Jour J-9. Tête dans le sable et jeu de faux semblant – La porte se referme inexorablement sur la présidence de Jovenel Moïse

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Jovenel Moise un président criminel, doublé d’un corrompu dont le pays n’en avait auparavant connu de pareil, opte pour multiplier les actes criminels avec l’appui de la police, G9, BSAP, ANI, FADH… pour tenter de garder le pouvoir

A neuf jours de la fin de son mandat constitutionnel, il s’enfonce, tête baissée, dans un jeu de faux semblant s’appliquant à donner le change à ses partisans ingénus et aux naïfs de tous bords, en ce qui concerne la date de son départ définitif du Palais national.

New York, vendredi 29 janvier 2021 ((rezonodwes.com))–L’apprenti-dictateur, usurpateur de titre et présumé inculpé dans la dilapidation des fonds de Petro Caribe feint d’ignorer que la porte se referme inexorablement sur sa présidence, une attitude qui risque d’attirer sur lui, sur sa famille et son équipe politique une catastrophe inouïe. Il y a de fortes chances que soient déjà déclenchés les événements avant-coureurs de la débâcle qui s’annonce.

Loin de faire amende honorable et de changer les politiques qu’il a menées quasiment durant son passage au pouvoir, et qui ont attiré sur lui la foudre du pays presqu’entier, le président haïtien a comme lâché tous ses démons sur la République. Au lieu de promouvoir l’apaisement social et politique, en sus de désarmer ses opposants, grâce à des décisions visant à inciter le calme au sein des communautés nationales, en général, le chef de l’État a opté pour multiplier les actes criminels.

En ce sens, il se fait l’imitateur de deux de ses prédécesseurs, Jean-Claude Duvalier et Jean-Bertrand Aristide. Le premier pour avoir commis des représailles sanglantes contre des manifestants demandant la fin de la présidence à vie transformée en dictature meurtrière, sous forme de massacre de lycéens, aux Gonaïves. Le second en donnant dans le fratricide, déclenchant sa vengeance contre Amiot Météyer et d’autres membres de l’organisation populaire des Gonaïves liée à Fanmi Lavalas ayant tourné casaque au prêtre défroqué. Météyer fut assassiné horriblement par les sbires d’Aristide, à la Cité de l’Indépendance. Ces crimes perpétrés par les deux présidents, à deux époques différentes, ne purent assurer pour autant la survie de leurs régimes.

Malgré les multiples condamnations des assassinats, massacres et tueries, ainsi que des enlèvements contre rançon perpétrés par le régime Tèt Kale que formulaient la nation révoltée, au cours des deux dernières années, en plus par la communauté inter-nationale, surtout durant ces deux derniers mois, Jovenel Moïse n’a pas cessé de faire couler le sang des jeunes Haïtiens. Ces « anges exterminateurs», en la personne de policiers dévoyés, ont fait irruption à deux reprises, lundi 25 janvier, aux Gonaïves dans les mêmes quartiers de Raboteau et de Descahos où les agents de Duvalier et d’Aristide avaient, auparavant, semé la mort, respectivement, en novembre 1985 et en septembre 2003.

Cette fois, en effet, deux véhicules blindés dépêchés de Port-au-Prince sont arrivés aux Gonaïves, aux environs d’une heure lundi matin. Les rapports de presse font état de policiers qui s’y trouvaient se mettant à tirer à hauteur d’homme dans toutes les directions. Une nouvelle descente s’est opérée durant la journée du lundi pour continuer le carnage. Le bilan établi relève cinq personnes tuées sur le champ et plusieurs blessées.

Signalons que, dans le cadre de cette répression systématique déclenchée par Jovenel Moïse, avec ses hommes de main, l’ex-sénateur des Nippes Nènèl Cassy a été arrêté, à Miragoâne, sur ordre du chef de l’État, par le commissaire du gouvernement, accompagné du commissaire de police de cette juridiction. Mais le président a été obligé d’ordonner sa mise en liberté, quelques heures plus tard seulement, en raison de fortes pressions exercées sur lui par quasiment tous les secteurs politiques et de la société civile du pays.

