ce n’est pas un président élu qui passera l’écharpe présidentielle au cou du vainqueur des urnes du dimanche.
Le pays vit depuis plusieurs années au rythme des scandales de corruption. Tous les présidents péruviens depuis 2000 ont eu à faire avec de telles accusations.
Englués dans une crise institutionnelle et sanitaire sans fin, les Péruviens votent dimanche 11 avril pour élire leur nouveau président. Un premier tour sans espoir ni illusion, avec dix-huit candidats sur la ligne de départ.
Dimanche 11 avril 2021 ((rezonodwes.com))–Une élection sans illusion. Appelés aux urnes dimanche 11 avril, les Péruviens doivent faire leur choix entre 18 candidats, tous crédités de moins de 10 % des intentions de vote. Ils doivent également élire les 130 députés du Parlement. Malgré la pandémie de Covid-19 – un record de contaminations et de morts a été atteint cette semaine -, le premier tour de l’élection présidentielle n’a pas été reporté. Le nombre de bureaux de votes a été multiplié par trois et de larges plages horaires mises en place pour éviter les attroupements.
Les candidats ont beau avoir multiplié les meetings de campagne (six d’entre eux ont contracté le Covid-19 à cette occasion), aucun d’entre eux ne suscite l’enthousiasme des Péruviens. L’issue du scrutin est plus que jamais incertaine.
« Neuf Péruviens sur dix » devraient se rendre aux urnes, selon l’Office national électoral (ONPE) – ils y sont de toute façon contraints sous peine d’amende -, mais ils étaient encore 28 % à ne pas savoir pour qui voter à la veille du scrutin.
« Les électrices et électeurs attendent un vrai changement mais ils ne savent pas à quel saint se vouer. Ils ne font confiance à aucun candidat », résume Lissell Quiroz, historienne et professeur en études latino-américaines à Cergy-Paris-Université. Le pays vit depuis plusieurs années au rythme des scandales de corruption. Tous les présidents péruviens depuis 2000 ont eu à faire avec de telles accusations. « Les deux tiers des parlementaires sont aussi sous le coup de procédure pour corruption », ajoute la chercheuse. Même la justice n’est pas épargnée.
Que sont devenus les anciens présidents péruviens ?
Depuis 2000 et la destitution d’Alberto Fujimori, la présidence péruvienne est devenue un siège éjectable. Crise après crise, les présidents se sont succédé, avec un pic atteint en novembre 2020 quand trois présidents ont été nommés successivement en une semaine. Le premier d’entre eux, Alberto Fujimori (1990-2000), a été condamné à vingt-cinq ans de prison pour corruption et crime contre l’humanité après avoir été extradé du Japon où il avait trouvé refuge. En mars 2021 débutait son procès pour « stérilisations forcées » de milliers de femmes pauvres.
Le président de centre droit, Pedro Pablo Kuczynski, a été contraint de démissionner en 2018 après deux ans de mandat pour son implication dans le scandale de corruption « Odebrecht », qui a atteint plusieurs dirigeants d’Amérique latine – dont l’ancien président brésilien Lula. Il est depuis placé en résidence surveillée. Le président par intérim Manuel Merino, qui avait remplacé le 10 novembre Martin Vizcarra destitué par le Parlement sur des soupçons de corruption, a présenté sa démission dimanche 15 novembre. Le député centriste Francisco Sagasti est devenu alors le nouveau président par intérim, troisième chef de l’État du pays en une semaine et le quatrième pour achever un mandat présidentiel constitutionnel de 5 ans.
Ses prédécesseurs Ollanta Humala et Alan Garcia ont été aussi été impliqués dans l’affaire « Odebrecht ». Ce dernier s’est suicidé. L’affaire a également éclaboussé la fille d’Alberto Fujimori, Keiko Fujimori, aujourd’hui candidate à la présidence.
source : la Croix