Dimanche 6 septembre 2020 ((rezonodwes.com))–Bizarre ! En l’espace de quelques jours, la gourde a déclenché des hostilités acharnées face au billet vert, pour tendre brusquement vers des « faux taux » allergéniques, instables à la minute. Ce conflit des coriaces taux-hauts perdant la tête aux vagues agitées des bas-taux qui s’écroulent quotidiennement, défierait les théories économiques classiques. Autant fouiller dans le secret des faux-dieux pour déceler la lumière ténébreuse dans ce gouvernail du bateau financier déraillé, en turbulence schizophrénique.
Source : BRH Conception graphique : BEST & Orientation
Depuis l’incendie perfide, attisé en de lourdes sanctions « bancales » de la Banque Centrale, qui hypothèque les secrets intrinsèques qui règnent au sein des grosses pointures du système bancaire «vicieux», les drôles de reflexe et positions perplexes s’amplifient dans un contexte d’enchère inversée en des bas-taux surprenants affichés sur les plateformes complexes des banques commerciales. Tel que l’exhibe la figure 1, la dégringolade inexplicable des taux paranoïaques coïncide exactement avec l’annonce de la censure de la Banque Centrale contre la Unibank et la Capital Bank, soit après le 28 aout 2020.
La petite famille de moins d’une dizaine de banques commerciales de la place s’entredéchire en des flèches en zigzag des prix de l’acquisition de la monnaie à l’effigie de Washington. Espérons que ce jeu pervers ne s’alimente pas d’un artifice de «Dumping » où même certains gros morceaux risquent de laisser leur peau. Contrairement à la FED des Etats-Unis, la BRH n’aurait pas les reins de mimer la stratégie efficace du « Too Big to Fail[1] » de la débâcle de la Wall Street en 2008 qui a sauvé « de justesse » le système financier américain.
En des spéculations vacillantes, le dollar se négocie tant dans le secteur informel que formel telles des balles de « pèpè » à la Croix des Bossales. Aucun prix juste ; aucune référence réelle. Tantôt, les cambistes tout comme les entreprises financières refusent d’acheter le billet vert, jouant des mauvais tours, en des détours et prétextes du dessèchement de la gourde dans des caisses verrouillées à triple tour. Tantôt les banques affichent un taux le matin, puis un autre à la mi-journée, avec en outre des spreads injustes spectaculaires. Dans les quatre points cardinaux et les quatre points collatéraux, les cerveaux sont surchauffés à travers les taux qui montent au créneau et qui affectent les réchauds comme des pâtés chauds.
Rumeurs, scandales, cacophonies, chuchotements, ragots, « zen pete », les réseaux sociaux sont enflammés et bombardés de questions sans réponses convaincantes. Les cercles de réflexions animées par les Socrate, Pythagore, Gramsci, Héraclite et les Marx du Champs de Mars en jasent avec vigueur. Par contre, les institutions concernées des deux côtés de la plaque gardent un mutisme sépulcral, violant la rigueur des lois financières qui requièrent la transparence. Le service à la clientèle n’affiche aucune note notoire ni ne raconte aucune histoire inspiratoire aux clients dubitatifs en mode de réflexions aléatoires dans un suspens d’un guet-apens en soubassement. L’université, comme toujours, y voient rouge dans ce fait social interpellateur qui ne l’interpelle guère. Les érudits de la science économique haïtienne fuient les débats ; bouche-bée, les sommités ne peuvent rassurer.
En milieux rural et urbain, on y décèle des experts qui expriment un certain scepticisme d’un retour à une hémorragie exponentielle de la monnaie nationale susceptible d’être planifiée par des manipulateurs véreux d’un certain jeu pervers. Y aura-t-il une mainmise de l’une des entreprises les plus prisées ? En tout cas, il n’est pas clair sur quelle devise on doit mettre la mise pour éviter la crise. La prudence est de mise au cours de cette brise de traîtrise qui semble cacher une explosion volcanique à l’horizon.