Aussi bien que par des hommes et des femmes politiques de pays étrangers. Le message le plus clair qui lui a été adressé concernant le sénateur Cassy est venu des dirigeants politiques du pays unissant leur voix pour protester contre cette monstrueuse décision. Un signe des temps : l’opposition, trop longtemps morcelée, a montré qu’elle était, enfin, décidée de parler d’une seule voix. On en veut pour preuve l’intervention du chef du parti politique Pitit Dessalines, Moïse Jean-Charles, qui a uni sa voix à celles de ses rivaux de l’opposition pour condamner le régime Têt Kale. Presque en même temps, ce même M. Jean-Charles, qui affichait toujours des réserves à l’égard des autres partis et formations politiques de l’opposition, voire qui en prenait même ses distances, a changé de stratégie, dans la lutte contre Jovenel Moïse.

Certes, le dirigeant de Pitit Dessalines s’exprime de la même voix que ses collègues regroupés au sein de l’op position contre l’occupant du Palais national et l’équipe PHTKiste. Pendant trop longtemps, il évitait de se joindre aux initiatives anti-Moïse. Alors que, dans la recherche d’une équipe intérimaire pour assurer l’après-Jovenel Moïse, les entités affiliées au secteur démocratique et populaire et au parti politique Ayiti An Aksyon (AAA) et autres revendiquaient un gouvernement provisoire pour une durée de deux ans, Moïse Jean-Charles, en conflit avec elles, proposait que l’équipe intérimaire en question garde le pouvoir pendant un an.

Au cours du dernier week-end, M. Jean-Charles s’ est embarqué dans le même bateau que ses rivaux politiques, en disant s’ être « plié » devant la décision de la majorité. Une preuve irréfutable de la cohésion trouvée au sein de l’opposition, dont on ne cessait de critiquer l’instabilité et la faiblesse dues aux contradictions qui la traversaient.

La mobilisation mise en train pour demander « la démission immédiate et sans conditions » de Jovenel Moïse, depuis déjà plus de deux ans, a encore trouvé une riche bouffée d’oxygène. De guerre lasse, les parents et élèves d’écoles, ainsi que les amis et alliés sont descendus dans la rue avant-hier, lundi 25 janvier, pour protester contre le kidnapping moyennant rançon. Cette manifestation de dizaines de milliers de personnes, qui ont défilé à Carrefour, à Pétion-Ville, à Tabarre et ailleurs, qui accompagnaient les élèves, se sont aussi présentés devant l’ambassade des États-Unis, dénonçant l’appui dont bénéficie le régime PHTKiste auprès de Washington.

Voilà donc une nouvelle couche d’ opposants lancée dans la campagne anti-Moïse, qui renforce l’effort mis en train pour se défaire de ce président criminel, doublé d’un corrompu dont le pays n’en avait auparavant connu de pareil.

La dernière allure qu’a pris les événements politiques, en Haïti, autorisent certainement à croire que les carottes sont cuites pour Jovenel Moïse. Avec toutes les adhésions qui se sont réunies contre lui, ces derniers jours, il y a fort à parier que les réprobations formulées contre lui, au sein de la communauté internationale, se feront encore plus souvent et plus éloquentes.

Avec les dénonciations dont les échos viennent de toutes les couches de la société haïtienne, il y a de fortes chances que les dénonciations du président haïtien, dont les échos sont charriés dans toutes les manifestations de rues, vont se répercuter avec plus de force sur la scène internationale, au point de renforcer les demandes de justice pour les crimes commis par Jovenel Moïse et son équipe. Ainsi que punition et réparation pour les détournements de fonds publics et les crimes de corruption ayant privé le pays d’immenses ressources pour le développement durable.

Jovenel Moïse et ses proches collaborateurs ont beau mis leur tête dans le sable, mais voilà bien la porte se refermant fatalement sur sa présidence, dont la fin pourrait bien venir avant le 7 février.

Extrait de l’Editorial de Haiti-Observateur
27 janvier – 3 février 2021
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