Par Dieudonné ST-CYR
Partout dans la capitale haïtienne des individus achètent des morceaux de fer pour ensuite les revendre à de grandes compagnies spécialisées. Le cynisme y est tellement avéré, même les couvercles des égouts ne sont pas épargnés. Pour avoir plus amples informations sur le fonctionnement de ce secteur, combien lucratif, nous nous sommes rendus dans les périphéries des rues Champs de Mars et Magasin de l’Etat pour rencontrer un vendeur, du nom de Patrick ainsi connu, pratiquant cette activité « illégale ».
En effet, ce trafiquant de vieux morceaux de fer n’a aucun gêne pour mettre à nu les détours de son gagne-pain au quotidien.
Il est 11 heures 15 du matin, nous nous sommes retrouvés à proximité à l’angle de la Rue des Casernes et le boulevard Harry Truman. Loin de nous l’idée de nous voir sous ce soleil cuisant dans une zone où diverses activités y sont installées.
Chacun s’occupe de ses affaires. Sur l’une des deux côtés de la chaussée, sous un tapis bleu délavé servant de parasol, se trouve Patrick, un jeune homme dans la trentaine. Il est vêtu d’un T-shirt noir et d’un jeans bleu aussi délavé, et en l’observant il a l’air fatigué et fourbu. Juste avant de répondre à nos questions – il frappe de toutes ses forces, au moyen d’un marteau, sur un vieux moteur pour extraire quelques pièces métalliques rouillés.
À notre première formulation sans avoir eu le temps d’en terminer, il nous répondit: » je me suis installé ici d’abord pour subvenir à mes besoins et essayer de développer mes affaires. ».Il continue pour dire « Je pratique tout – j’achète tout, notamment tout ce qui vient du fer. D’un sourire laconique, tout en continuant de produire un son assourdissant, il bute sur ses mots pour nous dire que: « même les vieilles boites de conserve et des anciennes carcasses de moto et de vélos, ont un prix ».
Commerçant de vieux morceaux de fer, de son état, Patrick affirme y avoir bien gagné sa vie. « Je ne fais que cette activité et j’y gagne bien ma vie », se réjouit l’originaire de Martissant.
Installé sur une pierre, Patrick paie 5 gourdes pour le kilo de fer qu’il revend à coup sûr pour la somme de 7 ou 8 gourdes. « La feuille de tôle me coûte 3 gourdes, ajoutait-il. Il spécifiait qu’à chaque fois que j’ai l’équivalent d’un camion, je la revend aux grands commerçants qui exportent ces différentes pièces de fer venues de toute part et n’importe où, explique l’homme au teint pâle.
Nous pouvons réaffirmer que les activités de Patrick, ce commerçant, s’étendent aussi aux carcasses de voitures abandonnées à travers différents quartiers de la zone métropolitaine. Selon ses dires et d’une voix fière que son commerce contribue à « désoccuper les chaussées et les trottoirs ». Tout est récupéré pour être revendu. « Tu vois, rien n’est perdu « ! Ce sont les anciens cadres, les tuyaux d’échappement,les réservoirs et les anciennes roues de motos, expliqua-t-il. J’achète tout ici, pourvu que tout cela provienne du fer. « J’évite les couvercles d’égout » avance-t-il avec un sourire complice, probablement pour dire qu’il n’est pas responsable de ce « crime » fait à toute une population..
Patrick n’entend quitter pour rien au monde cette activité qu’il exerce depuis plus d’une dizaine années. Il affirme prendre bien soin de sa famille grâce aux revenus de ses travaux. Franchement pour vous dire, je donne à manger et envoie mes 3 enfants à l’école grâce à cette drôle d activité » nous confie-t-il.
Nombreux sont ceux-là qui comme Patrick font cette pratique avec la complicité des autorités de l’État qui ne font et ne disent rien… La question que nous sommes en droit de nous poser: « l’État Haïtien a-t- il le contrôle de cette activité parallèle à travers la DGI » ?
Enfin, il reste à Patrick et à tous ceux comme lui s’engageant dans cette dangereuse activité, un désastre environnemental, de faire appel à leur sens de citoyenneté ou de civisme, afin de mettre fin, c’est-à-dire, rejeter toute offre relative aux bouchons des égouts.Un danger pour la circulation des automobiles, encore plus pour les piétons.
Dieudonné ST-CYR, Journaliste
stcyr89@yahoo.fr

