BâtonnierGate|Autour de l’enquête sur l’assassinat de Me. Dorval : L’expédition de la vidéo à Martine Moise attribuée à Denès Vilpique, un des présumés assassins ; Jovenel Moïse vend la mèche

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les assassins avaient-ils des relations privilégiées avec la première dame ?

En passe d’être remise aux calendes grecques, le dossier sur l’assassinat du bâtonnier de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince, Me Monferrier Dorval, vient de rebondir avec une révélation spectaculaire inattendue, car venant du président de la République. Cette dernière révélation, diffusée en boucle dans la presse nationale et sur les média sociaux, confirme les soupçons allégués qui pesaient sur Martine Moïse, la première dame de la République, originellement accusée d’être de mèche avec les assassins.

Haïti-Observateur
édition du 11 au 17 novembre 2020

de quelle autorité dont est dotée Martine Moïse pour qu’un crime de cette nature lui soit communiqué en premier lieu ?

Jeudi 12 novembre 2020 ((rezonodwes.com))–Lors d’une intervention à Radio Métropole, Jovenel Moïse a révélé que sa femme lui a montré une vidéo dans laquelle est indiquée l’heure exacte à laquelle est mort Me. Dorval, le vendredi 28 août 2020.

Selon les propos du chef de l’État, l’éminent avocat, qui a été assassiné par des hommes de l’entourage de la femme du président haïtien, a rendu l’âme « à 10 heures 13 », ajoutant que sa femme lui a communiqué la vidéo documentant ce crime, deux minutes plus tard, soit à 10 heures 15.

Suite à ces dernières révélations de Jovenel Moïse, sur l’assassinat de Me Dorval, il faut insister, comme cela avait été suggéré auparavant, pour que la première dame soit interrogée par la DCPJ. Car la description du temps du meurtre, telle que rapporté par M. Moïse, paraît en accord avec les faits qui lui sont liés, c’est-à-dire les assassins avaient des relations privilégiées avec la première dame et qu’on reste avec l’impression qu’ils avaient l’obligation de lui rendre compte. Aussi les déclarations faites par le chef de l’État sur Radio Métropole soulèvent-elles une série de questions qui renvoient nécessairement à la première dame.

En effet, de quelle autorité dont est dotée Martine Moïse pour qu’un crime de cette nature lui soit communiqué en premier lieu et qu’elle, à son tour, en fait part au chef de l’État ? Ne serait-il pas juste de dire qu’en expédiant la vidéo exposant le corps sans vie de la victime les assassins se font l’obligation présenter le « rapport » du crime à son commanditaire ?

Autres questions:

Pourquoi cette responsabilité a-t-elle été confiée à la femme du président ?

Est-ce le premier assassinat d’État impliquant la première dame ?

Quant à Jovenel Moïse, en tant que chef d’État, pourquoi a-t-il gardé le silence tandis que les enquêteurs de la DCPJ s’évertuaient à identifier les assassins ?

Étant en possession d’évidence matérielle, n’a-t-il pas commis un crime en optant délibérément pour tenir de telles informations secrètes, sans se soucier le moindrement de faire avancer l’enquête ?

Surtout que, autant qu’on sache, le président et la première dame étaient les seuls détenteurs de cette vidéo. Ils l’ont gardée au secret durant plus de deux mois, preuve que Jovenel Moïse n’ avait aucune intention d’informer les enquêteurs de de ce fait, encore moins Martine Moïse.

Ces dernières déclarations du président haïtien ont l’effet de l’ouverture d’une boite de Pandore, car elles renvoient à des al légations avancées immédiatement après l’assassinat de Monferrier Dorval. D’ailleurs, tout au début de l’ouverture de l’enquête sur ce crime, des hommes appréhendés par la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) étaient assimilés au personnel au service de la première dame. Un des premiers suspects arrêtés par les agents de la DCPJ était Makender Fils-Aimé, alors identifié comme chauffeur de Martine Moïse. On laissait croire qu’il avait été envoyé à Port-Salut, dans le Sud du pays, afin de ramener cette dernière à la capitale lors du phénomène « Pays Lock», l’année dernière.

L’expédition de la vidéo attribuée à Denès Vilpique

Un autre homme appréhendé par la DCPJ, dans le cadre de cette en quête, s’appelle Denès Vilpique, un autre membre de l’équipe d’assassins qui avait pour mission d’exécuter l’avocat. Durant les premiers jours de travail de l’organisme enquêteur, on rap-portait que le téléphone de cet individu était identifié comme ayant eu une conversation avec la première dame, immédiatement après l’assassinat.

Selon les révélations faites alors, cette conversation portait sur la manière dont avait été menée l’opération, qui ne semblait pas répondre parfaitement aux attentes de Martine Moïse. Car celle-ci donnait l’impression de désapprouver le fait que le crime a été commis dans son quartier, à Pèlerin 5, dans les hauteurs de Pétion-Ville.

L’existence de cette vidéo révélée par le président lui-même donne du crédit aux informations publiées dans cet hebdomadaire concernant les conversations téléphoniques que Martine Moïse avait eues avec l’un des assassins, identifié alors comme étant Vilpique, seulement quelques minutes après la consommation du crime.

Jovenel Moise a désormais rendez-vous à La Haye en temps et lieux

Poursuivi par les nombreux actes et décisions criminels qui lui sont reprochés, Jovenel Moïse cherche désespérément à s’accrocher au pouvoir, au-delà de la fin constitutionnelle de son mandat, le février 2021. On ne devrait donc pas s’étonner qu’il tente l’ impossible pour rester au Palais national après cette date. Mais il ne se rend même pas compte que ses chances de prolonger son séjour dans la résidence officielle du chef de l’État sont très minces et que les crimes commis sous son gouvernement, particulièrement l’assassinat de Monferrier Dorval militent terriblement contre lui. Mais ce sont les menaces d’une poursuite judiciaire par-devant le tribunal international de La Haye, en Hollande, qui donne la frousse à Jovenel Moïse. C’est ce que pensent plusieurs hommes de loi internationaux activement engagés dans la campagne visant à rendre justice à leur collègue Monferrier Dorval.

En effet, la communauté juridique des pays mobilisés autour de cet objectif n’a aucune intention de laisser ce crime impuni. Aussi ses représentants ont-ils mené, et mènent encore campagne, pour que triomphe la justice.

Voilà pourquoi des juristes ont adressé une requête auprès du président haïtien l’invitant à investir sa politique et son énergie dans cette campagne. Mais ces hommes de loi internationaux ne sont pas dupes. Au cas où leurs démarches auprès du président haïtien aurait tourné court, ils attendront « patiemment » que se présente l’occasion pour porter leurs requêtes « par-devant une plus haute instance », là où la famille Dorval trouvera justice «infailliblement ».

En tout état de cause, le Premier ministre Joseph Jouthe garde le silence sur le dossier Dorval. D’aucuns se demandent s’il est partie prenante de cette campagne visant à nier justice à la famille de l’illustre disparu. D’ aucuns pensent qu’il s’aligne sur la même position que son patron, dans ce dossier car, homme au franc parler et qui souvent émet ses opinions sans langue de bois, il doit avoir de bonnes raisons de garder le mutisme à ce sujet.

Il est donc aisé de comprendre pourquoi Jovenel Moïse se démène comme un diable dans un bénitier, multipliant les initiatives illégales et anticonstitutionnelles dans le but de faire durer son pouvoir. Mais quoiqu’il puisse dire et faire, personne ne peut lui donner la garantie qu’il survivra à l’ouragan politique qui s’annonce.

L.J
Haïti-Observateur

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