« Métiers pour les prisonniers », quelle initiative contradictoire!? par Rodrigue Dorvil

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Lundi 16 janvier 2017 [[rezonodwes.com]]– Il paraît de jour en jour difficile dans le pays pour un jeune de se doter d’une profession, comme véritable arme lui permettant de subvenir à ses besoins les plus élémentaires. Non seulement les moyens économiques de pourvoie sont rares mais aussi les possibilités d’emploi sont insignifiantes.




On n’a pas toujours les fortunes exigées par une école de la place pour se payer ce qu’on appelle communément un métier manuel. Malgré l’importance d’une profession dans toute société en quête effective de développement ou de croissance économique, de compétitivité et de productivité, une politique favorisant l’éducation par apprentissage est plus rare que le manger dans notre république. Néanmoins, tout un chacun se veut être universitaire sans aucun respect des exigences liées à cette renommée. Ce qui conduit d’une part à autant d’universitaires médiocres dans notre société et d’autre part aux délinquants.

A l’instar de l’ancien Commissaire du Gouvernement devenu sénateur à la merci de sa lutte contre le phénomène baptisé zokiki, le CG actuel se donne un cheval de bataille, la détention préventive prolongée. D’après sa conception, la surpopulation carcérale est l’un des principaux cancers gangrenant le système judiciaire. L’ancien député de la cité Anacaona ne rate jamais l’occasion de faire mention de ceux qui croupissent dans les prisons de sa juridiction sans avoir la moindre chance d’être entendus par un juge.

En plus, il fait de son mieux pour respecter les droits des prisonniers morts quoiqu’ils n’aient jamais été respectés de leur vivant pour la plupart. Ce qui n’est pas une mauvaise chose à l’heure où l’on parle incessamment de la dignité humaine. On peut avoir de suspicion légitime sur le projet à moyen ou à long terme du Commissaire, mais il est de bon temps d’inhumer les morts malgré leurs statuts de prisonniers. En d’autres termes, ce statut ne peut empêcher la dimension humaine de quiconque.




Ce qui suscite notre curiosité c’est la question de métiers que monsieur le commissaire s’arrange pour doter nos prisonniers. L’idée en soi à notre avis est loin d’être mauvaise malgré les multiples réserves qu’elle provoque. Tenant compte de la mission première de la prison, elle devrait jouer un rôle de réinsertion sociale selon Michel Foucault.

La meilleure façon de réinsérer une personne dans une société,  c’est de la rééduquer ou de la doter d’une profession selon le traitement que nécessite son cas. Une personne inculpée pour une infraction n’ayant aucun lien avec les contingences matérielles de la vie n’a nullement besoin d’un métier en prison.

Et de surcroît, notre préoccupation tourne autour de la situation des citoyens qui acceptent les vicissitudes de la vie sans faire des bêtises mais restent sans profession et/ou sans emploi involontairement. Ils ne se laissent pas emporter par le découragement. Ils acceptent les limites de la loi dans ce pays où l’on ne respecte pas les droits les plus élémentaires.




Cette initiative du CG (qui va certes de concert avec la mission de resocialisation de la prison) voudrait insinuer si on est en quête d’un métier, on est implicitement contraint de se faire coincer avec la garantie de pouvoir y en sortir. Les jeunes ont droit à une profession,  pas seulement les prisonniers Messieurs les responsables. La population carcérale pourra baisser considérablement si chaque individu de notre société est doté d’un outil l’aidant à faire face l’atrocité de cette vie dans un pays qui tend incessamment vers l’adversité…

Pour avoir la possibilité d’être un professionnel en Haïti, il faut être incarcéré. Quel model !!!

 

Rodrigue Dorvil, Juriste/Philosophe

1 COMMENT

  1. Le problème est que des voyous qui devraient se trouver derrière les barreaux, circulent en ville librement comme ministres, commissaires, sénateurs, juges, députés, présidents, protégés d' »autorités ». Ils sont membres et ou chefs de gangs. Nou pa janm divòse ak :  » Gade yon peyi, m fè sa m pito  » a.

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