CEP | Haïti : La Presse validera t-elle le « coup » de Jovenel contre la Constitution de 1987 ?

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Mercredi 23 septembre 2020 ((rezonodwes.com))– L’apprenti-dictateur Jovenel Moïse n’est pas à son premier coup contre la Constitution de 1987. Les violations de la Constitution d’Haïti par le régime de Jovenel Moïse ne se comptent plus.

On peut noter parmi les plus flagrantes violations de la loi mère d’Haïti:

1- Le blocage du processus électoral devant aboutir à la mise en place des collectivités territoriales à travers un scrutin indirect 

2- La non tenue des élections législatives et municipales dans les délais prévus par la constitution,

3- La nomination du CEP (Conseil Electoral Provisoire) du 22 septembre en totale violation des prescrits de la Constitution de 1987,

4 – L’installation des membres du CEP sans la prestation de serment prévue par la Constitution.

Pour ne citer que celles-la.

La Cour de Cassation, une des institutions les plus importantes du pays prévue par la Constitution, a envoyé un signal fort à l’Administration Moïse/Jouthe en reportant « sine die » la prestation de serment des 9 membres du CEP inconstitutionnel et illégal créé par Jovenel Moïse , ce 22 septembre.

La société civile représentée par les 9 secteurs qui, à travers le CEP de 2016 et un Centre de Tabulation questionnable, ont hissé Jovenel Moïse au plus haut sommet de l’Etat, a certainement son mot à dire.

Cependant la Presse haïtienne en particulier dont le représentant a occupé la Présidence de ce CEP qui a permis à Jovenel Moise, dans le cadre d’une élection contestée, d’occuper la plus haute fonction de l’Etat, ne pourra pas garder silence sur les violations de la Constitution par celui-là même qui est chargé de veiller à sa stricte application.

La Presse,à travers ses différentes associations et représentations aura (devra) donc à prendre position très clairement .

En attendant les notes des associations de propriétaires de média et de journalistes, un éditorial du quotidien haitien donne le ton et pose les bonnes questions.

En effet dans un texte en date du 22 septembre intitulé « Un nouveau Conseil électoral provisoire dans la tourmente », l’éditorialiste du plus grand journal haitien, Le Nouvelliste, se demande :

« Comment le président Jovenel Moïse peut-il prendre sur lui la responsabilité de publier un tel arrêté au moment où la Constitution de 1987 amendée est toujours en vigueur ?
Il est certain, continue t-il, que différents secteurs de la vie nationale expriment la nécessité depuis plusieurs années de doter le pays d’une nouvelle Constitution.

Mais comment doit-on procéder pour parvenir à une telle démarche ? Discrédité par différents secteurs du pays et contesté par des couches de la population, comment Jovenel Moïse pouvait-il prétendre détenir l’autorité morale pour engager une procédure aussi complexe ? , se demande t-il.

Le processus de changement de Constitution survient ordinairement en deux occasions. À la suite d’un mouvement révolutionnaire qui a mis fin à un pouvoir fort, ou lorsqu’un chef d’Etat au pouvoir dispose d’une majorité dans les deux chambres prend la décision de transformer le Parlement en Assemblée constituante. Aucune de ces deux occasions n’est pointée à l’horizon de Jovenel Moïse. Ce faux pas du président de la République va sans doute permettre à l’opposition de rassembler beaucoup plus d’énergies pour lutter contre les velléités autoritaires de ce pouvoir, conclut-il.

L’Editorialiste du Nouvelliste, Lemoine Bonneau, fait remarquer dans ce même texte que certaines institutions de la société civile qui n’ont pas l’habitude de prendre position dans les crises politiques commencent déjà à se positionner.

Dans cet ordre d’idée beaucoup se demandent si bientôt on pourra compter parmi ces institutions qui prennent position clairement sur la conjoncture actuelle, des associations de médias telles la ANMH (Association Nationale des Médias Haïtiens), la AMIH (Association des Médias Indépendant Haïtiens) ou la AJH (Association des Journalistes Haitiens) qui ont été trés actives dans la mise en place du CEP qui a hissé Jovenel Moïse à la Présidence d’Haïti .

Un Président qui aujourd’hui après avoir violé systématiquement la constitution sur laquelle il a prêté serment, se propose de la changer en dehors de toutes les normes et de tout consensus.

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