Editorial : Impossible de faire confiance à la police ou de se fier au discours de Jovenel Moïse, un menteur invétéré

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Le faux coup d’état du 7 février 2021, souvenez-vous en !

Jovenel Moise ne se gène pas à dire que « Les réfugiés de Martissant et de Delmas doivent pouvoir miser sur une assistance du gouvernement ». La présence continue de ce menteur invétéré, incompétent et usurpateur de titre au Palais national, équivaut à la ruine définitive d’Haïti, à tous les points de vue.

Editorial de Haiti-Observateur
édition du 23 au 29 juin 2021

New York dimanche 27 juin 2021 ((rezonodwes.com))–

De retour d’un voyage d’ « État », en Turquie, dont le motif n’est pas clairement défini, ni les avantages au pays démontrés, Jovenel Moïse estime le moment opportun de relancer ses discours vides de sens. Comme si, après avoir limé son cerveau à celui de son homologue turc et des alliés de ce dernier du groupe politico-économique régional, dans le cadre du forum de la diplomatie d’Antalaya, dont les thématiques étaient : sécurité, investissements et énergie, il est doté de meilleurs moyens de gérer ses ambitions. Un déplacement orchestré, à la va-vite, le président de facto n’a pas informé le peuple haïtien, qui a financé son voyage, quant à la vraie mission qu’il allait remplir en Turquie, ni au départ, ni au retour. Voilà un secret de Polichinelle probablement lié à son double projet référendum illégal et anticonstitutionnel, plus élections faites sur mesure.

Après avoir abreuvé le peuple haïtien de mille promesses non tenues, au fil de son quinquennat ayant expiré le 7 février, revenu au pays, de retour en Asie, Jovenel Moïse s’imagine que ses concitoyens ont oublié qu’il est un menteur invétéré. Le voilà donc dé-barqué, au Salon diplomatique de l’Aéroport Toussaint Louverture, à Port-au-Prince, débitant d’autres pro-messes, dont la plupart ont été, à plu-sieurs re prises, ressassées.

En effet, lors d’un point de presse, il a demandé au directeur général a.i. de la Police, Léon Charles, de se hâter de faire arriver au pays des matériels qui ont été commandés (pour la PNH). Sa façon, bien à lui, d’insinuer (sans l’expliciter) qu’il cautionne les nouvelles déclarations de Léon Charles. Ce dernier venait, on se souvient, de déclarer la guerre aux gangs armés, dont le G-9 en famille et alliés, dirigés par Jimmy Chérizier, surnommé Barbecue, proche du régime PHTKiste présidé par Moïse.

Si, dans le passé, celui-ci s’était tu sur la guerre de ses gangs armés s’entre-tuant, massacrant aussi des innocents, en sus de provoquer l’incendie de douzaines de mai-sons et de petites entreprises, et de faire des sinistrées de milliers de familles acculées à dormir à la belle étoile ou forcées à se loger, dans la promiscuité totale, au Centre sportif Dadadou de Carrefour, il s’est enfin fait entendre.

Exactement vingt jours de silence, de la part du président de facto, face à ces spectacles ahurissants de femmes, d’enfants et d’hommes, y compris des vieillards et des handicapés, abandonnés à eux-mêmes, font suite à de nouvelles promesses du président de facto. Après avoir été exhorté de prendre en charge ces « sinistrés nationaux et locaux », par les Nations Unies, Jovenel Moïse a ordonné au chef du gouvernement, Claude Joseph, de « venir en aide » à ceux qui ont été obligés de fuir leurs maisons pour échapper à la violence des gangs.

Se montrant convainquant, aux naïfs, l’occupant illégal du Palais national ne s’est pas gêné à dire : « Les réfugiés de Martissant et de Delmas doivent pouvoir miser sur une assistance du gouvernement ». Dans la mesure où ces victimes ajoutent foi à ces promesses, d’aucuns diraient qu’ils prennent pour argent comptant des déclarations destinées à faire dormir debout. Puisque, comme on dit en créole, « Bonjou Jovnèl pa la verite » (« Même le bonjour de Jovenel n’est pas la vérité »). Car pour mémoire, les propos qu’il avait tenus, dans son intervention, à la suite du massacre de six policiers, par les bandits de Village de Dieu, lors d’une descente des forces de l’ordre, à ce bidonville, le 12 mars de cette année, et au cours de laquelle il avait promis une action punitive contre ces criminels, par la PNH, sont restées lettre morte.

Dans le même contexte, les mises en garde lancées contre les importateurs d’armes et de munitions, après le retour de M. Moïse de la Turquie, n’autorisent rien à croire à leur concrétisation dans les faits. Dans la mesure où les trafiquants de ces engins mortels sont des hommes proches du pouvoir, ou bien membres de l’Exécutif, comme c’était le cas pour l’ex-Premier ministre Laurent Lamothe et son alter ego, l’avocat Salim Soukar, ou encore des criminels endurcis, à la solde du Palais national, ils ne sont jamais inquiétés, continuant à bénéficier de l’impunité, en tant qu’alliés de la présidence. Autant qu’on sache, Jovenel Moïse et son équipe, ainsi que la Police nationale, sous le leadership de Léon Charles, ou sous la direction de directeurs généraux passés, n’ont jamais bougé le petit doigt, pour sévir contre les gangs accusés d’assassinats de policiers, tous grades confondus.