En guise de polémiques et de répliques au coup de pique antipathique, toxique et de marteaux reçus dans le dos, les taureaux des banques commerciales mugissent en fustigeant la mesure de la régulatrice d’une grande surprise, de trahison et d’attitude fratricide envers des actrices collaboratrices avec qui elle jouait jadis un jeu biaisé synchronisé. Il parait que le maître du jeu bancaire poker-menteur a dévié de certaines clauses économiques moroses bien closes qu’il a choisies de dévoiler et qui lui vaudraient alors la carotte et le bâton des patrons de ce cercle financier vicié, au contrôle d’un clic doté de l’omnipotence de basculer les données dans le sens qui lui plaît.
N’en déplaisent aux heureux détenteurs et percepteurs du zorèy bourik qui se plaisent dans la chute subite du taux de change, il faut comprendre que ce jeu vilain de yoyo avec les taux inventés de toute pièce par les coyotes verticaux en colère, finira par être défavorable aux plus défavorisés. Principe classique en économie, le consommateur final paie toujours le prix des pots et des coffres forts cassés. N’en rions pas trop comme des « en riant » et des « gwo nanm » ! Y a danger !
De beaux bas-taux et de sombres faux-taux, les explications ne sont pas économiques.
Des économistes avisés auraient pu se demander : y aurait-il une amélioration miraculeuse de la production locale, comme en des dindes tombées du ciel dans une soirée féerique ? Les eaux sales semblent avoir été transformées en vin et les poissons tilapias rachitiques multipliés par des centaines de milliers en des baleines et des dauphins pour assurer la nutrition locale et l’exportation du surplus de la merveille de la veille vers les belles gueules de l’Occident ? Les déficits du compte courant ont-ils été brusquement comblés ? Les fonds du Petrocaribe étaient-ils retournés en liesse aux entités destinatrices pour ainsi huiler le système économique et social ? Y-aurait-il une fuite de capitaux inversée des paradis fiscaux vers les coffres locaux pour embellir les patrimoines nationaux, arroser les carreaux et garnir les tréteaux de nos informels vitaux à notre émergence économique ? Exigeait-on à la diaspora d’expatrier ses épargnes dans les banques occidentales pour les envoyer à nos banques locales ? Les progénitures de Toussaint Louverture étaient-elles tombées au cours de la semaine sur un « jar » de billets verts enterrés probablement lors de l’occupation américaine ? Notons enfin que depuis une décennie, les injections annoncées sont toujours passées en dérision. Les modiques 150 millions de dollars n’ont certainement pas le pouvoir chimiothérapique de traiter ce cancer horrible qui serait à sa phase terminale. L’évolution de l’indice du dollar sur le marché international n’est non plus une explication plausible à ce regain de santé soudain de la devise locale.
Aucune dynamique économique – consécutive à un choc ou une amélioration soudaine de l’un des facteurs consubstantiel à l’appréciation de la monnaie locale – n’a été observée tant au bercail que sur la scène internationale. Qu’ils jettent des regards critiques par des yeux de lynx ou naïfs avec des yeux de poissons frits, les agents économiques ne croient pas leurs yeux dans cette panique astronomique révélatrice d’une crise financière aiguë pointée à l’horizon qui peut leur coûter les yeux de la tête. D’ailleurs, en plus de l’asymétrie de l’information, les gros yeux et les bois durs constatés entre les accapareurs de ce système oligopolistique amplifient la méfiance de la population victime de la malchance d’être dirigée au mauvais port dans une médiocratie rancie par une gouvernance mazette, exubérante dans la disette.
En moins d’une semaine, le dollar qui s’achetait à plus de 122 gourdes, se procure aujourd’hui à 98 gourdes. Sur le marché informel, le taux est encore plus bas. Un véritable record d’un changement de décor d’un billet fort thésaurisé, refusé d’un coup à sommeiller dans les coffres forts.
Clouée au pilori pour avoir failli à sa mission de stabiliser la gourde endolorie par les bastonnades et les soufflettes de la devise américaine, la régulatrice de la rue Pavée a été traitée comme une épave, ternie, dévernie, dégarnie et dans l’agonie. Faisant fi des plaintes et des inquiétudes des clients, l’autorité de la BRH se défie une nouvelle fois.
Aucune explication plausible, sinon comme à la loterie ou aux jeux de hasard hyper onéreux à Las Vegas, la gourde semblerait gagner à une mise dans un loto million. Parallèlement, les lions ni les caméléons ne peuvent s’empresser dans un point de presse de cesser les détresses psychologiques d’une population oppressée et stressée dans une opacité criante.
