Capital humain et pouvoir de négociation

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Jeudi 15 octobre 2020 ((rezonodwes.com))– En référence à l’indice du capital humain, un Haïtien risque en moyenne une perte de 45% de son potentiel de production (Banque mondiale, 2019).

Dis-moi ton niveau de capital humain et je te dis ton pouvoir de négociation. Le capital humain est perçu dans les aptitudes, les talents, les qualifications et les expériences accumulées par une personne qui lui permettent de se positionner sur l’échiquier de la compétitivité nationale et internationale.

Aujourd’hui, le concept de capital humain s’étend tout aussi bien à un pays. D’ailleurs, depuis deux ans la Banque mondiale entreprend de mesurer le niveau de capital humain des nations de la planète. Les poids de la santé et de l’éducation à la productivité des générations futures, sont les principaux paramètres évalués dans cet indice composite.
L’institution internationale conçoit encore au cours de l’ère covidique un projet pour le capital humain qui vise à intensifier et à améliorer les investissements dans la perspective de soutenir la croissance économique tout en assurant l’équité.

Rappelons aussi que c’est à la lumière de cet indicateur que la Finlande, le Singapour, la Corée du Sud et le Taïwan figurent parmi les pays les plus compétitifs ; alors que le Niger, le Tchad, le Soudan et Haïti occupent, sans surprise, la queue du peloton.
C’est aussi au regard de l’indice du capital humain qu’il a été établi qu’un Haïtien évoluant en Haïti perd en moyenne 45% de son potentiel de production .En effet, un niveau précaire de capital humain entraîne un faible pouvoir de négociation, hypothéquant ainsi l’atteinte d’un équilibre social viable ; cet idéal étant greffé sur des processus de coordinations efficaces.

De par le lien consubstantiel du savoir avec l’information, on peut arguer que le capital humain, facteur crucial en Recherche et Développement (R&D), est fortement associé avec la capacité et la facilité avec lesquelles les sociétés produisent des informations utiles à des prises de décisions rationnelles.

Une quête incessante depuis des siècles passés
Depuis la nuit des temps, la production ou la détection de l’information jouaient un rôle crucial dans la popularité politique, dans la conquête de la liberté, l’acquisition de territoires voisins, le maintien au pouvoir, etc. En l’absence de philosophes et de scientifiques détenteurs de la mission de cogiter pour cerner les intenses dynamiques cosmiques, économiques et diplomatiques, les magiciens, les devins et les prophètes occupaient des places prépondérantes dans le cœur des décisions émanant du creuset de la royauté et de la papauté. L’assise et la longévité des empires et dynasties centenaires et millénaires, à l’instar des Pharaons d’Egypte, des Capétiens de la France ou des Zhou de la Chine, se nourrissaient d’informations pertinentes à partir desquelles les dirigeants prenaient leurs décisions.

Plus qu’autrefois, aujourd’hui, les vertus de l’information opportune et de qualité ne sont plus à démontrer particulièrement avec la domination de l’intelligence artificielle qui façonne tous les contours de l’ère moderne. Les activités spatiales, terrestres et dans les océans sont robotisées au cours de ce règne de la dictature du numérique. La complexité devient simplicité à travers des codifications synchronisées qui n’exigent que des références digitales ou vocales. Les métiers s’exercent en sollicitant très peu les outils perceptibles à l’œil.

De ce constat, s’il n’en était besoin d’une appréciation ou d’une dernière touche humaine, il ne serait pas nécessaire d’être médecin pour réaliser une intervention chirurgicale; ou un aviateur pour piloter un Boeing.

La technologie naît, respire et se renforce via des informations précises qui en constituent l’ingrédient vital. La modernité est atteinte par le truchement d’une exploitation efficace et à outrance des informations dont disposent les acteurs.

Que la référence soit le passé lointain, le présent ou le futur, l’information s’érige en maître-mot dans la gouvernance avisée de la cité. Devrait-on ainsi se soucier de sa production et de sa dissémination quand de toute évidence on projette de maintenir une place assurée dans l’arène de la compétitivité mondiale.

La formation et la conscience font bouger les lignes dans l’intérêt de la collectivité
Il va de soi que le savoir représente un corolaire sinon le moteur de la production de l’information estimée comme une richesse intangible incontournable dans le domaine de la recherche et du développement. De ce postulat, il y a une grande nécessité pour que les ressources humaines qualifiées dans divers secteurs soient mobilisées en vue de produire, évaluer et actualiser les informations à mettre à la disposition des décideurs pour mieux défendre les intérêts de la collectivité.

