Pour une jeunesse haïtienne sans SIDA: jamais sans préservatif.

0
1033
par Dr Jean Ford G. Figaro
Notre santé est une chose trop bien importante pour la confier aux seuls médecins. Voltaire
Jeudi 1er décembre 2016 (rezonodwes.com).- À l’initiative de plusieurs ministres de la santé à Londres en 1998, la journée mondiale de lute contre le VIH/SIDA a été crée aux fins de souligner l’importance et la gravité de la maladie qui, jusqu’à présent n’a aucune guérison ou vaccin pour son éradication de la planète. Le 1er décembre est l’occasion de commémorer ceux qui nous ont quittés et de sensibiliser la grande population au SIDA et à la pandémie du virus du VIH.
Selon ONU/SIDA, plus de 36.7 millions de personnes vivent avec le virus dans le monde et plus de 78 millions ont été infectées depuis le début de l’épidémie. Cette date revêt une importance particulière pour sensibiliser sur les modes de transmission et les méthodes de prévention. C’est un moment propice de rappeler que la séropositivité d’une personne ne doit pas être sujette à aucune forme de stigmatisation et de discrimination de la société ou des politiques gouvernementales. Il offre aux jeunes l’opportunité de se livrer à une prise de conscience salvatrice et une profonde réflexion sur les pratiques sexuelles non protégées, susceptibles d’avoir de grandes conséquences sur son bien-être et celui de son partenaire.




Depuis quelque temps, l’infection du VIH semble se déplacer du débat médical vers un débat moral, politique et même métaphysique. C’est ce constat que faisait Alice Desclaux en déclarant que ‘’les personnes vivant avec le VIH ont été contaminées parce qu’elles ne respectaient pas leurs normes sociales et morales édictées par leurs textes de références, certaines autorités religieuses affirment la valeur de leurs propres règles, en soutenant que ne pas respecter ces règles a pour conséquence la maladie’’. Ce constat douloureux démontre non seulement les difficultés liées à la compréhension de la maladie, mais aussi met en relief une nouvelle crise de regard et de comportement vis-à-vis du virus et des personnes qui en sont atteintes. L’irruption du VIH dans les champs socioculturel, politique et religieux a mis en échec certaines avancées dans le domaine de la prévention.
De toutes les époques, les hommes comme les femmes, ont cherché à protéger leur appareil génital pour se préserver des grossesses mais aussi de grandes épidémies de syphilis, notamment lorsque Christophe Colomb a ouvert la route des Amériques. Avec le VIH, certaines institutions dont l’église catholique a perdu le sens de la mesure en objectant l’utilisation du préservatif comme moyen de contraception et de prévention du SIDA. Depuis l’encyclique Humanae Vitae du pape Paul VI le 25 juillet 1968, sur le mariage et la régulation des naissances, le condom fait obstacle au développement de la vie humaine. Elle stipulait que c’était « intrinsèquement déshonnête » toute méthode artificielle de régulation des naissances prônée par le néomalthusianisme ou revendiquée par les associations de femmes. Le pape jésuite Benoit XVI avait déclaré le 23 novembre 2010 que la distribution massive de préservatifs n’était pas la solution pour lutter contre le SIDA et pouvait aggraver le problème en favorisant le vagabondage sexuel. Heureusement, son successeur, le pape François interpellé sur le refus de l’église d’accepter le préservatif pour prévenir le SIDA, le souverain pontife avait dénoncé le fondamentalisme religieux dans sa propre congrégation en disant que ‘’ c’est obligatoire de soigner’’. Le religieux a pris une attitude plus conciliante que la doctrine et l’enseignement catholique.
A cet obstacle religieux, il faut aussi ajouter les raisons sexologiques de la non acceptabilité du préservatif considéré comme un frein au plaisir qui rend la pénétration difficile, et qui peut causer des infections vaginales. Dans un pays où le taux de prévalence du VIH est le plus élevé du continent, il est important de soulever l’importance du préservatif.
Tout le monde s’accorde à dire que la prévention doit être au coeur des programmes de lutte contre le sida. Si nous sommes d’accord que l’abstinence sexuelle est l’une des meilleures formes de prévention, il faut reconnaitre cependant, que les jeunes deviennent de plus en plus sexuellement actifs au cours de ces dernières années. Plusieurs spécialistes se sont joints pour avancer l’argumentaire que ‘’l’abstinence n’est pas tout’’. Ils sont tombés d’accord qu’elle doit-être conseillée avec l’usage permanent des préservatifs. Si les préservatifs n’existaient pas, il faudrait les inventer. D’ailleurs, depuis plus de 8 000 ans, l’être humain les utilise et toujours dans le même objectif, se protéger contre les maladies sexuellement transmissibles et les grossesses non désirées. Il n’y a qu’un moyen, et un seul, de se protéger efficacement contre le virus VIH-Sida et les infections sexuellement transmissibles (IST), ce sont les préservatifs. Sans oublier que, c’est aussi un mode de contraception très efficace. Des préservatifs ou condoms, il y en a de toutes les formes et pour tous les goûts. D’abord, il y en a pour les hommes, et d’autres pour les femmes. Pour ce qui est de la taille, vous en trouverez du S, L, au XL. Vous aurez le choix, dans une large gamme, des nervurés, des perlés, des parfumés à la vanille, à la banane, au chocolats. Pour encore plus sensations, il en existe des très fins, d’autres à effet chauffant ou qui prolongent l’excitation sexuelle. Ils sont étudiés pour rendre le plaisir encore plus intense. Enfin, pour les allergiques, il en existe même sans latex. Ces derniers sont fabriqués avec les peaux des moutons. Je dois vous prévenir que ce groupe de préservatifs ne vous protège pas contre le VIH, seulement ils sont utiles comme contraceptifs. Donc, il n’y a pas d’excuses à ne pas en faire usage dans toutes les rencontres sexuelles. Si vous êtes engagé dans une relation stable et vous ne souhaitez plus utiliser des préservatifs, c’est possible, mais avant, vous devez vous assurer qu’aucun de vous n’a d’infection sexuellement transmissible, notamment le VIH. Pour cela, il est important que vous et votre conjoint fassiez un test de dépistage du VIH-sida et des ISTs. Et si vous ne voulez pas d’enfant tout de suite, pensez à la contraception. Le préservatif est la protection la plus simple et la plus fiable contre le VIH-sida et les IST. Avant d’arrêter le préservatif avec son partenaire, il faut faire le test du dépistage du VIH Sida et des infections sexuellement transmissibles.
En Haiti, les jeunes constituent le groupe à risque le plus important. L’âgé des premiers rapports de plus en plus précoces, ce qui aggrave la vulnérabilité de ce groupe d’avantage. D’après la dernière enquête mortalité, morbidité (EMMU-V), les femmes dans la vingtaine sont plus touchées par le VIH. On estime à environ 150.000 personnes qui sont séropositives en Haiti, ce qui représente 55% du nombre de personnes qui vivent avec le VIH /SIDA dans la région caribéenne. Les estimations et projections en matière de VIH en Haïti entre 2010 et 2015, réalisées par le Ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP), dans le cadre du Programme national de lutte contre le sida (PNLS), confirme que, 8 personnes sur 10 ayant été contaminées par le VIH seraient âgées de 15 à 49 ans, avec un pic pour les 30-34 ans constituant plus de 17% de l’ensemble. Le pourcentage de jeunes filles de 15 à 24 porteurs du VIH est trois fois plus élevé que pour les jeunes du même âge. La raison est simple, les femmes couchent avec plus d’hommes âgés.




