Port-au-Prince, jeudi 24 novembre 2016 (rezonodwes).- A quelques heures de la publication des résultats préliminaires de la présidentielle du 20 novembre, les Haïtiens se retrouvent une fois de plus dans l`angoisse et craignent une éruption de violence dans les rues des principales villes du pays.
Les deux camps politiques les plus bruyants, Lavalas et Tèt Kale, ont déjà annoncé les couleurs dans leurs déclarations, les unes plus musclées que les autres, promettant de ne pas renoncer à leurs ambitions de conquérir à tout prix la présidence haïtienne.
Les Lavalas jurent par tous les dieux que le vote de leur candidate Maryse Narcisse ne sera pas volé impunément. D`ailleurs, ils ont déjà foulé le macadam à maintes reprises au grand dam des notes de rappel des principales autorités en charge des élections et de la sécurité publique.
Les Tèt Kale, qui ont brièvement fêté leur victoire le 20 novembre, ont commencé à maugréer dès l`annonce que des centaines de procès-verbaux favorables à leur candidat Jovenel Moise ont été écartés par les responsables du Centre de Tabulation des Votes et que des représentants d`autres partis adverses déploient des efforts considérables pour pousser les techniciens à en faire de même pour un fort pourcentage d`autres.
Le secteur tèt kale, qui évolue à la fois au sein du gouvernement et dans l`opposition, joue comme d`habitude sur plusieurs tableaux. Des militants, sous le leadership de Rosemond Jean (ex-Conasovic), font de véritables déclarations de guerre en annonçant qu`ils iront affronter les lavalassiens sur le béton afin de les mettre en déroute, d`autres fer de lance comme l`ex PM KPlim ou Me Reynold Georges appellent à la mobilisation avec un langage codé, alors que les plus fins stratèges comme Lubérice ou Doré temporisent pour les besoins de la cause.
Entre-temps, les commentaires fusent de toutes parts et se contredisent l`un l`autre. Tantôt, on parle de « Yon sèl Kout kle », tantôt de « Yon sèl kout pye ». Pour d`autres, un second tour est inévitable, et le match programmé par le défunt CEP de Pierre Louis Opont serait l`essence du film qui pourrait s`afficher au local du CEP actuel.
Mais, dans le fouillis des faits recueillis, les deux parties semblent s`accorder que de nombreuses irrégularités ont été décelées dans les procès-verbaux acheminés au Centre de Tabulation des Votes. Par contre, les conclusions sont différentes. Les Tet Kale trouvent impensables de faire payer leur candidat en mettant de côté les PVs incriminés, alors que les autres comme les Pitit Dessalines, les Lavalassiens et les tenants de Lapeh sont pour l`application stricte des règles du manuel de procédures du CTV.
Les membres du Conseil Électoral se retrouvent donc dans leurs petits souliers et ne savent plus que faire, coincés entre l`enclume des Tet Kale et le marteau des Lavalassiens.
Et c`est là où le bât blesse!

