenel Moise à l’égard du sénateur-élu Guy Philippe. Mais cela peut se comprendre, ironise-t-il, « vous êtes entre l’enclume et le marteau. Et vous avez fait votre choix ».

Moise Jean-Charles qui conseille le président à ne pas faire tête de mule, (dans les consultations gratuites qu’il a fournies), revient sur Agritrans, un projet de bananes en perdition. Il lui demande de faire un retour à l’arrière et de se souvenir que la firme consultée pour le montage de cette production de bananes redoutait de fâcheuses conséquences sur la nappe phréatique et prévenait des risques de salinisation de l’eau rendant, a priori, impossible la tenue de cette bananeraie. Mais vous n’en avez cure.

Rezonòdwès qui reproduit in-extenso cette lettre, dans une publication séparée, a relevé des avertissements d’un leader qui a vu, a vécu et vaincu. Il a constaté le faux bond de l’administration de Moise-Lafontant avec des hommes au mauvais endroit, tout comme, mentionne-t-il, la nomination de M. St-Albin comme titulaire du Ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales.

Ce serait pour comble de malheur des haïtiens si la gourde arriverait à frôler la barre de 100 gourdes pour un seul billet vert. Mais le Sénateur Jean-Charles anticipe déjà dans ses longues réflexions. Car, pense-t-il, si cette droite libérale et prédatrice qui vous a imposé ne vous souffle pas tout de suite une recette/tampon malgré les 120 millions de dollars injectés sur le marché, la gloutonnerie aura raison de vos espérances et bientôt l’on aura besoin de 100 gourdes pour un dollar américain. Heureusement, il s’est vite rattrapé pour ne pas être pris pour un « prophète de malheur » ou encore moins un partisan du chaos.

Moise Jean-Charles, dans sa lettre, affirme haut et fort que l’actuel locataire du Palais national a été imposé au peuple haïtien par une clique de commerçants, qui, selon lui, tirent toute leur fortune de l’importation des produits de nécessité quotidienne : riz, œufs, bananes (malheureusement), haricots. Comment, dans ce conflit d’intérêt, le président arrivera-t-il à redresser la production nationale qui demande science, volonté politique et patriotisme, s’interroge-t-il.

Cette lettre, la première d’un leader populaire sur la scène politique, aussi pertinente qu’elle paraisse, dresse un sombre tableau de la situation actuelle du pays où la Grande-Anse est menacée de famine. Que de défis à relever en 100 jours, une période déterminante pour tout succès à venir d’un quinquennat. Mais, selon l’ancien candidat à la présidence, M. Jovenel Moise est-il dans cette ambiance, capable de s’élever au rang des génies pour sortir le grand jeu dans l’intérêt national ?

L’ami du président en doute et termine sur une note qui risque de troubler la nuit, le sommeil du président dans des innombrables réflexions avec de multiples questions sans réponses que même ses courtisans ne peuvent correctement lui dicter.

Moise Jean-Charles : Mon cher Moise, qu’êtes-vous allé foutre dans cette galère ?

Jovenel Moise : Mon cher camarade Jean-Charles, n’auriez-vous pas vous-même cherché à vous faire appeler « Son Excellence » ?

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