Gonaives, à la veille du 213ème anniversaire de l’ Indépendance d’Haïti
par Claudy Briend Auguste
Gonaives, 31 décembre 2016 [rezonodwes.com].- Ce n’est pas parce que la grande majorité des dirigeants Haïtiens qui se sont succédé au pouvoir, sont passés pour être des insensés que la vie n’a aucun sens d’être vécue chez nous et que le Jour de l’Indépendance ne mérite pas d’être amplement célébré.
Bien au contraire, nous habitons un coin de terre dont nous devons tous, aujourd’hui, être fiers de son riche passé qui est scellé aux Gonaïves le 1er janvier 1804. Samedi soir, parée de toutes ses couleurs, rues propres et éclairées, Place de l’Indépendance réaménagée, Obélisque des Héros bien protégée, stand présidentiel aménagé, intérieur de la Cathédrale du Souvenir bien décoré ; l’An 213 de l’Indépendance ne sera pas passé dimanche inaperçu, contrairement au 1er janvier 2004, avec la commémoration d’un Bicentenaire raté, avec un président souffrant d’un déficit de légitimité..
Néanmoins, les délicieux fruits récoltés de la fameuse « épopée du 18 novembre 1803 », furent uniquement savourés, en trois (3) occasions distinctes, par l’ensemble de la classe politique haïtienne en 213 années combinées depuis la proclamation de notre Indépendance. A la date infâme du 17 octobre 1806, en écartant les 1er janvier 1804, 1805 et 1806, jusqu’à ce jour pour parvenir à ce dimanche 1er janvier 2017, jamais les Haïtiens ne se sont réunis autour du même concept de nation libre et indépendante. Pour assouvir l’appétit de nègres affranchis, la plupart ont hypothéqué le devenir de la nation.
L’exemple va paraître assez clair et net , car on risque de ne voir assister, dimanche matin au Te Deum, qu’une certaine frange d’une classe politique dirigeante et dominante pensant s’approprier à elle seule, la victoire de Vertières.
Alors que le « Premier Janvier » devrait être l’occasion rêvée pour tous les fils et filles de ce pays, de faire taire leur différend pour repenser la notion d’indépendance et de souveraineté. Un mot qui est presqu’ inusité dans notre vocabulaire avec le bruit assourdissant des bottes des descendants de l’armée expéditionnaire de Napoléon.
Comme chaque année, tradition oblige, tout Port-au-Prince débarque dans la Cité de l’Indépendance. Avec le verbe haut et fort, de beaux discours sont débités. Épi pita anyen; avec des vaines promesses qui ne sont jamais suivies d’effet. La ville des Gonaives qui est aujourd’hui le nerf de la République est toujours traitée en parent pauvre. Pourtant, ce n’est pas la présence de ses fils qui manquent dans les grands couloirs décisionnels de l’administration centrale.
En cette année 2016 qui s’achève, le coût de la vie a atteint une proportion inimaginable avec un pouvoir d’achat très réduit dans les ménages qui s’appuient, en grande partie, sur la contribution de la diaspora pour essayer de joindre les deux bouts. Cette insécurité alimentaire oblige ces citadins à s’éloigner de la chose publique causant ainsi un fort taux d’abstention lors des joutes du 20 novembre dernier. Gonaives, cependant, pour une ville à fort taux élevé de population, a le mérite de combattre la criminalité, grâce à une présence active des forces de police.
D’autre part, si la signature d’un protocole d’accord signé en 2015 visant à réactiver le dossier de la cimenterie de La Pierre, il n’en demeure pas moins que les espoirs s’effritent avec le temps mis pour la concrétisation d’un tel projet. Lequel pourrait servir de palliatifs aux nombreux problèmes d’infrastructures dans une ville au taux élevé de chômage. Cependant le Maire Neil Latortue, avec les moyens du bord, a le mérite d`avoir restauré le mausolée de l’Indépendance, le peu qui nous reste de fierté dans un pays où l’oubli prime sur les actes du passé.
En 1903, l’histoire rapporte que le président Nord Alexis eut à dire qu’il donnerait tout au monde pour ne pas rater la célébration du Centenaire de l’Indépendance aux Gonaives, le 1er janvier 1904. Effectivement, il s’y trouva et y laissa ses empreintes pour un demi-siècle. Aujourd’hui, il est fort à parier, pour le Premier Janvier 2017, que le président provisoire Jocelerme Privert en fera autant. Lui qui, selon toute vraisemblance, aura moins de 6 semaines à passer au pouvoir. Si toutefois, il joue franc jeu…
Mais qu’en avions-nous fait depuis lors ?
Et si ce 213ème, célébré aux Gonaives, nous fait reprendre conscience de notre état!
Bonne fête de l’Indépendance à Vous tous !



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