Cette plaidoirie pro-compétitivité rentre dans un corpus d’amélioration du capital humain qui requiert pour sa part leadership et volonté politique devant se refléter en des investissements massifs dans la formation à tous les cycles, particulièrement aux filières universitaires et professionnelles. Constat faisant unanimité dans les champs et paradigmes du développement, un pays qui se veut compétitif devrait s’atteler à construire et à compter sur un capital humain solide.

C’est en prenant conscience de la causalité positive entre ressources humaines compétitives et développement soutenable que les tigres asiatiques ont emprunté le sentier de la croissance pour devenir au cours de la décennie 90 des économies émergentes. La Chine, le Brésil, le Chili, l’Inde et plus récemment le Rwanda et l’Afrique du Sud ont insufflé des énergies plus productives à leurs économies en misant sur la formation d’un meilleur capital humain, notamment dans les secteurs de la technologie.

L’Inde a été jusqu’à initier une « technologie frugale » basée sur de faibles salaires afin d’attirer les emplois massifs dans le secteur. Si un ingénieur dans le secteur technologique coûte en moyenne 94 mille dollars annuels aux technopoles , pour le même service, les industries de la Sillicon Valley y déboursent via l’outsourcing seulement 14 mille dollars à un ingénieur indien et seulement 7.5 mille à un Philippin.

Malheureusement, en dépit des cadres théoriques et des expériences empiriques étalant la relation directe entre les capacités cognitives et l’atteinte de meilleurs standards de vie pour les populations, une palanquée de dirigeants, de peu de niveau académique, continuent de saper les bases du décollage économique et de l’assise sociale en excluant le savoir et le savoir-faire dans les fonctions et les prises de décisions régaliennes. Dans les cas les plus pessimistes, on y a même noté des persécutions de l’intelligence académique et de la probité intellectuelle souvent contraintes de fuir à destination d’autres cieux jugés plus cléments et incitatifs à la matière grise, avant que les persécutions ne se transforment en exécutions.

Haïti constitue un prototype de ce tableau caricatural d’une fuite massive de cerveaux vers des pays étrangers en raison d’une épistémophobie spectaculaire qui a été inaugurée au cours de la dernière décennie estampée du sceau d’une médiocratie rancie couplée d’un sadisme ineffable. Le bâtonnier Dorval, l’étudiant Saint-Hilaire, les ingénieurs Lhérisson, le banquier Belamy, en sont un échantillon représentatif d’une longue liste de l’intelligentsia construite dans le sacrifice, mais victime d’un projet de conspiration d’assassinat des beaux esprits.

De l’autre côté, les bandits « Wanted » G9 et Alliés, sous le regard impuissant de la force de l’ordre, sous les yeux des officiels et des institutions de l’internationale, se confortent et se renforcent dans un étonnant projet de fédération officielle. Ces escadrons de la mort décident de qui peut prendre la rue ou rester à la maison. Hier, ils assaisonnaient le terrain de menaces dans les expressions « Mayen Youn, Manyen Tout ». De cet impair social résultant d’une absence sinon de la connivence des autorités sans aucune notoriété, du mauvais air se diffuse au Belair pour expulser la population naïve de son espace vital déjà invivable.

Aujourd’hui, ces détraqués protégés du pouvoir vivement recherchés par la justice, pimentent la Capitale en promettant de porter leurs vestes de « Bien kontre » face aux « Bien Jwenn » révoltés contre les conditions miséréré qui leur sont infligées par un régime insouciant. Les gangs sont fédérés, les familles désagrégées, les institutions badigeonnées, la cité délabrée, avilie et pourrie. Merci aux « Bandi Legal » !

Dieu merci que s’achève cette décennie d’ineptie et de gouvernance mazette pour sortir de ce contexte d’insécurité, de parasité et de chaos ! L’heure est grave ; et elle nous interpelle tous et toutes. C’est le moment de se rendre à l’évidence « quand la politique ne veut pas, l’économie n’y peut rien ». Ne nous fuyons plus de nos responsabilités face aux enfants, à la jeunesse et aux générations futures. L’histoire politique récente nous a appris la leçon salutaire que l’atteinte du bien-être collectif requiert que la science et la conscience doivent s’y engager. Ce n’est même pas un sacrifice, mais un devoir. Dès la transition, que les beaux esprits et les cœurs humains fassent le geste d’engagement citoyen de servir dignement le pays.

