14 novembre 2025
Un état « désétatisé » aux mains d`intérêts mesquins! par Samuel Auhsey JOZIL
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Un état « désétatisé » aux mains d`intérêts mesquins! par Samuel Auhsey JOZIL

Dimanche 1er janvier 2017 [[rezonodwes.com]]– Le mal d’Haïti réside dans la défaillance de l’Etat. Un État qui n’arrive pas à gérer ses ressources, son territoire et prévoir les manques qui pourraient y survenir. Un État incapable de planifier l’espace pour le bonheur de ses fils. En d’autres termes, un Etat « désétatisé », sans projet particulier, sans connaissance de l’état général du pays et sans volonté d’intervenir.




Il n’est qu’à regarder l’étalement urbain qui s’accentue dans la zone de Canaan (quartier précaire situant sur la route Nord créé après le séisme de 2010), morne de l’Hôpital, pour se faire une idée de l’inexistence des autorités étatiques chargées de prendre des mesures liées à la planification spatiale. Ce phénomène engendre dans ces endroits promiscuité, insécurité, absence des services sociaux de base, dégradation humaine liée à l’insalubrité, etc.

À Balanyen, un des quartiers de la Villa Rosa, du Canapé-vert, les maisons sont construites suivant le désir ou la volonté de leur maître. Aucune inspection n’est faite par les autorités municipales de Port-au-Prince. La vie des citoyens ne les intéresse pas. Comment comprendre que la commune-mère, la ville-centre, l’espace de vie du pays n’est pas doté d’un plan d’urbanisme, un schéma d’aménagement communal?

Dans ce quartier, les déchets de certains contribuent à l’édification des taudis d’autres. En ce sens, les « ajoupas » sont construits sur des déchets, sur un sol fait d’alluvions très vulnérable aux aléas géologiques comme : glissement de terrain et éboulement, et irrésistible à la plus faible précipitation. En plus, certaines pratiques rurales comme l’élevage des porcs, le jet des déchets dans des ravins portent à questionner les habitants en ce qui à trait à leur culture citadine ou du moins à la citadinité.




À Balanyen, les lieux de culte se multiplient depuis le séisme 12 janvier. Pourtant cette prolifération, malheureusement, n’entraîne pas une amélioration de l’environnement, un changement de rapport des citoyens avec leur espace. Ces églises, supposées être des agents véhiculant des valeurs civiques, morales, spirituelles, etc., ne semblent pas inculquer à ces gens des éléments liés à l’environnement, à la citoyenneté.

Elles semblent ne pas pressurer et exiger, en tant qu’organe de la société civile, les autorités locales et centrales à répondre à leurs exigences légales et fonctionnelles. À cet effet, il y a lieu de demander quelle est la véritable mission de la multiplication ou de la présence de ces lieux de culte dans ce quartier ?




Si l’Etat Haïtien, aussi centralisé qu’il est, n’est pas en mesure d’assurer un minimum de bien-être, une condition de vie décente, un cadre de vie agréable à la population dans la zone métropolitaine de Port-au-prince, l’espace politique par excellence où se trouve la capitale du pays, qu’en est-il ou que dire de la population rurale, décrite depuis à la fin du 20e siècle par le géographe Ernst Bernadin dans l’Espace rural haïtien comme la catégorie la plus méprisée du pays ?

N’est-il pas une urgence pour le pays d’avoir des dirigeants qui ne sont pas dirigés par leurs intérêts mesquins mais plutôt par l’intérêt général ?

Samuel Auhsey JOZIL
Étudiant en Géographie à l’Université d’État d’Haïti.

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