Faits inédits, du non déjà vu, lu ni entendu dans les publications du FMI, de la Banque Mondiale, des universités ou des « Business School », ce bouleversement monétaire téméraire est un cas d’espèce.
Source : investing.com Conception graphique : BEST & Orientation
Seul l’équilibre vibre vers la dialectique et la pensée libre !
La recherche de la stabilité et de l’harmonie constitue une quête permanente dans tout système œuvré à se pérenniser. C’est à travers les forces antagoniques en présence que cet équilibre tend à s’établir, à travers des valeurs justes.
La figure 2 présente la position moyenne du dollar par rapport à un panier de six monnaies internationales de référence, en vue d’en analyser la valeur. L’indice[2] du dollar accorde un poids de 57.6% à l’euro, 13.6% au yen, 11.9% à la livre, 9.1% au dollar canadien, 4.2% à la couronne suédoise et 3.6% au franc suisse.
Il ressort des deux graphiques que l’indice du dollar a pris de la valeur au cours de la dernière semaine pendant que la gourde prétend s’apprécier au niveau local. En effet, cette analyse comparée peut faire taire des réflexions hâtives qui justifieraient que la bonne santé de la gourde résulte d’une potentielle perte de poids du billet vert.
Si la pénurie constitue un facteur direct pénalisant, surtout pour les consommateurs ; la surproduction l’est tout autant pour les producteurs. Les situations vitales normales sont celles qui reflètent ou du moins qui convergent vers la réalité de l’interaction de l’offre et de la demande, qui est capturée par la notion d’équilibre.
En science sociale, le jargon convergence vers l’équilibre serait plus approprié que celui de l’atteinte de l’équilibre. En effet, l’équilibre envoie à un idéal, imperceptible et inaccessible durablement, mais vers lequel les systèmes tendent à s’approcher en vue de maintenir leur soutenabilité et leur longévité.
De manière typique, les prix auxquels les produits s’échangent ne sont pas, sur un angle mathématique pur, des prix d’équilibre comme on veut le prétend. On ne saurait véritablement le confirmer, car trop de paramètres, tangibles et intangibles, influencent les tronçons du marché. Toutefois, un cahier au prix de 50 gourdes, un versement de 100 gourdes pour un service de mani-pédi ou un véhicule tout-terrain au prix de 60 000 dollars, constitueraient des références sur lesquelles les forces antagoniques du marché s’entendent pour engager des transactions à un moment donné.
La notion d’équilibre apparaît dans divers domaines, dont le médical, le transport ou le social. Par exemple, des relevés physiques affichant des âges et des tailles en dehors du poids idéal, peuvent représenter des déséquilibres corporels interpellateurs. Si un poids insuffisant présente un problème pour un squelette donné, puisqu’il peut traduire un système kwashiorkor et rachitique ; le surpoids l’est tout aussi pour un autre humain susceptible de sombrer dans l’obésité et des maladies cardiovasculaires.
En tant que consommateur, détenteur de gourdes, on aurait aimé voir un taux de change de 5 gourdes, pourquoi pas d’une gourde pour un dollar. Mais, cela ne doit pas s’opérer par une baguette magique, des gymnastiques fictives ou des artifices nourris de facticité sur les facteurs économiques.
Contrairement à l’euphorie exprimée dans une certaine myopie, la chute vertigineuse du taux de change, de cette manière, n’est pas une bonne chose pour l’économie. Déjà d’ailleurs, la méfiance populaire monte d’un cran ; ce qui risque de paniquer le marché de la finance qui fonctionne en dehors des lois du marché.
« Fingers crossed », souhaitons que le pire n’est pas à venir dans ce paysage économique et politique sauvage où ça pue avec des lèche-culs, des cuculs et des cocus politiques avilis et vaincus par des Barbecue!
Carly Dollin
carlydollin@gmail.com
[1] La théorie du «trop gros pour (laisser) échouer» affirme que certaines entreprises, en particulier les institutions financières, sont si grandes et si interconnectées que leur échec serait désastreuse pour le système économique dans son ensemble, et qu’elles doivent donc être soutenues par le gouvernement lorsqu’elles sont confrontées à des risques de banqueroute.
[2] https://www.investing.com/currencies/us-dollar-index