Des gangs ont pullulé, des armes et des munitions ont été distribuées par les officiels démentiels pour assurer leur maintien acrobatique à la bulle officielle, soit leur unique espace vital. Il faut à la transition des ressources humaines aux colonnes vertébrales idoines, munies de tonnes d’éponge pour nettoyer les écuries d’Augias dans l’optique de ramener un climat serein et d’enclencher le procès Petrocaribe, prérequis à des élections honnêtes et crédibles. Ce ne sont pas des incompétents ni des gens qui aiment l’argent facile qui accompliront de tels projets.

Puissent le courage, la compétence et l’intégrité sortir de leur léthargie pour redresser la barque en péril. Ainsi, des signaux crédibles seront lancés pour rappeler que bonne gouvernance rime avec probité, loyauté et excellence qui constitueront les critères sur lesquels le peuple jaugera désormais avec des yeux de lynx qui prendront les rênes du pouvoir.

Un dirigeant doit être un bon interlocuteur
Déduction classique en théorie des jeux, quand les acteurs sont détenteurs d’informations inadéquates, ils ne peuvent pas se positionner de manière stratégique sur les tables de négociation. Faiblesse des dirigeants et de leurs collaborateurs, déficits de leadership, absence de visions, manque de formation, incapacité cognitive et déficience émotionnelle sont autant de paramètres, susceptibles de tirer le capital humain vers le bas. Ce qui peut donc handicaper la compréhension et l’accessibilité à des données décisives sur lesquelles devraient s’appuyer, dans l’intérêt du bien-être collectif, les plannings des interlocuteurs politiques.

Sur un angle macroéconomique, on déduit que les Etats faibles pris en otage par la gouvernance mazette – dépouillés de leurs cadres formés aptes à mener des recherches en des secteurs porteurs pour découvrir les ressources naturelles, les évaluer et proposer des méthodes de leurs exploitations par des stratégies de négociation gagnant-gagnant – sont toujours les dindons des farces occidentales.

A titre d’exemple, les Ivoiriens n’y voient rien dans l’exploitation abusive de leurs cacaos ; et le peuple du Congo est traité de con dans ses ressources minières du cobalt qui alimentent les grandes multinationales du monde. Par contre, Paul Kagame a mis de l’ordre dans les échecs de coordination entre les organisations internationales et les ONG œuvrant au Rwanda pour écrire de nouvelles pages d’histoire au profit de toute une société victime d’un génocide sanglant.

En absence de leaders politiques avisés et d’un capital humain suffisant, les jeux et enjeux économiques sont viciés par des stratégies dominantes des partenaires détenteurs d’informations précises à un niveau vertical qu’ils ne dévoileraient pas.
Dans la plupart des pays sous-développés, l’asymétrie de l’information – qui découle en raison du manque de savoir des acteurs internes à déceler la valeur de leurs dotations – engendre des ententes maladroites et biaisées au détriment des couches les plus nécessiteuses. C’est sans conteste à cause des manipulateurs et des marionnettes politiques qui faussent le côté loyal des négociations que de nombreux pays peinent après plusieurs décennies d’indépendance à sortir la tête de l’eau.

De ce triste constat, ne devrait-on pas se demander incessamment – malgré les multiples coopérations entreprises sous l’égide d’une multitude d’ONG et d’organisations internationales depuis plus d’un demi-siècle pour la plupart – pourquoi Haïti n’arrive pas à respirer à pleins poumons après un bicentenaire de rupture avec l’esclavage. De surcroit, certaines études crédibles , relatées par La Concertation pour Haïti (CPH), ont révélé que cet espace historique au cœur de la Caraïbe est truffé de richesses naturelles qui feraient de lui un point d’attraction pour les prédateurs de l’occident.

« Unfairness » et hypocrisie internationale
Les critiques de l’assistance Nord-Sud et de l’aide au développement, à l’instar de William Easterly , enclins à révéler le visage factice des programmes de coopération, auraient-ils raison de véhiculer que le mobile réel des acteurs étrangers consiste à ne défendre que leurs propres intérêts. A l’image du Colbertisme qui préconisait « Tout par et pour la Métropole » ou la fameuse idéologie de Monroe « l’Amérique aux Américains », serait-ce vrai que les nations dites modernes n’ont à l’esprit que des incitations personnelles, quitte à ce qu’elles se déshumanisent en créant à dessein des guerres civiles et des troubles politiques pour pouvoir assouvir leur soif egocentrique ?