Les conditions d’existence précaires de la population haïtienne fait augurer un effet domino qui risque d’accroire la pauvreté du pays. Le prochain président devra accompagner les jeunes dans cette bataille contre le Sida. L’une des premières mesures serait de subventionner la vente des produits latex sur le marché. Un gouvernement qui encouragerait une vaste opération de sensibilisation en donnant gratuitement dans les écoles privées comme publiques des condoms. Que le ministère de l’éducation nationale pense à intégrer dans son curriculum des cours de base sur la sexualité. Je rappelle qu’il ne suffit pas d’utiliser mais de bien en utiliser. En cette journée spéciale, ne vous laissez pas vous mener par le gout du danger, la passion du moment ou les effets de l’alcool. Que votre ‘’Kapot ‘’ soit dans votre poche. Apres, vous n’allez pas regretter une grossesse non voulue ou expérimenter une infection sexuelle ou le VIH/SIDA.
L’heure est venue pour les parents de parler sérieusement avec leurs enfants sur le sexe malgré les tabous existant et les traits traditionnels de la société haïtienne. La prévention est une responsabilité individuelle. Une prise de conscience personnelle permettra de mesurer les risques en introduisant dans sa vie, les différentes méthodes de prévention. Si l’abstinence des rapports sexuels, la fidélité ou la stabilité réciproque sont des moyens sûrs pour prévenir la transmission sexuelle du virus VIH, il n’en demeure pas moins important face à la débauche, la promiscuité, le sexe facile et prématuré, de conseiller à tous les jeunes pour freiner la maladie, l’utilisation pérenne et incessante du préservatif. Quand la morale religieuse dépasse ses prérogatives pour confondre l’opinion publique, les professionnels de la santé doivent être à l’avant-garde pour jouer leur rôle fondamental, celui de la prévention. Que vous soyez des homosexuels ou des hétérosexuels, le condom est votre meilleur allié pour une Haiti libre de nouvelles infections de la peste moderne, le Sida.
Dr Jean Ford G. Figaro
Expert des urgences médicales de santé publique.
Jeanfordfigaro@gmail.com

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.