Plus de vingt-sept agents de la PNH, parmi eux de hauts gradés, ont été abattus, au cours de ces deux dernières semaines par les bandits de Martissant et de Delmas; ou encore, plus d’une trentaine kidnappés contre rançon ou abattus pour raisons inconnues, par les ban-dits proches du pouvoir. Ceux qui sont responsables de tels crimes courent encore. Puisque, quand bien même la hiérarchie policière aurait la velléité de riposter sous la pression des troupes, elle n’ose mettre leur intention à exécution sans l’aval de la présidence. Quant à la promesse de Moïse de fournir une aide aux victimes des gangs de Martissant et de Delmas agissant comme des auxiliaires de la Police, dans le cadre de leurs opérations dans les quartiers défavorisés de leurs zones respectives, il faut accepter une telle proposition avec un grain de sel. On se rappelle, bien que les guerres des gangs, dans la région de Martissant, aussi bien qu’à Delmas, s’étaient produites avant le départ de Jovenel Moïse pour la Turquie; et son chef de gouvernement, le chancelier Claude Joseph, pour les Nations Unies, à New York, rien n’a été fait pour soulager la condition d’existence de ces familles déplacées. Les deux plus hautes autorités de l’Exécutif sont parties à leurs missions séparées, sans se soucier le moindrement de ces fa mil les. Alors que plusieurs organisations haïtiennes avaient tiré la sonnette d’alarme sur la situation des réfugiés de Martissant, appelant les autorités à intervenir en urgence, ces cris de détresse s’étaient heurtés à l’indifférence totale du pouvoir.

En tout cas, si Jovenel Moïse s’est empressé, à son retour de la Turquie, d’annoncer l’intention de son gouvernement d’octroyer une aide humanitaire à ces sinistrés, on ne saurait oublier que lui et son Premier ministre avaient laissé le pays sans afficher une once de compréhension d’humanisme, à l’égard de ces familles en détresse. Ces promesses faites, il faut maintenant se demander si les fonds seront disponibles pour financer les initiatives annoncées.

À la lumière de tous ces faits, comment peut-on faire confiance à la Police, sous la direction d’un nul et d’un soumis tel que Léon Charles, de joindre le geste à la parole, eu égard à ses déclarations concernant les gangs armés. Surtout que, conscient de la faiblesse de ses troupes, face à ces derniers, il voit les hommes sous son commandement en situation d’infériorité, confrontés aux fantassins de Barbecue. C’est, d’ailleurs, le sentiment qu’éprouvent les différents secteurs du pays à voir les malfrats proches du pouvoir se déferler sur des entreprises privées, dont les derniers épisodes ont été enregistrés dans des quartiers proches des commissariats de Police. C’ était le cas, le lundi 14 juin, au boulevard de l’Aéroport, où les hommes de Barbecue ont semé la terreur au sein des entreprises établies dans la zone, notamment chez le concessionnaire d’automobiles Berhman Motors et d’autres entreprises, qui ont été ordonnées de fermer leurs portes. Certains éléments de la PNH arrivés sur les lieux n’ont pas été en mesure de rappeler les bandits à l’ordre et de mettre fin à la panique qui régnait dans cette zone.

Deux ou trois jours plus tard, rassurés que la Police était leur alliée et qu’elle n’allait s’opposer nullement à leurs opérations, les gangs ont orchestré une mise à sac de magasins se trouvant dans l’aire de Chancerelles, au nord de la capitale. Le supermarché Ti Tony a été complètement dévalisé par les malfrats. Aucune patrouille policière n’était visible. Le pillage allait continuer le lendemain, et même le jour suivant. Pendant tout ce temps, la Police a brillé par son absence. Les jours suivants, d’autres entreprises, surtout des dépôts de provisions alimentaires, allaient devenir, à l’instar du marché Ti Tony, la proie des ban-dits armés. Après tous ces constats, comment peut-on faire confiance à cette équipe gouvernementale illégale, illégitime et franchement incompétente de résoudre les problèmes d’insécurité, notamment la terreur des gangs armés sur les citoyens, en général, ceux des quartiers populaires en particulier ?

Aussi bien le chômage omniprésent, l’insécurité alimentaire, l’insouciance gouvernementale à l’égard du pays, le pillage systématique des ressources de l’État, l’impunité au sein de l’administration publique et la vassalisation de la justice par l’Exécutif ?

En tout cas, Jovenel Moïse et son équipe gouvernementale a.i. n’ont ni la volonté, encore moins les compétences nécessaires, pour se colleter avec tous ces problèmes qui méritent d’être solutionnés quasiment en même temps. Sa présence continue au Palais national équivaut à la ruine définitive d’Haïti, à tous les points de vue. Qu’on se le dise, encore une fois : le peuple haïtien, quoique pensent et disent les « pays amis », ne peut continuer à tolérer l’incompétence et le criminel dans la maison du peuple !

Haiti-Observateur

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