Tant pour la génération actuelle que pour celles en gestation qui devra assurer l’équilibre cosmique du siècle futur, on serait heureux de savoir que la décision relative à l’hypothèse nulle « les ambassades et les coopérations ne sont pas sadiques » souffrirait de ce que les économètres appellent une erreur de seconde espèce. Malheureusement, les maniguettes, les ingérences, les menaces, les connivences louches, les implications dans les élections frauduleuses et les supports des faux-amis de l’international aux projets dictatoriaux entrepris par des dirigeants démentiels qui se voient comme de petits faux-dieux, laissent présager que l’hypothèse nulle est bel et bien vérifiée.

Constitution violée au grand jour ; invasions barbares dans les institutions de vigie comme à la Cour des Comptes; menaces présidentielles d’accidents et de décapitations aux antagonistes à son pouvoir des ténèbres, inculte et cupide ; crimes d’Etat en série et en parallèle sur des enfants, des étudiants, des professionnels, des hommes et des femmes qui se sont construits un capital humain enviable. Pourtant les ambassades et les organisations internationales ne sont pas choquées.

Des sommités sont assassinées, des professeurs et étudiants persécutés, exécutés, des cadres humiliés, le mauvais air envahit le Belair, les familles sont déguerpies par des bandits « wanted », vivement recherchés par la justice. Par contre, aucun support ni aucune note de sympathie au peuple victime qui n’en peut plus avec cette médiocratie rancie. Parallèlement, ces institutions internationales qui prétendent être des amies d’Haïti confortent vigoureusement un régime pourri jusqu’aux os dans ses dérives massives d’usurpation, de dilapidation et maintenant d’élections Dermalog frauduleuses avant la lettre.

Comme Diogène, nos lampes sont allumées en plein jour et en pleine nuit ; toujours sans succès, nous continuons de fouiller dans les encyclopédies et répertoires politiques pour déceler la cohérence entre les discours de promotion de la démocratie et les positions sans gêne de promotion de la dictature et de la gouvernance abracadabrante au sein des nations dites partenaires.

Tous ces tralalas et blablabla de l’Occident de mauvaises dents visant l’objectif d’un bon débarras de la compétence et de la décence de son terrain d’origine, se manifesterait clairement par l’agenda egocentrique de tout rafler dans la facilité. D’autant que les « J’approuve » aux mains souillées dans les crimes multiformes, installés comme des amusements au timon des sphères stratégiques de la république, n’ont aucune capacité ni aucune volonté d’y objecter.

L’aveuglement de l’interlocuteur local profite aux faux-amis de l’international
Dans un discours tautologique, rappelons que de leurs lieux géopolitiques stratégiques, côtoyant Stanford, Berkeley, MIT, la Nasa,…, les patrons des multinationales ont un accès privilégié à des bases de données cartographiques géo-référencées. Ce qui leur permet de développer des capacités techniques pour identifier et exploiter intelligemment les ressources naturelles du globe. Ils siègent dès lors en des positions dominatrices par rapport aux petits dirigeants qui ne disposent d’informations clés, ni ne dégagent aucune vision durable pour leurs populations.

A l’instar de certains pays kwashiorkors de l’Afrique, principaux fournisseurs des matières premières qui enrichissent les multinationales occidentales, Haïti serait aussi dans l’œil du cyclone de l’exploitation abusive pilotée par des anciens présidents, représentants, plénipotentiaires, artistes et figures politiques internationales qui y feraient office d’intermédiaire sinon de bénéficiaires directs. A titre d’illustration, pourquoi les Clinton et de nombreuses autres familles présidentielles seraient-ils si attirés par cette portion de terre de 27 750 km carrés que beaucoup d’autres qualifient à tort de maudite ?

Les scandales politiques provoqués semblent s’inscrire dans un processus volontaire d’amorcer voire d’amplifier un complexe d’autoflagellation par les propres fils et filles dignes et compétents, devenus des fugitifs malgré eux, qui auraient pu tenir allumé le flambeau de la création de la richesse et de la croissance inclusive. Nous avions l’impression et aujourd’hui quasiment la confirmation qu’il y a une politique en soubassement qui voudrait que l’Haïtien soit en transit dans son propre pays.

La dernière mouvance de la migration sauvage au cours des cinq dernières années vers l’Amérique Latine, notamment le Chili et le Brésil, rendant plus exsangues les forces vives de la nation, tend à confirmer cette choquante hypothèse.

