16 novembre 2025
Quand l’image du Président Préval sur son lit de mort banalise et déshumanise la société
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Quand l’image du Président Préval sur son lit de mort banalise et déshumanise la société

par Me. Elco Saint-Amand
Quelles réflexions ces maux vous inspirent?

Port-au-Prince, mercredi 8 mars 2017 ((rezonodwes.com)).- « Une société dans laquelle on ne respecte pas les défunts est une directement vouée à l’amnésie générale ». Un tel comportement est l’histoire d’un retour badigeonné et désossé par la présence des malades de sensations. D’ailleurs quelles sensations ?




Haïti est devenue une société tamisée en une sorte de farcie d’ensemble où les morts sont sujets au ridicule et à la lèchefrite, aux yeux des vivants-ignorants. Pour ces Haïtiens-ignorants, les ré seaux sociaux sont une nature luxuriante pour cacher leur mal d’esprit. En effet, la photo exposant le corps de l’ex- président René Préval sur un lit d‘hôpital, vendredi dernier (3 mars 2017), fut un choc pour certains et un objet de plaisir pour d’autres… une attitude qui traduit indubitablement l’effet bouillant de la marmite inhumaine dans laquelle notre société bout depuis trop longtemps.

Avec une telle image circulant sur le net, l’ Haïtien n’écrit pas son ignorance, il en parle et du même coup en fait de la mauvaise. Une sorte de publicité féodale propagée à raison dans une tribut où le chef est un valet.

Haïti, le pays de tous les maux : une cacophonie incessante qui se fait entre les vivants et les morts. Tout est banal et ne traduit en rien. Tout est sujet de plaisir dans cette société hilarante où l’irresponsabilité des classes dominantes fragilise la vie — un vacarme des voyageurs malades et qui se voient rater l’avion menant vers des hôpitaux archaïques, et dont la mort qui y surprend questionne leur compte en banque.




Cette fin de février et le début de mars nous remettent dans ce torchon roulé par le mépris de l’indifférence des vérités qui se débitent depuis plusieurs années sur le malaise entretenu par la politique de prise de pouvoir.

Avant de faire ressortir les éléments d’analyse de mes considérations politiques et juridiques, il convient, pour moi, de condamner cette nouvelle pratique consistant à faire circuler la photo des cadavres sur les réseaux sociaux, ou encore à fabriquer des montages de mauvais goût avec les photos de citoyens et de citoyennes. Il faut que cela cesse ! Voilà la dernière image qui va déranger l’entendement de cet auteur qui agissait  en fourbe tolérant ou en ignorant. Le public du monde entier l’a vite achetée en aveugle et l’a partagée en complice.

Aujourd’hui, je mets  l’emphase sur ce phénomène clairement condamnable mais qui, néanmoins, continue sa course choquante chez les grands du pays et un peu partout à travers le monde sur les smart phones. Nous nous faisons tous complices cette démarche. Mais on n’a vu aucune note de condamnation de la part du ministre de la Justice.

En dehors de toute considération partisane, on peut toutefois noter que dans certains pays le « droit à l’image» est garanti et protégé par la loi. À quand l’implantation d’une loi établissant les responsabilités des uns et des autres
sur la protection des images des gens ?  Une loi protégeant le «droit à l’Image» !




Selon plusieurs doctrines élaborées, on définit que : « toute atteinte au droit à l’image est une violation pure et simple de la vie privée ». Cela constituerait carrément un non respect des principes de protection du droit à l’image et de la vie privée des citoyens et citoyennes.

Partant de ces principes, il est une évidence certaine que sans l’autorisation expresse d’une personne jouissant de sa liberté citoyenne que toute diffusion partielle ou globale de son image doit préalablement obtenir son accord. Je rappelle que les doctrinaires français de cette nouvelle loi sont allés jusqu’à dire que : « Le consentement à être photographié ne don ne pas pour autant UN ACCORD pour la diffusion de l’image ». Cela veut dire quoi ?

Que tout contrevenant, même en dehors d’une loi-cadre en Haïti, est passible d’une amende et d’une peine criminelle, c’est à dire qu’aucun individu généralement quelconque qui n’est pas autorisé ne peut prendre, voire en photo un individu ou diffuser un cliché dans lequel il apparaît…

En effet, si l’on considère que les doctrines du Droit français sont une source du Droit haïtien, peut-on être en mesure, dans des cas de violation de l’image des morts et autres, d’établir une jurisprudence afin de palier à cette absence non évolutive de notre patrimoine juridique ? Qui oserait tenter un tel débat dans un pays où l’évolution sociale n’est point sujet de droit ? Nous avons besoin de nouvelles lois, notamment sur l’utilisation abusive des réseaux sociaux…etc.

Que font nos faiseurs de loi ? Rien ! Que fait l’Exécutif face à l’évolution sociale du citoyen haïtien ? Rien !

Si le chef est un inculpé… si le législateur est un repris de justice… Que peut-on attendre ?

Tout projet de loi ou toute proposition de loi qui serait susceptible de mettre fin à cette liberté dont jouissent les politiques au pouvoir ne verra jamais le jour dans le journal officiel. La révision constitutionnelle publiée par M. Préval peut en témoigner.

J’ai en mémoire les photos des cadavres du chanteur hip-hop Black Alex et du comédien Black Ez…Qui est responsable de la diffusion de l’image de René Préval? Qui a pris cette photo, qui a fait ltour du monde ? Peut-on établir une certaine responsabilité ?

Pourquoi un tel mutisme de la part de ces organisations de défense des droits de l’homme ?

Pourquoi le Parquet du Tribu nal de première instance de Port-au-Prince n’a-il pas ouvert une enquête sur X ou Y ?

Pourquoi la condamnation de pareils actes se fait-elle jusqu’ici attendre ? Quoique démissionnaire, le Premier ministre n’a pas jugé bon de diligenter une enquête sérieuse devant identifier l’auteur de cette prise de photo du cadavre de l’ex-président René Préval ?

Qu’en est-il de la responsabilité des agents de Police affectés à sa sécurité personnelle rapprochée?

Nous sommes, en effet, devenus une société d’animaux où le sauve-qui-peut constitue la loi de la majorité. Dès fois,  je me de man de avec tristesse : que nous reste-il comme signe apparent d‘êtres humain ?

Comme je disais à un ami : «Toute notre élite se comporte comme des fous au grand en butte à la déchéance ». Avons-nous besoin d’un hôpital hautement moderne dans notre pays?

Nous n’avons pas eu un cimetière d’État pour enterrer nos dignitaires… Tous repartiront comme ils ont vécu… un semblant de goût du luxe dans la crasse, sous le couvert d’une classe.

Le cas de Thierry Gardère et de René Préval ne nous donne pas la conscience nécessaire et ce, à quand ?

Quand l’argent est utilisé à des fins mesquines, quand nous nous retrouvons allongés dans un couloir d’une quelconque clinique comme des bêtes, nous avons besoin d’un engagement citoyen de qualité où le rejet des responsabilités serait un acte condamnable et qui mériterait une certaine punition.

Comment expliquer la banalisation du vivant et du mort ? La politique, telle qu’elle se pratique dans le pays, a tout détruit sur son passage. Tout est liberté et autorité… Tout est efficacité et déchéance… Tout est folie quand nous assistons de manière constante au déshonneur infligé aux cadavres de ceux-là qui devraient être considérés comme des guides spirituels pour leur peuple.

Comme disait l’autre, on est mort tel que l’on a vécu… Pars en paix, Monsieur le Président ! Désormais des promenades à Marmelade, pour visiter le tombeau du Président-défunt, s’imposent.

Me Elco Saint Amand

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