La justice haïtienne est un malade en phase terminale

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Par Raphael Dieuphene Isaac. 

Ce n’est un secret pour personne et pour mes compatriotes en particulier, que la justice haitienne n’a de justice que le nom. Appelons un  chat un chat: La justice haïtienne est un malade en phase terminale. 

A ce stade-ci où l’impunité est généralisée, où les auxiliaires de justice, dans leur quasi totalité, baignent dans la corruption, plus personne ne devrait s’étonner de la délinquance irréversible de la société haïtienne dans son ensemble. Et à mon humble avis, aucune société n’est viable, aucune société ne peut assurer un vivre  ensemble harmonieux, que si en amont, il y a un mécanisme juridique, parfaitement institué, parfaitement agencé pour sanctionner la moindre  atteinte portée aux valeurs protégées par la société. 


En fin observateur des institutions haitiennes, je constate et non sans amertume, que plusieurs paramètres peuvent venir en explication à la déchéance accélérée du système judiciaire haitien. Sans vouloir en dresser la liste, laissez moi m’abstenir de reprendre le grand Aristote qui a eu à dire un jour et je le cite: » La justice existe que quand les hommes sont aussi liés par la loi. »


En totale violation de la loi, le crutement des juges est fait en raison de leurs accointances politiques et non en raison de leurs compétences. Le manque de formations des auxiliaires de justice: juges, greffiers et avocats compris est criant, l’absence de gratifications et de plans de carrière digne de ce nom au bénéfice des fonctionnaires du ministère de la justice et pour finir, la main mise des politiques sur le pouvoir judiciaire sont en autre, les principaux facteurs pouvant venir en explication de l’état moribond dans lequel, se trouve la justice haitienne. Oui, nos politiques ne se sentent plus liés par la loi.


Fort de constat, je peux déclarer que la loi dans notre pays, n’est plus l’expression de la volonté générale sinon, l’expression de la volonté des politiques, des groupes armés et des possédants capables à tout va, de corrompre nos juges, devenus de véritables marchands de justice, vendant la justice au plus offrant.


Une femme enceinte lâchement abattue de plusieurs balles, un bébé tué d’une balle en pleine tête, plusieurs pédophiles pris en flagrant délit dans un hôtel de la capitale et circulez, il n’y a rien à voir, et à la justice haitienne de garder un silence assourdissant. 
Et comment comprendre, plusieurs mois après les premières révélations du Guardian, qu’aucun mise en cause dans ce scandale sexuel sans précédent, n’ait été au moins mis en garde à vue, encore moins en examen.

Comment comprendre également, que Monsieurs Yves Jean-Bart, principal accusé dans cette affaire puisse continuer, en toute impunité, au vue et au su de nos responsables politiques, à diriger via son fils, la fédération haïtienne de football. Mon coeur ne cesse de pleurer en constatant que dans ce pays, ce grand pays, le mien, la parole des victimes d’abus sexuels n’a de la valeur: Aucune!


Mon constat est simple: Depuis les révélations du journal anglais « the Guardian, » la justice haitienne ne fait montre d’aucune volonté de poursuivre les responsables de la fédération haïtienne de football et en premier lieu, Monsieur Yves Jean-Bart. Et à moi de prédire que ce dernier, bien après moi si tel est la volonté du ciel, laissera ici-bas, sans avoir à rendre des comptes à la justice instituée. Et sera-t-il un jour amené à rendre des comptes à la justice divine?Faut-il déjà que Dieu existe, car si tel était le cas, les malfrats qui nous gouvernent ne seraient plus de ce monde.


Si pour des pays comme les Etats-Unis d’Amérique, les crimes sexuels sont les plus sévèrement punis par la justice, en Haiti, l’affaire Yves Jean-Bart vient démontrer et sans aucune possibilité de prétendre le contraire, que le corps de nos femmes, de nos filles et de nos fils ne sont que de vulgaires objets, propriétés des assoiffés sexuels sans foi ni loi.
Je vais, n’en déplaisent à certains continuer à émettre mes opinions personnelles et juridiques sur cette sordide affaire.

Croyant fermement et bien au-delà de mes intérêts personnels, que les responsables doivent rendre des comptes, j’appelle de mes vœux la FIFA à suspendre à vie, tous les dirigeants de la fédération haïtienne de football ayant participé de loin comme de près, aux viols répétés de nos jeunes joueurs.


L’Haiti de nos dirigeants actuels n’est pas la mienne er sans nul doute, elle n’est pas non plus, celle de mes illustres aïeux.Mon Haiti est celle qui fera une juste et bonne application de la loi et ce, que celle-ci accorde des avantages ou qu’elle punisse les comportements déviants.

Vive Haiti et Vive la République. 


Maitre Raphael Dieuphene Isaac.

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