Succès de Miss Haiti Univers : Les haïtiens entre « Ego et « Mal être » par Kathleen Desravines

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DITES  » MADE IN Haiti » par Kathleen Desravines

Lundi 30 janvier 2017 ((rezonodwes.com)).- Sans aucun questionnement, nous haïtiens, nous nous retrouvons tous à bord! Et, ce peu importe notre credo et surtout nos réserves.





Pourtant comme le souligne cet ami philosophe,  » Nos échecs tout comme nos succès nous divisent ».Ainsi , le succès remporté par notre compatriote Raquel Pelissier arrivée première dauphine au concours  » Miss Univers 2017″ ouvre cette petite fenêtre et nous permet de mieux lire et appréhender nos contradictions.Frantz Fanon y aurait trouvé à coup sûr un excellent matériau et matière à un autre tome du « complexe du colonisé ».  Car à priori, nous sommes complexés!Alors qu’ une certaine euphorie a gagné bon nombre de nos compatriotes face au succès de la belle haïtienne. Il y a cependant chez beaucoup d’ autres ce mal être,cette retenue, ce traumatisme conscient colonial qui porte certains d’ entre nous à avoir des réactions plutôt mitigées face au symbolisme même de ces concours de beauté.




Et , ce n’ est nullement Pelissier qui est en cause .puisqu’ elle n’ est pas la première haïtienne à y participer .
Son succès peut-être fait remonter des interrogations qu’ on peine nous-mêmes à comprendre.
Il ne s’ agit pas ici de ce vulgaire sentiment de  » jalousie » qu’ on tenterait d’ assimiler à tous ceux là se débattant pour adopter une position. On balance d’un pied à l’ autre.Quoi penser?Et surtout que représente ce succès pour Haiti ? quoi en faire?Pour le colonisé inconscient, « il n’ y a pas de quoi fouetter un chat. Un concours est un concours et notre compatriote nous a représentés plus que dignement. Pour les esprits critiques et les colonisés conscients d’ agir généralement, de se comporter en fonction d’ un schéma tout tracé; C’ est le doute!On est intérieurement déchiré, on ne peut y répondre on ne sait même pas quoi en faire du succès de la belle haïtienne.

S’ il ne fait aucun doute que les efforts de notre  » miss Univers » sont largement appréciés , car Pelissier a eu pour mérite de canaliser l’ attention du monde . ne serait ce que l’ espace de quelques heures sur cette petite nation insulaire connue surtout pour ses tragédies et son instabilité politique chronique, et cela personne ne saurait le lui enlever.;Il n’ en demeure pas moins vrai que beaucoup d’ entre nous se retrouvent avec des réactions contradictoires à la lumière même de ce succès

Ainsi , les positions se traduisent pour la plupart dans un brin d’ intolérance au niveau des médias sociaux, qu’ on pourrait même assimiler à de la méchanceté gratuite. Mais, Il faut de tout pour faire un monde!

Et ce brin d’ opposition teintée de méchanceté peut se lire également comme étant l’ expression d’ un mal être!

Le dilemme même du colonisé!




Aussi sonnes- nous traversés par ces courants contradictoires qui nous portent à nous poser des questions sur la futilité même de ces concours de beauté., cette définition toute occidentale de l’ idéal de beauté qu’ on nous impose:

On a du mal à se reconnaître dans toutes ces candidates longilignes ,sans aucune rondeur ou une once de graisse et aux traits étrangement occidentaux. ( comme des poupées sortant d’ un même moule.). Même notre miss univers, porteuse des couleurs de la première République  » nègre » du monde est de type  » européen  »
.
Le traumatisme colonial!

Outre les spécificités ethniques et culturelles gommées par ce genre de concours oú la culture dominante avale les différences, il y a le stéréotype de la  » poupée » comme éternel féminin , qui ne sied pas bien aux élans égalitaristes de femmes voulant être jugées et jaugées sur l’ ‘ intellect au lieu du plastique
Les réactions féminines, de ce fait n’ ont pas toutes été enthousiastes

Ce type de concours sert en effet de véhicule au maintient de cette beauté  » surfaite »dans laquelle la majorité des femmes ne s’ y retrouve pas, encore moins des hommes noirs attachés aux courbes généreuses , gros seins et fesses rebondies qui leur donnent ce sentiment de confort ( l’ effet oreiller) chez une femme.
Ainsi on ne sait ou et comment situer et nous situer face au succès de Miss Haiti, Raquel Pelissier, s’il flatte notre fierté de compter parmi nous, une belle femme suscitant cette approbation du monde occidental que nous « nègres » n’ avions cessé de travailler pour y parvenir:Il va aussi à l’encontre même d’ un certain combat anti colonialiste

On a un peu peur de l’ acclamer, car par ce faire nous alimenterions ce désir constant de l’ esclave de plaire à son maître.

Le succès de la belle haïtienne nous plonge donc dans un océan de questionnements, d’interrogations, de recherche de soi, et tourmente notre âme de colonisés !

Que faire? Quoi en faire?

Kathleen Desravines

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