»La mort n’est pas le seul risque auquel les journalistes sont exposés : les attaques contre la presse peuvent prendre la forme de menaces, d’enlèvements, d’arrestations, d’emprisonnements ou de harcèlement – hors ligne et en ligne », a déclaré la directrice de l’UNESCO tout en rappelant la position unique et déterminante des journalistes qui leur permet, selon les termes du Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, de « dire la vérité aux puissants »
Mardi 3 novembre 2020 ((rezonodwes.com))–
Message de Mme Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, à l’occasion de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes
L’un des rôles les plus importants des journalistes consiste à mettre la vérité en lumière. Cela suppose d’identifier, de compiler et de vérifier les faits, puis de rendre compte avec exactitude de leur signification. Cela place les journalistes dans une position unique et déterminante qui leur permet, selon les termes du Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, de « dire la vérité aux puissants ».
Cependant, pour trop de journalistes, dire la vérité a un prix. Vérité et pouvoir ne vont pas toujours de pair – entre 2010 et 2019, près de 900 journalistes ont été tués dans l’exercice de leur métier, dont plus de 150 au cours des deux dernières années. Beaucoup ont perdu la vie en couvrant des conflits, mais beaucoup plus encore sont tués en dehors des situations de conflit, pour avoir enquêté sur des affaires de corruption, de trafic, de malversations politiques, de violations des droits de l’homme ou d’atteintes à l’environnement.
La mort n’est pas le seul risque auquel les journalistes sont exposés : les attaques contre la presse peuvent prendre la forme de menaces, d’enlèvements, d’arrestations, d’emprisonnements ou de harcèlement – hors ligne et en ligne, et ciblant les femmes en particulier. S’il est quelque peu réconfortant de constater que le nombre de journalistes tués en 2019 a atteint son plus bas niveau depuis une décennie, ces attaques d’un autre genre progressent à un rythme alarmant, et la crise de la COVID-19 a fait apparaître de nouveaux risques pour les professionnels des médias dans le monde entier.
Nous pouvons et nous devons faire davantage. Dans sept cas sur huit, les auteurs de ces crimes restent impunis. Les journalistes sont indispensables pour garantir le droit fondamental à la liberté d’expression énoncé à l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Lorsque des journalistes sont attaqués en toute impunité, il y a une défaillance des systèmes judiciaire et de sécurité pour tous.
Les États ont donc l’obligation de protéger les journalistes et de veiller à ce que les auteurs de crimes à leur égard soient tenus responsables. Les juges et les procureurs, en particulier, ont un rôle important à jouer pour promouvoir des procédures pénales rapides et efficaces. À cette fin, l’UNESCO a formé près de 17 000 acteurs judiciaires ces dernières années, notamment sur les questions d’impunité, et met actuellement au point des principes directeurs en partenariat avec l’Association internationale des procureurs et poursuivants pour aider les procureurs à enquêter sur les crimes et les attaques contre des journalistes.
Pour sensibiliser l’opinion et soutenir ces actions, l’UNESCO célèbre chaque année, le 2 novembre, la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes. Cette année, notre campagne #EndImpunity met en exergue certains des risques spécifiques auxquels les journalistes sont confrontés dans leur quête de la vérité. En ce jour, j’appelle tout le monde à se joindre à cette campagne, ainsi que tous les États membres et les organisations internationales et non gouvernementales à unir leurs forces pour garantir la sécurité des journalistes et en finir avec l’impunité.
Ce n’est qu’en enquêtant et en engageant des poursuites pour les crimes commis contre les professionnels des médias que nous pourrons garantir l’accès à l’information et la liberté d’expression. Ce n’est qu’en disant la vérité aux puissants que nous pourrons faire progresser la paix, la justice et le développement durable dans nos sociétés.