Rejeté par le peuple, Jovenel Moïse perd sa légitimité

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La commémoration de la Fête de l’Indépendance d’Haïti, le 1er janvier 2021, a permis de constater le rejet définitif de ce citoyen comme chef de l’État.

Editorial de Haïti-Observateur
édition du 6 au 12 janvier 2021

Vendredi 8 janvier 2021 ((rezonodwes.com))–ll paraît évident, depuis déjà plus d’une année, Jovenel Moïse est rejeté par le peuple haïtien dont les maintes manifestations, tout au long de son quinquennat, ne font que réitérer ce verdict. La commémoration de la Fête de l’Indépendance d’Haïti, le 1er janvier 2021, a permis de constater le rejet définitif de ce citoyen comme chef de l’État. Non seulement il lui a été interdit, en cette capacité, de faire le pèlerinage traditionnel, aux Gonaïves, l’opposition a recueilli à sa place les honneurs généralement réservés au premier mandataire du pays.

De toute évidence, M. Moïse n’a plus droit de séjour au Palais national, jusqu’au 7 février prochain, la nation entière ayant décidé, par ce geste, de mettre fin à son mandat.

trop de dérives, le peuple haitien en a marre

En effet, durant deux années consécutives, le chef de l’État s’est vu interdire l’accès à la Cité de l’Indépendance, le privant ainsi des prérogatives réservées à la présidence, à la date du 1er janvier. Les Gonaïviens, avec toute la nation derrière eux, avaient lancé le défi d’entrée du président Moïse dans cette ville, des mois avant la date commémorative de la proclamation de l’Indépendance d’Haïti. M. Moïse avait bien compris la fatalité de cette décision imposée par la force politique d’une nation ayant mare de ses dérives et des actes criminels caractéristiques de ses politiques. Ayant bien compris la légitimité d’un tel défi, le locataire du Palais national, car la décision relative à son déguerpissement ayant été déjà prononcée par les citoyens, il y a, de fait, obtempéré.

Certes, en guise des cérémonies liées au voyage coutumier du président, aux Gonaïves, avec déploie-ment de luxe et de splendeur, le 1erjanvier, il a organisé, à la capitale, le 2 janvier, Jour des Aïeux, ce qu’on pourrait appeler une cérémonie dite «messe basse », soit le dépôt d’une simple offrande florale sur l’Hôtel de la patrie, situé au Champ de Mars, à l’ouest du Palais national.

Ce geste a été posé, lors d’une cérémonie à la va vite, sans qu’il ait même pris le temps de prononcer le discours traditionnel de cette date commémorative. Il voulait s’empresser de vider les lieux, car craignant un affrontement de ses policiers dévoyés avec des hommes armés, dont les attaques sur des caravanes officielles ont fait des morts et des blessés, dans les rangs des policiers, en sus de détrousser ces derniers qui ont été allégés d’une somme d’argent importante qu’ils transportaient, ainsi que de leurs téléphones et de leurs armes de service.

À noter que jamais les événements marquant la commémoration de la Fête de l’Indépendance n’ont été si pauvrement couverts par la presse nationale. Même les organes officiels n’ont fait qu’un reportage partiel de la partie de la cérémonie menée au Palais national.

La brève escale de Jovenel Moïse avec la première dame et leur suite, au MUPANAH, s’est faite avec tant de précipitation qu’on croirait qu’ils se dépêchait afin d’éviter une mauvaise rencontre. Tout compte fait, il semble que, dans le cadre des cérémonies marquant la Fête des Aïeux, le président haïtien se sente en sécurité seulement dans la « forteresse » de la résidence officielle du chef de l’État.

À l’occasion du 217e anniversaire de l’Indépendance d’Haïti, le peuple haïtien a démontré à Jovenel Moïse de quel bois il se chauffe. Nonobstant les menaces de celui-ci de lâcher ses gorilles sur la ville des Gonaïves, il a eu la sagesse de se raviser. Aussi a-t-il laissé la Cité de l’Indépendance aux Gonaïviens et à d’autres communautés nationales qui les ont rejoints pour commémorer l’anniversaire de naissance de la République d’Haïti.

À cet effet, la ville des Gonaïves n’ayant pas été mise financièrement en condition pour célébrer la fête de l’Indépendance, les citoyens s’étaient regroupés derrière les dirigeants de l’opposition, dans le cadre de cette commémoration.

7 février 2021, une date incontournable

En effet, dès 7 heures, le matin du 1er janvier, le président était, comme on s’y attendait, porté absent des Gonaïves. À sa place tout l’état-major de l’opposition anti-Moïse était présent. On remarquait les représentants des membres de « La Table de concertation », le sénateur Youri Latortue, l’ex-maire des Gonaïves, Neil Latortue, ainsi que nombre d’autres membres d’organisations populaires, déposant une gerbe de fleurs à la place d’armes des Gonaïves, avant de participer au Te Deum circonstanciel chanté par l’évêque Yves Marie Péan.

Les opposants en chœur ont réitéré le départ de Jovenel Moïse du Palais national, à la date du 7 février, qu’ils jugent incontournable, tandis que d’autres expriment leur intention de voir ce rendez-vous se réaliser même avant.

La majorité des acteurs politiques font chorus autour du 7 février prochain comme date du départ du président haïtien du pouvoir. Pour eux, toutes les dispositions sont déjà prises pour favoriser un tel événement. Plus de légitimité, sa présence au Palais national n’a plus sa raison d’être.

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