Comme un corps dépourvu de reins, le pays est vidé de sa jeunesse. N’y vivent indécemment que les plus démunis, incapables de se procurer un passeport et une élite crasseuse et racketteuse qui fait ses beurres dans la politique sale et la contrebande dans la rente du commerce d’achat et de revente financée par la généreuse diaspora.

Fuite de l’intelligence et de l’énergie positive
Plus de 82% des cadres formés ne résident pas au pays, selon la Banque Mondiale ; pour cause, la classe moyenne n’y existe presque plus. Le peu de techniciens et de cadres qui offrent leurs services dans l’Administration Publique, dans les ONG et les OI, sont tout bonnement des passagers clandestins, dans la solitude familiale, pour la plupart dotés d’un papier de résidence des Etats-Unis ou du Canada. Le froid et surtout l’inconfort du boulot au pays étranger en inadéquation avec leur compétence, sont les principales raisons évoquées pour étayer la thèse de la désagrégation familiale « compensée » par des visites semestrielles et des transferts d’argent vers l’Occident pour la scolarité de leurs enfants exposés à la « monoparentalité » de fait.

Par ces temps de médiocrité extrême couplée d’une insécurité « innovante » où la compétence est particulièrement ciblée, malheureusement il est à espérer que la fuite de cerveau va encore s’amplifier. L’arbitrage entre la distance familiale et le soi-disant confort derrière un bureau public ou dans un projet d’une Organisation internationale paraît moins évident ces derniers temps. Triste tableau certes ; mais, de deux maux dit-on, il faut en choisir le moindre.

Si rien n’est fait dans le meilleur délai pour débarrasser le pays de cette gouvernance médiocratique, les professionnels haïtiens bien formés, détenteurs de licence et de maîtrise au bercail et à des universités étrangères, vont gonfler les statistiques du chômage d’inadéquation dans les pays industrialisés.

Le pouvoir régalien, entre les mains de bandits officiels, étant converti en pouvoir de perturbation, l’avenir devient de plus en plus sombre. Le capital humain, déjà trop faible, peut encore encaisser un nouveau coup dur par rapport à ce contexte politique incertain qui se dessine à l’horizon.Des ingénieurs, informaticiens, agronomes, des centaines d’infirmières et de médecins Haïtiens formés à Cuba, mais expatriés pour plutôt offrir leurs services sous des cieux plus cléments.

Plusieurs boursiers, diplômés des universités en Europe, en Amérique et aussi en Asie avec la mouvance des coopérations Taiwanaises ; mais pas nécessairement au profit d’Haïti. Les plus loyaux y retournent pour « purger leur peine » de deux ans ou de trois ans de service au pays selon le contrat signé. Certains n’y ont même pas transité avant de s’installer au Québec avec leurs petites familles, juste à l’issue de leur programme de formation.

Sciences sociales, sociologie, sciences de la santé, sciences du développement, statistique, philosophie, génies, informatique, économie, les Haïtiens ont bénéficié de divers programmes d’excellence dans nombreux domaines. Malheureusement, en plus de la corruption qui les gangrène, les pays pauvres qui se voient gérés par des présidents, ministres et législateurs incompétents et déloyaux, ne sont pas en mesure d’établir les règles du jeu profitable, pour concrétiser des projets de société.

Très peu, sinon aucun agenda concret pour recruter et fidéliser les cerveaux du pays raffinés au sein de ces espaces où se conçoivent les réflexions, idées et projets de politiques publiques au profit des sociétés. La faiblesse du capital humain empêche ainsi de résorber le problème du cercle vicieux des inégalités entre les économies archaïques et celles qualifiées de modernes.

Notre malheur et notre douleur ont trop duré, certes ; mais, ce n’est pas une fatalité. Aucune force maléfique, interne ou externe, ne peut résister face à la volonté populaire de sortir de la bêtise et de la misère.

Aucun pays n’est sorti du gouffre sans qu’il n’ait été imbibé à ses axes stratégiques d’hommes et de femmes au capital humain compétitif. Contrairement à 2005, sous la manipulation de fossoyeurs politiques pour déloyalement forcer les résultats des scrutins dès le premier tour à l’avantage de R. Préval face à L. Manigat, espérons que le peuple saura se jeter cette fois-ci, à la piscine de la lumière pour exiger que la science et la conscience occupent désormais les sièges des institutions clés de la cité.

Carly Dollin
carlydollin@gmail.com

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